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- Pourquoi tu casses toujours la voiture ?
- Pour lui donner du travail, tiens.
- Je crois qu'il sait...
- Oui c'est possible. En attendant, c'est toi qui as trouvé la panne. Bravo ! J'ai passé la nuit à chercher ! Et impossible de me rappeler ce que j'avais fait. Il faudrait que je pense à le noter quelque part, la prochaine fois... Tu me le rappelleras ?
Afficher en entierMais tu sais, Marcel, si ça ne s'était pas passé comme ça, on aurait peut-être pas su... en profiter... Et puis surtout... on ne serait pas ici, maintenant... moi, la tête posée sur tes genoux, et toi, la main dans mes cheveux... à regarder les nuages nous caresser les yeux...
Alors, tu vois, Marcel, il faut rien regretter, hein...
Vraiment rien du tout.
Afficher en entier- Allô, Mélie? C'est Gérard. ecoutez, je viens de recevoir vos...
- Ah! Alors?...
- Ça n'est pas très bon...
- Ah.
- Je pense que... comment dire, euh... je pense, en fait, qu'il faudrait refaire des...
- D'accord, Gérard. Le problème, c'est que je ne vais pas avoir le temps. Je ne sais pas si je vous l'ai dit, mais Clara arrive demain. Elle passe toutes les vacances d'été ici, avec moi.
- Ah, très bien...
- Alors, nous verrons ça plus tard. En Septembre.
- Mais Mélie! Ce n'est pas...
- Ça ira, ne vous inquiétez pas...
Afficher en entierElles sont dans l'eau. pas très profonde, à cet endroit. Mélie a retroussé sa longue jupe noire, mais un pan s'est détaché de sa ceinture et flotte doucement derrière elle. C'est joli, les mouvements du tissu qui ondule dans le courant de l'eau, pense Clara. On dirait la chevelure d'une sirène qui flotterait au milieu des herbes et des petits poissons... Elle se penche très lentement, approche son visage de la surface, jusqu'à ce que son nez effleure l'eau. C'est comme une caresse. Un baiser d'esquimaud. Les poissons, à cet endroit, ne mesurent qu'un ou deux centimètres. Ouh... ils sont tout petits, tout mignons... Mais ce ne sont pas ceux là qu'il faut surveiller. Mélie lui fait signe d'approcher doucement, elle en a repéré un gros qui se cache sous les pierres, le long de la rive.
Afficher en entierElle entend Mélie fourgonner dans la cuisine (p.25) C'est mon arrière-grand-mère qui utilisait ce fourgonner
Afficher en entier- Et c'est quoi la différence entre jolie et belle?
- Ben ...jolie, c'est facile. Il n'y a rien à faire. Juste à en profiter.
Mélie prend une inspiration, avant de continuer...
- Alors que la beauté, c'est un peu comme un jardin. Pour qu'il donne des fleurs et des fruits, il faut y travailler, planter des graines, mettre du fumier aux pieds des rosiers...
Afficher en entierTu te rappelles, toi, de la liste de mots à la fin des dictées? Des nouveaux, des difficiles? Et leurs définitions? On devait les apprendre par coeur. Moi, je n'essayais même pas, tellement j'étais sûr qu'ils ne me serviraient jamais... Qu'est-ce qu'on est con quand on est jeune, tout de même! ça me fait penser à notre maître d'école. On aurait dû lui donner la Légion d'honneur, à cet homme-là, pour tout le mal qu'il s'est donné avec nous.
Afficher en entierElle se dit qu’elle n’a pas grand chose à léguer. Pas de fortune, pas de biens.
Mais elle connaît la force de la patience. Et puis surtout regarder, écouter, sentir…Alors, elle voudrait lui apprendre, tout ça, à Clara.
Lui fabriquer plein de souvenirs.
A la petite Clarinette, p’tit poussin, ma minoune, petit lapin, ma pépette…
Des tas de souvenirs ! Des beaux ! Des rigolos !
Alors ? Qu’est-ce qu’elle t’a laissé, ta grand-mère, Clara ? Du fric ? Un grand appart, une super bagnole ?
Non. Juste des souvenirs. Mais des…uniques. Des qui ne s’oublient pas…
Afficher en entierPetit à petit...
...la sensation s'estompe.
Alors, vite... avant que ça ne finisse, elle veut se rappeler cette "chose" pour toujours... enfin non, pas pour "toujours" - puisqu'elle sait déjà, malgré ses vingt ans, que rien ne dure toujours -, mais, pour longtemps... oui, c'est ça, garder le souvenir de cet instant, pour très très très longtemps, jusqu'à la vieillesse, et même encore après, tiens ! jusqu'à la fameuse seconde avant de mourir, celle où, paraît-il, on voit défiler toute sa vie...
Afficher en entierSi j'avais été résistante comme toi, pendant la guerre, eh bien j'aurais aimé le raconter à mes petits enfants. Pour qu'ils sachent que c'est possible de résister... qu'on peut résister à tout. Aux nazis, à l'injustice, aux politiciens, à la maladie, à la bêtise... à tout ! Parce que, les enfants, ils vont peut être finir par croire ce qu'on dit partout... que tout est foutu, qu'il n'y a plus rien à faire, qu'on doit tout accepter tel quel, courber la tête, être des moutons...
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