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Kat raconte une des histoires qui ont fait tout le tour du front, depuis les Vosges jusqu'aux Flandres, l'histoire d'un médecin-major qui, lors d'une visite médicale, lit à haute voix des noms et, lorsque l'homme s'avance, dit, sans le regarder :
- "Bon pour le front. Nous avons besoin de soldats là-bas."
Voici qu'un individu ayant une jambe de bois se présente ; le major répète :
- "Bon pour le front."
(en racontant cela, Kat élève la voix) l'homme lui dit :
- "J'ai déjà une jambe de bois, mais si maintenant je pars pour le front et qu'on me casse la tête d'un coup de feu, je me ferai fabriquer une tête de bois, et je deviendrai, moi aussi médecin-major."
Afficher en entierLe sang qui coule sous ma peau porte l’inquiétude et la frayeur dans mes pensées. Elles s'affaiblissent et tremblent ; elles veulent de la chaleur et de la vie. Elles ne peuvent pas résister sans consolation et sans illusions ; elles s'embrouillent devant l'image nue du désespoir.
Afficher en entier"J'ai déjà une jambe de bois, mais si maintenant je pars pour le front et qu'on me casse la tête d'un coup de feu, je me ferait fabriquer une tête de bois, et je deviendrais, moi aussi, médecin-major."
Afficher en entierC'est un ordre qui a fait de ces formes silencieuses nos ennemis ; un autre ordre pourrait maintenant faire d'elles nos amis. Sur une table quelconque, des gens, que personne de nous ne connait, signent un écrit et, pendant des années, voilà que notre but suprême devient ce qui, en temps normal, est l'objet de l'abomination universelle et du châtiment le plus énergique.
Afficher en entier"Il y a belle lurette que nous hurlons comme des écorchés. C'est à croire que les droits de l'homme deviennent eux aussi, des survivants encombrants d'une époque géologique révolue : celle de l'humanisme."
Afficher en entier"Nous sommes devenus des animaux dangereux, nous ne combattons pas, nous nous défendons contre la destruction. Ce n'est pas contre des humains que nous lançons nos grenades, car à ce moment là nous ne sentons qu'une chose: c'est que la mort est là qui nous traque, sous ces mains et ces casques[...] la fureur qui nous anime est insensée: nous ne sommes plus couchés, impuissants, sur l’échafaud, mais nous pouvons détruire et tuer, pour nous sauver... pour nous sauver et nous venger."
Afficher en entier"Les horreurs sont supportables tant qu'on se contente de baisser la tête, mais elles tuent, quand on y réfléchit."
[Le Livre de Poche 1973 - p.107]
Afficher en entier"Ainsi, nous avons de nouveau, pour le moment, les deux choses qui font le bonheur du soldat : bonne nourriture et repos. Quand on y pense, ce n'est pas beaucoup. Il y a seulement quelques années, nous nous serions terriblement méprisés. Maintenant, nous en sommes presque contents. Tout est affaire d'habitude, même la tranchée."
[Le Livre de Poche 1973 - p.107]
Afficher en entier"Ils portent des vestes, des pantalons gris et des bottes de soldats, mais, pour la plupart, l'uniforme est trop ample, il flotte autour de leurs membres, leurs épaules sont trop étroites ; leurs corps sont trop menus ; on n'a pas eu d'uniformes à la mesure de ces enfants."
[Le Livre de Poche 1973 - p.102]
Afficher en entierSi ton père se présentait là avec ceux d'en face, tu n'hésiterais pas à lui balancer ta grenade en pleine poitrine.
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