Commentaire de Samdu91

Spoiler(cliquez pour révéler)Dans ce court — du moins j'ai trouvé — roman, on suit Merit Voss, une adolescente de 17 ans relativement perdue dans sa vie. Coincée dans une petite ville du Texas, dans une ancienne église où toute sa famille s'entasse, elle est en plein décrochage scolaire. Il faut dire qu'elle a beaucoup de choses en tête : elle est la gardienne des secrets de presque tous les membres de son étrange généalogie. D'abord, il y a son frère, Utah, d'à peine un an son aîné, à qui elle en veut, parce qu'il lui a volé son premier baiser quand elle avait douze ans, dans l'espoir désespéré de guérir son homosexualité. Ensuite, il y a sa soeur jumelle, Honor, qui ne semble tomber amoureuse que d'hommes en fin de vie depuis que son premier copain est mort. Et puis il y a son père, qui a épousé l'infirmière qui s'occupait de son ex-femme, qui vit d'ailleurs dans le sous-sol de la maison familiale, mais qui continue de coucher avec elle de temps en temps. Quand Merit rencontre Sagan, elle croit enfin avoir trouvé quelqu'un attiré par elle plutôt que par sa soeur. D'ailleurs, cet émoi est si foudroyant qu'ils n'ont pas échangé leur prénom que déjà, ils s'embrassent. Enfin, ça c'était jusqu'à ce que Merit découvre qu'en fait, Sagan n'est autre que le petit ami de sa soeur. Ce qui aurait pu être le début d'une belle histoire se transforme en fait en relation distante, gênée, encore plus quand il vient s'installer avec la famille Voss, jusqu'à ce que Merit, accablée par le poids des secrets, craque, rédige une longue lettre où elle les dévoile tous, et avale vingt-huit cachets dérobés à sa mère, agoraphobe notoire qui se gave d'anti-douleurs. C'est le déclic dont tout le monde avait besoin, et après de nombreuses révélations, notamment sur la nature de la relation entre Honor et Sagan, chacun pardonne chacun, plus ou moins difficilement, et Merit trouve enfin sa place dans une famille dont elle ne se sentait plus membre depuis longtemps.

Assez loin des autres CoHo que j'ai pu lire, Without Merit reste une agréable surprise et une bonne lecture. Si j'ai apprécié les trois heures qu'il ma fallu pour le lire, il faut cependant noter que ce n'est pas une romance. Il y en a, des bribes, mais le roman n'a clairement rien à faire en New romance. Je ne dis pas, c'est un bon livre, mais c'est un bon livre de New Way... Enfin bon. J'en ressors assez déçue, parce que ce n'est pas ce à quoi je m'attendais.

Le roman est vraiment très court, 18 chapitres pour un total de 350 pages en grand format, et pour le coup, je pense qu'il aurait pu gagner à être un poil plus long. Cependant, j'ai trouvé les derniers chapitres assez vides, le début de l'histoire est très chargé, mais après l'évènement central du livre, que je ne vais pas citer pour ceux qui n'ont pas encore lu, tout semble miraculeusement s'arranger, et je trouve que ça ne sonne pas juste. La fin ne m'a pas satisfaite non plus. Le traitement de la dépression, thème principal du roman, est assez juste, mais encore une fois, on a pas le temps de vraiment s'en rendre compte du fait de l'enchevêtrement d'intrigues et de la longueur du livre.

Je ne suis pas particulièrement fan de la conclusion, des pardons que j'ai trouvé beaucoup trop vite accordés à la résolution de l'intrigue concernant la déscolarisation de Merit. J'aurais peut-être préféré une version alternative, avec par exemple le père qui choisi de laisser sa fille prendre un congé sabbatique pour prendre soin de sa santé mentale —ça aurait collé au message global du roman —voire une morale qui explique que ce n'est pas grave de ne pas faire d'études, ni même de ne pas finir le lycée, que ça n'est pas le destin de tout le monde, que le système éducatif est défaillant et que de toute façon les diplômes ne garantissent pas un avenir. J'aurais trouvé ça beaucoup plus logique, surtout que là, Merit n'a quasiment aucune réaction quand son père veut la forcer à retourner en cours alors que plus tôt dans le roman, ça semblait être un vrai problème pour elle de retourner en cours, entre ses problèmes d'attention et le simple fait qu'elle ne s'y sentait pas à sa place.