A La Conquête Du Bonheur

— Mais alors, de quoi parlez-vous ? Je ne vous suis pas ?

— Helen, j’ai décidé de tomber amoureux de vous à l’instant même où je vous ai rencontrée, répondit-il tendrement. Je veux vous aimer, vous comprenez.

Helen le dévisagea, bouche bée. Ses jambes se mirent à trembler sous elle.

— Mais, ce n’est pas possible, essaya-t-elle d’articuler. On ne peut tout simplement décider d’aimer quelqu’un. L’amour, cela ne fonctionne pas ainsi !

— Vraiment ! s’étonna-t-il. Vous ne croyez pas aux coups de foudre, alors ?

Puis il se pencha vers elle, la souleva dans ses bras et l’emporta dans l’ascenseur. Elle entendit les portes se fermer derrière eux.

— Oh, vous ! bredouilla-t-elle en se débattant de toutes ses forces. Lâchez-moi donc ! Vous avez complètement perdu la tête ou quoi ?

— Taisez-vous, Johnson, chuchota Dick en couvrant ses lèvres d’un baiser. Je ne veux plus vous écouter.

Helen refusa de répondre à ses avances. Pourtant, une petite voix au plus profond d’elle-même la suppliait de s’abandonner au plaisir.

Avant d’atteindre leur étage, un couple d’un certain âge les rejoignit dans l’ascenseur. En voyant la jeune femme se débattre dans les bras de cet homme, les deux inconnus les contemplèrent un moment sans rien dire. Apparemment, ils ne comprenaient pas la situation.

Lorsqu’ils s’arrêtèrent enfin à leur palier, Dick ne put retenir un soupir de soulagement.

— Enfin seuls ! se réjouit-il avec un large sourire. Cherchons vite la chambre dix-sept.

— Vous m’aviez assuré, pourtant, que mon opinion personnelle importait peu, commença-t-elle à protester à nouveau.

— J’ai menti, intervint Dick en haussant les épaules. En fait, je n’avais pas l’intention de vous aborder aussi tôt. Mais je n’ai pas pu résister. C’est de votre faute. Vous étiez si ravissante, ce soir !

— C’est de la pure folie, se défendit-elle en se croisant les bras.

— Cette fois-ci, c’en est assez ! se renfrogna-t-il, vexé, en s’éloignant dans le couloir. Vous pensez que je suis fou, tout simplement parce que je suis fou de vous.

Helen préféra ne pas répondre. Elle le suivit en silence. Lorsqu’ils furent devant la chambre, Dick ouvrit la porte et, sans allumer la lumière, emporta sa compagne dans ses bras tout droit vers le lit. Puis il la déposa doucement sur les couvertures.

— Vous vous êtes mis dans la tête de me charmer, lança-t-elle d’une voix tremblante.

Malgré elle, l’obscurité de la pièce, son parfum musqué, le souvenir de ses caresses enivrantes bouleversaient ses sens et la poussaient vers un abandon total.

Si Dick, lui, préférait penser que cette attirance entre eux était de l’amour, pourquoi pas !

Mais elle se ressaisit aussitôt. Elle ne pouvait pas le tromper et, encore moins, se tromper elle-même. Il ne suffisait pas de jouer la comédie.

— Vous faites erreur, Helen, rectifia Dick en s’écartant d’elle.

Elle entendit un léger bruit près d’elle. Puis, dans l’obscurité, elle se rendit compte qu’il avait enlevé sa chemise.

Son torse était large et musclé. Sa peau cuivrée brillait dans le noir. Il semblait plein de vie et de charme, d’une virilité troublante.

— C’est bien plus que de la séduction, poursuivit-il en s’approchant du lit. Je veux vous aimer, Helen.

Il ôta lentement les chaussures de sa compagne et massa ses pieds endoloris.

— Vos pauvres petits pieds ! murmura-t-il.

Vous ne prenez pas soin d’eux. Je croyais que les femmes sportives étaient plus prudentes que cela.

— Comment savez-vous que je pratique un sport ? demanda-t-elle en s’efforçant de ne pas se laisser aller.

— Je connais déjà nombre de vos activités, bien que vous ne vous en doutiez pas, déclara-t-il. J’ai appris, par exemple, que vous étiez un des meilleurs joueurs de squash de la société. Avant de vous lancer dans la gestion, vous avez obtenu un diplôme de modéliste. Je sais où vous habitez et que vous vivez seule. Pourquoi ne vous êtes-vous jamais mariée ? N’avez-vous pas rencontré un homme digne de vous ?

— C’est un peu cela... Enfin, je veux dire que l'occasion ne s’est jamais présentée, expliqua-t-elle en retirant brusquement son pied.

— Je ne peux pas y croire ! Une femme comme vous ? Des centaines d’hommes ont dû vous faire la cour, vous demander en mariage.

« Une Superwoman ? Sûrement pas ! » songea-t-elle en silence.

La seule personne qui aurait peut-être le courage de lui voler son cœur serait Superman lui-même. Et si c’était le « Superman du monde des affaires » ? Non, c’était impossible.

Dick emprisonna ses chevilles dans ses mains et continua à les masser d’un mouvement lent et régulier. Puis il glissa ses doigts le long de ses mollets tendus et poursuivit son massage sous son pantalon en tweed.

— Vous êtes une vraie boule de nerfs, marmonna-t-il en pétrissant sa chair. Essayez de vous détendre.

— Cela vous surprend-il que je sois si crispée ? C’est de votre faute, s’écria-t-elle sans réfléchir. Je vous en prie, Dick, retournons à la voiture. Tout cela est tellement insensé, si...

— Si quoi ? l’interrompit-il en voyant son hésitation. Si brusque, si inattendu, si fou ? Vous avez raison, c’est vrai, soupira-t-il au creux de son oreille. Mais je suis sincère, Helen. Je suis amoureux de vous. Je sais que vous ne voulez pas me croire, mais je suis décidé à me faire aimer de vous. Vous verrez !

Puis Dick s’allongea doucement à ses côtés et Helen préféra étouffer toutes ses craintes.

Elle se tendit vers lui à en perdre la raison.