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« Pardonne-moi, camarade : comment as-tu pu être mon ennemi? Si nous jetions ces armes et cet uniforme, tu pourrais être mon frère. »
Afficher en entier"Je suis jeune, j'ai vingt ans : mais je ne connais de la vie que le désespoir, l'angoisse, la mort et l'enchaînement de l'existence la plus superficielle et la plus insensée à un abîme de souffrances. Je vois que les peuples sont poussés l'un comme l'autre et se tuent sans rien dire, sans rien savoir, follement, docilement, innocemment. Je vois que les cerveaux les plus intelligents de l'univers inventent des paroles et des armes pour que tout cela se fasse d'une manière raffinée et dure encore plus longtemps. [...] Que ferons nos pères si, un jour, nous nous levons et nous nous présentons devant eux pour leur demander des comptes ? Qu'attendent-ils de nous lorsque viendra l'époque où la guerre est finie ? Pendant des années, nous avons été occupés qu'à tuer ; ç'a été là notre première profession dans l'existence. Notre science de la vie se réduit à la mort. Qu'arrivera-t-il donc après cela ? Et que deviendrons-nous ?"
[Le Livre de Poche 1973 - p.199]
Afficher en entierOn ne peut pas comprendre que, sur des corps si mutilés, il y ait encore des visages humain, dans lesquels la vie suit son cours quotidien. [...] Seul l'hôpital montre bien ce qu'est la guerre.
Afficher en entierEn ce moment, tout me paraît vain et désespéré. [...] C'est le sort commun de notre génération. [...]
"La guerre a fait de nous des propres à rien."
Il a raison, nous ne faisons plus partie de la jeunesse. Nous ne voulons plus prendre d'assaut l'univers. Nous sommes des fuyards. Nous avions dix-huit ans et nous commencions à aimer le monde et l’existence ; voilà qu'il nous a fallu faire feu là-dessus. Le premier obus qui est tombé nous a frappé au cœur. Nous n'avons plus aucun goût pour l'effort, l'activité et le progrès. Nous n'y croyons plus ; nous ne croyons qu'à la guerre.
Afficher en entierNous étions bourrés de pensées incertaines qui, à nos yeux, conféraient à la vie et aussi à la guerre un caractère idéalisé et presque romantique.
Afficher en entier- C'est bizarre quand on y réfléchit, poursuit Kropp. Nous sommes pourtant ici pour défendre notre patrie. Mais les Français, eux aussi, sont là pour défendre la leur. Qui donc a raison ?
Afficher en entierPuisque pareille chose est possible, combien tout ce qu'on a jamais écrit, fait ou pensé est vain ! Tout n'est forcement que mensonge ou insignifiance, si la culture de milliers d'années n'a même pas pu empêcher que ces flots de sang soient versés et qu'il existe, par centaines de mille, de telles geôles de torture.
Afficher en entierAh ! Mère, pour toi, je suis un enfant... Pourquoi ne puis-je pas poser ma tête sur tes genoux et pleurer ? Pourquoi faut-il que toujours je sois le plus calme et le plus énergique ? Je voudrais pourtant une fois moi aussi pleurer et être consolé. Je ne suis, en réalité, guère plus qu'un enfant [...] Il y a si peu de temps, de cela. Pourquoi donc est-ce du passé ? [...] nous avons tant de chose à nous dire, mais nous ne le pourrons jamais.
Afficher en entier"Pour moi, les gens parlent trop. Ils ont des soucis, des buts, des désirs, que je ne puis concevoir comme eux. Parfois, je suis là assis avec l'un d'eux dans le petit jardin du café et j'essaie de lui expliquer que l'essentiel, en somme, c'est de pouvoir être là assis tranquillement."
[Le Livre de Poche 1973 - p.130]
Afficher en entier"C'est par hasard que je reste en vie, comme c'est par hasard que je puis être touché. Dans l'abri "à l'épreuve des bombes", je puis être mis en pièces, tandis que, à découvert, sous dix heures de bombardement le plus violent, je peux ne pas recevoir une blessure. Ce n'est que parmi les hasards que chaque soldat survit. Et chaque soldat a foi et confiance dans le hasard."
[Le Livre de Poche 1973 - p.78-79]
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