Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
714 595
Membres
1 013 107

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Commentaire de EleaSiorac

À l'est d'Éden


Commentaire ajouté par EleaSiorac 2019-05-11T21:58:04+02:00

« Timshel » : Tu peux (dominer le mal).

Par ce mot unique, et le sens qu'il lui donne ici, Steinbeck résume l'esprit de son oeuvre À l'Est d'Eden.

"Tu Peux".

A travers le destin de ses personnages et l'histoire de son pays, Steinbeck construit donc sa vision du bien et du mal, certes, mais aussi de la vie, de l'amour, de l'humanité, et même de l'Amérique. Une Amérique à la fois sanglante et digne, puritaine et canaille, moderne et réactionnaire, magnifique et sombre… Une Amérique à la fois binaire et complexe donc, qui constitue un cadre parfait pour cette fresque universelle et pourtant si intime.

Sa grande force est d'arriver à construire un récit qui exprime une vraie dualité, plein de symboles plus ou moins transparents et subtils, mais sans, jamais, jamais, le rendre manichéen ou simpliste. Et en faisant preuve d'une sorte d'optimisme réaliste et d'une grande humanité.

Ce qui permet ce tour de force est, je pense, une écriture délicate et nuancée, évidemment, mais surtout l'attachement viscéral et le regard pénétrant de l'écrivain envers tous ses personnages (dont la plupart sont inspirés de sa propre vie. Il est d'ailleurs drôle que l'écrivain joue "son propre rôle" dans cette histoire). Steinbeck rend tous les protagonistes de son histoire profondément humains, c'est à dire forts et vulnérables, et on s'attache à eux aussi, très vite, au fur et à mesure qu'ils grandissent, mûrissent, souffrent et aiment. Ses personnages sont à la fois simples et merveilleusement complexes. Simples au premier abord, aisément reconnaissables et distincts dès les premières esquisses. Mais complexes aussi, parce que (un peu comme dans la "vraie vie" quand on commence à vraiment connaître quelqu'un), leurs portraits se densifient, s'approfondissent, s'épaississent au fil des pages. Steinbeck décrit très exactement les mécanismes intimes qui motivent chaque personnage. Il les dissèque, les analyse, les sonde avec une sorte de douce et bienveillante neutralité. Sous sa plume, même les pires, les plus lâches, les plus cruels, les plus bornés retrouvent une dignité, une densité, une justesse. Il déchiffre leurs pensées et leurs comportements donc, mais ne les juge jamais. Il garde sur eux un regard toujours compréhensif, parfois amusé, et leur apporte ce supplément d'âme qui les rend si vrais. Même si certains d'entre eux sont évidemment plus attachants que d'autres, presque "bigger than life" quelque part, comme Sam Hamilton ou encore Lee, qui reste mon personnage préféré. Ces deux hommes illuminent le récit de leur sagesse. Leurs paroles sont une source de réflexion inépuisable et précieuse, que ce soit pour les autres personnages ou pour le lecteur attentif, mais sans que cela devienne lourd ou indigeste. Le récit reste fluide malgré sa puissance. Peut-être est-ce dû à un certain sentiment d'évidence.

***

A l'Est d'Eden est donc un livre à la fois profond et lumineux, qui traite, entre autres sujets, de la lutte entre le bien et le mal, et plus particulièrement de cette lutte incessante contre Soi-même, cet inconnu si familier. Et il n'y a pas ennemi plus immortel, plus vigoureux et plus imprévisible que Soi-même. Soi-même est toujours sur la brèche, prêt à bondir à chaque moment de faiblesse, prêt à nous enfermer dans ses certitudes, dans ses idéaux, dans ses mensonges, dans sa zone de "confort" si réductrice.

Dans ce livre, chaque personnage est en fait en lutte contre (ou pour trouver) sa propre vérité : cela peut prendre la forme d'un passé qui ressurgit, d'un dilemme moral qu'il faut résoudre, d'un certain naturel qui revient au galop, d'un amour compliqué. Chacun se bat contre ses propres démons, même quand il pense se battre contre ceux des autres, et doit composer avec sa nature, ses faiblesses, ses idéaux, ses blessures, sa capacité à aimer, à encaisser, à (se) faire mal aussi. Connaître la vérité, la sienne, est souvent douloureux. L'accepter comme une partie de soi l'est encore plus. Mais c'est la seule façon de grandir, de vivre pleinement et de mourir dignement. L'idéalisation de soi et de l'autre, le mensonge, la complaisance, le déni, mènent à l'aveuglement, à l'aliénation de soi et à la négation de l'autre.

La vérité n'est jamais ni bonne, ni mauvaise. Elle EST. Et c'est, selon Steinbeck, le seul chemin vers la liberté. Car c'est en étant au clair avec sa vérité que l'on peut faire de vrais choix, en toute conscience. Et nous confronter au "mal" qui réside en chacun de nous est la seule manière de pouvoir vraiment choisir le "bien".

Je terminerai sur cette citation de Nietzsche, qui, je trouve, invite à la réflexion et à l'introspection, et qui constitue donc selon moi une très belle conclusion à cette chronique très personnelle : "Il en est de l'homme comme de l'arbre. Plus il veut s'élever vers les hauteurs et la clarté, plus forcément ses racines s'enfoncent dans la terre, dans les ténèbres et dans les profondeurs".

Afficher en entier

Répondre à ce commentaire

Réponses au commentaire de EleaSiorac

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode