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Extrait ajouté par octarine 2012-01-21T13:01:02+01:00

Première partie

Richard Bolitho

Aspirant de marine

I

Un vaisseau de ligne

Il était midi, mais les nuages qui déferlaient en rangs serrés au-dessus de Portsmouth laissaient penser qu’il faisait déjà presque nuit. L’aigre vent d’est qui soufflait depuis plusieurs jours avait transformé le mouillage encombré en champ de moutons et le crachin ininterrompu donnait aux bâtiments qui se balançaient sur l’eau, aux lourdes fortifications du port, l’aspect luisant du métal.

Massive, inébranlable, l’auberge de Blue Posts était bâtie à l’extrémité de la pointe de Portsmouth. Comme toutes les auberges et hôtelleries que l’on trouve dans un port à l’activité soutenue, elle avait subi des aménagements, des ajouts successifs, sans jamais perdre son aspect de havre du marin. À vrai dire, elle était fréquentée plus par des aspirants que par les pêcheurs accoutumés à vivre au rythme des marées – ce qui lui conférait une atmosphère à part. Malgré son plafond bas, l’ambiance plutôt bruyante, une propreté douteuse, l’endroit avait vu plus d’un amiral en herbe franchir la vieille porte égratignée.

En cette mi-octobre en l’année 1792, rencogné dans l’angle de l’une des longues salles, Richard Bolitho prêtait distraitement l’oreille au brouhaha des conversations, au tintement des assiettes et des pichets, au chuintement de la pluie sur les fenêtres étroites. L’air était chargé d’odeurs diverses : relents de cuisine, de bière, de goudron, de tabac. Lorsque les portes sur la rue s’ouvraient, dans un concert de protestations, s’y ajoutaient les effluves forts et salés des bâtiments au mouillage.

Bolitho allongea les jambes et poussa un long soupir. Le trajet en diligence pour venir de Falmouth avait été épuisant. Après avoir englouti une bonne ration du pâté de lapin, spécialité concoctée par la maison à l’intention de « ces jeunes messieurs », il se sentait somnolent. Il observait avec une certaine curiosité les autres aspirants présents. Certains étaient très jeunes, des enfants d’à peine douze ans. Cela le fit sourire en dépit de sa réserve naturelle. Lorsqu’il avait rejoint son premier embarquement, lui aussi n’avait que douze ans. En y repensant, il pouvait mesurer à quel point il avait changé. Ou plus exactement, combien la Marine l’avait changé. Il ressemblait alors à tous ces garçons attablés en face de lui. Un rien l’effarouchait – les bruits, l’aspect menaçant des bâtiments de guerre – mais il mettait son point d’honneur à n’en rien montrer, bien près d’imaginer qu’il était le seul à se laisser ainsi impressionner.

Quatre ans déjà, c’était presque incroyable ! Quatre années pendant lesquelles il avait mûri, s’était adapté à la vie en mer. Au début, il s’était dit qu’il ne parviendrait jamais à apprendre tout ce que l’on exigeait de lui. Il y avait d’abord l’incroyable complexité du gréement, les longueurs invraisemblables de cordages de toute sorte qui permettent de manœuvrer un navire. Puis les exercices dans la mâture et l’entraînement au tir, perché sur des espars mouvants, qu’il pleuve ou qu’il gèle. Il y avait aussi ces journées si torrides qu’on manquait s’évanouir et aller s’écraser sur le pont. Il avait peu à peu appris les lois non écrites qui régissaient la vie dans l’entrepont, tout cet ensemble de règles qui rendent possible l’existence à bord d’un vaisseau de Sa Majesté, malgré l’entassement. Tout cela n’avait pas été sans quelques bosses ni quelques larmes.

Et aujourd’hui, en ce triste jour d’octobre, il rejoignait son second embarquement à bord de la Gorgone, vaisseau de soixante-quatorze, mouillé quelque part dans le Soient.

Il eut un sourire narquois en voyant un aspirant haut comme trois pommes engloutir une énorme quantité de porc bouilli. Par le temps qu’il faisait, le gaillard allait le regretter en dégueulant tripes et boyaux.

Il songea soudain à sa demeure de Cornouailles, la grande maison de pierre grise au pied du château de Pendennis où il avait grandi avec son frère et ses deux sœurs. La famille y vivait depuis des générations. À son retour, il l’avait trouvée différente de l’image qu’avait gardée son souvenir : cette image dont il avait rêvé au milieu des tempêtes, sous le cagnard… Cette fois, seules sa mère et ses sœurs étaient là pour l’accueillir. Son père commandait un bâtiment identique à celui qu’il allait rejoindre tout à l’heure et croisait quelque part clans l’océan Indien. Son frère aîné, Hugh, servait en Méditerranée, aspirant à bord d’une frégate. La maison lui avait paru étrangement calme et vide après l’agitation du bâtiment qu’il venait de quitter.

Ayant reçu sa nouvelle affectation le jour de son seizième anniversaire, il devait rejoindre sans tarder le bâtiment de Sa Majesté la Gorgone, ancré sous Spithead. Le vaisseau était en cours de réarmement sous les ordres du capitaine Beves Conway. Sa mère avait essayé de cacher sa peine et ses deux sœurs mêlaient sans raison le rire aux larmes. Tandis qu’il longeait la côte pour aller prendre la diligence à Falmouth, les manants du coin l’avaient salué au passage, sans manifester aucun signe de surprise : cela faisait si longtemps que des Bolitho quittaient la grande maison pour s’en aller sur la mer, servir à bord d’un bâtiment ou un autre, et plus d’un n’en était jamais revenu.

À présent, c’était son tour. Il s’était juré de ne pas refaire certaines erreurs, de bien se mettre en tête quelques leçons. L’aspirant est un être hybride qui tient de la carpe et du lapin. Son statut le met quelque part entre les enseignes et ceux qui constituent l’épine dorsale d’un navire, les officiers mariniers. Le capitaine occupe un bout du bâtiment, dominant le monde, aussi inaccessible qu’un demi-dieu, alors que les aspirants sont parqués au beau milieu de l’équipage : matelots et fusiliers marins, volontaires et recrutés par presse. Tous sont entassés dans l’entrepont, même si les distinguent leur état et leur passé. On conçoit que, dans de telles conditions et vu les dangers mortels auxquels le travail à bord vous expose par tous les temps, une discipline de fer soit de rigueur.

Lorsque des terriens observent un bâtiment de Sa Majesté à l’appareillage, les vergues pleines de gabiers occupés à établir la voilure, lorsque tonnent à leurs oreilles les saluts au canon, que retentissent les voix rauques de ceux qui peinaient au cabestan, braillant une chanson à virer, ils ne voient rien de ce qui se passe entre les flancs du navire, cette fourmilière pleine de mystères… Et c’est très bien ainsi.

— Y a quelqu’un ici ?

Brutalement arraché à ses pensées, Bolitho leva les yeux. Un aspirant blond aux yeux bleus lui souriait.

— Je m’appelle Martyn Dancer, ajouta le nouveau venu, et j’embarque sur la Gorgone. C’est l’aubergiste qui m’adresse à vous.

Bolitho se présenta à son tour et se poussa pour lui laisser un bout de banc.

— Ce n’est pas votre premier embarquement…

Dancer sourit tristement.

— Presque. J’étais à bord du bâtiment amiral avant qu’il passe au bassin. Mon expérience de la mer se limite à trois mois et deux jours.

Voyant la tête de Bolitho, il reprit :

— J’ai commencé tard dans le métier, mon père ne voulait pas me laisser partir – il haussa les épaules. Mais j’ai eu le dernier mot.

Bolitho avait plutôt bonne impression. Dancer manquait certes de bouteille, mais il avait à peu près son âge et s’exprimait en garçon bien élevé – une famille de la ville sans doute.

— J’ai entendu dire que nous partions pour l’Afrique, et alors…

Bolitho sourit.

— C’est un tuyau qui en vaut bien un autre, j’en ai entendu parler moi aussi. Ça vaudra toujours mieux que de faire des ragagas dans la Manche avec l’escadre.

Dancer fit la grimace.

— Neuf années à présent que leur fameuse guerre de Sept Ans est terminée. Je les aurais cru plus pressés d’en découdre… au moins pour récupérer leurs terres au Canada.

Bolitho se retourna pour observer deux marins qui s’approchaient de l’aubergiste occupé à surveiller la servante chargée de verser de la bière, son pichet d’étain à la main…

C’était pourtant vrai : neuf ans qu’on n’avait pas eu une vraie guerre ! Et Dieu sait si les sujets de conflit ne manquaient pas, d’un bout à l’autre de la planète ! Soulèvements, actes de piraterie, révolte des colonies impatientes de se rebeller contre leurs nouveaux maîtres : les morts, au bout du compte, n’étaient pas moins nombreux qu’en temps de guerre déclarée.

— Foutez-moi le camp d’ici ! cria hargneusement l’aubergiste. Je ne veux pas de mendiants ici !

L’un des marins – il avait dû perdre son bras droit quelque part – piqua une rogne.

— Mendiant ! Moi ? J’étais sur le vieux Marlborough, sous les ordres du contre-amiral Rodney… oui ! Un fameux soixante-quatorze, tu peux m’en croire !

Il se fit un grand silence. Tous les aspirants dévisageaient l’estropié et son compagnon avec un étonnement craintif.

— Laisse tomber, Ted ! fit l’autre, inquiet de la tournure que prenaient les choses. Ce chien ne nous filera rien !

— Donnez-leur ce qu’il leur faut, déclara Dancer, les yeux baissés, un peu confus. C’est moi qui offre.

Bolitho lui jeta un regard. Il partageait sa gêne.

— Voilà qui est bien dit, Martyn – puis, le prenant impulsivement par le bras : Je ne suis pas fâché d’embarquer avec toi.

Ils levèrent les yeux ensemble : une ombre venait de se dresser près d’eux et masquait les lampes noircies de fumée. Le manchot les regardait d’un air espiègle.

— Merci, messieurs, dit-il tranquillement – et, leur tendant la main : Je vous souhaite bonne chance, je vois bien que j’ai affaire à de la graine de capitaines.

Il se poussa pour laisser passer une jeune servante qui posa deux plats fumants sur la table, avant de déclarer à la cantonade :

— Souvenez-vous bien de ce jour, bonnes gens, et mettez-vous bien ça dans la tête.

Après un silence, les conversations reprenaient déjà quand le taulier s’avança pesamment.

— Je veux votre foutu argent sur le champ ! dit-il en fixant Dancer. Et après ça…

— Et après ça, tavernier, répondit Bolitho, vous nous servirez deux verres de brandy. (Le bonhomme était près d’éclater comme eût fait une charge de neuf-livres.) Si j’étais à votre place, je ferais attention à mes manières. Vous avez de la chance, mon ami est d’humeur plaisante. Mais son père possède une bonne partie des terres autour de cette pointe et…

L’aubergiste eut du mal à retrouver son souffle :

— Dieu vous bénisse, monsieur, je plaisantais ! Je vous apporte le brandy de suite et du meilleur… Faites-moi l’honneur de me laisser vous l’offrir.

Sur quoi il tourna les talons, le visage défait. Dancer n’en revenait pas.

— Mais mon père vend du thé dans la City ! Je crois bien qu’il n’a jamais mis les pieds à Portsmouth de sa vie ! – et il hocha la tête. Allons bon, je vois que j’aurai affaire à forte partie avec toi, Richard !

— Dick, si tu veux bien, fit Bolitho avec un sourire.

Pendant qu’ils sirotaient leur brandy, la porte de la rue s’ouvrit toute grande et, cette fois, personne ne la referma. Un lieutenant de vaisseau vêtu d’un ciré dégoulinant, le chapeau ruisselant d’embruns et de pluie, s’encadrait dans l’embrasure.

— Tous les aspirants de la Gorgone à l’appel devant la darse ! Et vite ! Des hommes vous attendent dehors pour prendre vos coffres.

Il alla se réchauffer devant la flambée et saisit le verre de brandy que lui tendait le tavernier.

— Il fait un vent de cornecul ! – et, levant ses mains rougies devant les flammes : Dieu nous vienne en aide !…

Puis après un temps :

— Qui est le plus ancien d’entre vous ?

Bolitho surprit les échanges de regards gênés. C’en était fini du confort douillet… Il prit la parole :

— Je crois que c’est moi, monsieur. Richard Bolitho, à vos ordres…

L’officier l’observa d’un œil soupçonneux.

— Admettons. Conduisez-les à la darse et rendez compte au patron. Je vous rejoins dans un instant – puis, élevant le ton : Quand j’arriverai, je veux que tout le monde soit paré à embarquer, compris ?

— Je crois que je vais être malade, souffla désespérément le plus petit des aspirants.

Quelqu’un pouffa, sur quoi l’officier hurla :

— … être malade, monsieur ! On dit « monsieur » lorsque l’on s’adresse à un officier, bon Dieu !

La femme de l’aubergiste regardait la foule des aspirants qui se précipitaient en désordre sous la pluie.

— Vous êtes un peu dur avec eux, monsieur Hope, enfin, monsieur.

— On a tous passé par là, ma chère, ricana-t-il. Mais peu importe, le capitaine est assez féroce comme ça, alors je vous raconte pas s’il arrivait quelque chose. Que je me laisse tant soit peu mener par cette bande de fistots… et c’est moi qui serai bon pour prendre une bordée !

Dehors, sur les pavés luisants, Bolitho surveillait les matelots qui chargeaient les coffres noirs dans des voitures à bras. À leur teint buriné, à leur carrure, on voyait qu’on avait affaire à des gaillards amarinés. Il savait bien que le capitaine n’aurait pas pris le risque d’envoyer à terre des hommes d’équipage peu expérimentés, qui auraient très bien pu profiter de l’occasion pour déserter.

Dans quelques semaines, quelques jours même, il connaîtrait tous ces hommes et bien d’autres. Il ne retomberait plus dans les pièges où il avait donné lors de son premier embarquement. À présent, il savait que la confiance se gagne, que ce n’est pas quelque chose qui vous est offert avec l’uniforme.

Il fit un signe de tête au quartier-maître : « On y va. » L’homme se dérida :

— Ce n’est pas votre premier embarquement, monsieur… est-ce que je me trompe ?

— Ni le dernier, commenta Bolitho en se mettant en marche aux côtés de Dancer.

Arrivés à la darse, ils trouvèrent le patron du canot qui s’était mis à l’abri derrière la jetée. Le Soient était couvert de clapot et les vagues brisaient sans discontinuer. De rares mouettes se détachaient sur le ciel de plomb comme autant d’embruns neigeux.

Le patron porta la main à son chapeau.

— Je vous suggère de les faire embarquer, monsieur. On est au jusant, et le capitaine veut faire une autre rotation – puis, à voix basse : S’appelle Mr. Verling, monsieur. Méfiez-vous, il est pas tendre avec les petits jeunes. Il préfère les voir mettre la main à la pâte.

Sur quoi il explosa d’un gros rire :

— Dieu du ciel, regardez-moi ça. L’va s’les faire pour le p’tit déjeuner.

Bolitho le reprit sèchement :

— … et je ferai de même avec vous pour le mien si vous ne cessez pas vos bavardages !

Dancer le regarda, éberlué, tandis que l’homme s’en allait sans demander son reste.

— J’en ai déjà vu des comme ça, tu sais, Martyn, commenta Bolitho. Encore un peu, et il m’aurait demandé la permission d’aller se jeter un petit godet de rhum… ce qui n’aurait pas enchanté le capitaine ! Bon, il faudra donc faire avec ce terrible Mr. Verling…

L’officier dont il parlait apparut près de la jetée, l’œil passablement brumeux.

— Allez, embarquez. Remuez-vous !

— Je commence à me dire que mon père avait raison ! remarqua sobrement Dancer.

Bolitho attendit que tout son monde soit descendu dans l’embarcation qui bouchonnait le long de l’échelle glissante.

— Je ne suis pas fâché de reprendre la mer – et, tout surpris, il se dit qu’il le pensait vraiment.

La traversée jusqu’au deux-ponts leur prit près d’une heure. L’embarcation dansait dans tous les sens et les aspirants qui avaient réussi à vaincre leur mal de mer eurent tout le temps de contempler leur nouvelle demeure qui grossissait droit devant entre les rideaux de pluie.

Bolitho s’était appliqué à en savoir un peu plus sur son nouvel embarquement. Les soixante-quatorze, comme on les appelait, constituaient l’ossature de la flotte. Au combat, on les trouvait toujours là où ça chauffait. Mais il savait pourtant, par expérience et pour l’avoir entendu dans la bouche des anciens, que chacun d’entre eux différait de ses semblables comme le sel diffère du vin.

Tandis que les nageurs peinaient pour faire sauter le canot d’une crête à l’autre, il concentra son attention sur le navire. Il apercevait déjà les mâts élancés, les vergues brassées, la coque noire et briquée qui luisait, interrompue en pointillés par les rangées de sabords fermés. Le pavillon rouge qui flottait à la poupe et le blanc entre les bossoirs créaient des taches de couleur sur fond de ciel gris et de mer sombre. Les nageurs commençaient à fatiguer, il fallait les ordres du patron et les vociférations du lieutenant de vaisseau qui en devenait cramoisi pour maintenir la cadence.

Sous le long boute-hors et la guibre, la figure de proue dorée semblait fixer les aspirants muets avec un regard qui évoquait la haine. C’était une pièce sculptée à la fois superbe et effrayante. La figure de la Gorgone émergeait d’un entremêlement de serpents, son visage montrait un regard féroce et ses yeux soulignés de rouge accentuaient encore cet air de menace.

Enfin, haletant et piétinant, ils se retrouvèrent poussés, hissés, bousculés sans cérémonie par-dessus le pavois, si bien que la vaste dunette leur parut presque un havre de paix en comparaison de ce qu’ils venaient de subir.

— Il a plutôt belle allure, Martyn, observa Bolitho à l’intention de son ami.

Il inspectait du regard l’alignement parfait des neuf-livres, les volées noires brillant sous la pluie, les affûts fraîchement repeints et tout les apparaux parfaitement saisis. Des matelots s’affairaient dans le gréement et sur les deux passavants. Les canons de dix-huit livres étaient régulièrement espacés ; plus bas encore se trouvaient les puissants trente-deux-livres, armement principal du bâtiment. La Gorgone avait de quoi élever la voix en cas de besoin.

— Par ici ! cria le lieutenant.

Les aspirants se hâtèrent d’obéir. Certains étaient morts de peur, complètement perdus ; d’autres, déjà, avaient l’oreille à ce que l’on attendait d’eux.

— Vous allez vous rendre dans vos postes – l’officier devait élever la voix pour vaincre le bruit de la pluie et le sifflement du vent aux prises avec le gréement et les voiles carguées. Laissez-moi seulement ajouter que vous embarquez à bord d’un des plus beaux bâtiments de la Marine de Sa Majesté, où l’on a les plus grandes exigences et où il n’y a pas de place pour les fainéants. Il y a en tout douze aspirants à bord, et les fils à papa ont intérêt à s’activer sérieusement s’ils veulent éviter de gros ennuis. On va vous donner des postes de travail dans l’entrepont et ailleurs… et je compte sur vous pour vous mettre à la tâche comme il faut et donner un exemple qui ne soit pas trop lamentable.

Bolitho se retourna : quelques hommes passaient sous la conduite d’un aide du bosco, qui n’avait pas l’air commode. À en juger d’après leur aspect, ces gens-là n’étaient pas marins depuis bien longtemps. On avait dû les extraire de prison ou de quelque prétoire : la Marine pourrait toujours les utiliser avant qu’on les déporte dans les colonies d’Amérique. Elle n’avait jamais assez d’hommes et les choses étaient encore pires en temps de paix. Tout en observant les matelots, Bolitho se disait que la harangue de l’officier n’avait aucun sens : les aspirants étaient peut-être jeunes et inexpérimentés, mais le reste de l’équipage ne valait guère mieux.

Tout en plissant les yeux pour se protéger contre la pluie, il rêvait au nombre d’hommes qu’un bâtiment de ce type arrivait à engloutir. Il savait que l’équipage de la Gorgone comptait six cents hommes – officiers, marins et fusiliers – dans ses larges flancs qui déplaçaient dix-sept cents tonnes. Et pourtant, on n’en voyait guère plus d’une trentaine à la fois sur le pont.

— Vous, là-bas !

Interrompu dans ses pensées, Bolitho se retourna vers l’officier.

— J’espère que je ne vous dérange pas ?

— Je suis désolé, monsieur.

— Je vais vous avoir à l’œil.

Le lieutenant se mit au garde à vous en voyant un autre officier approcher de l’arrière.

Bolitho devina que le nouvel arrivant devait être le second. Mr. Verling était un homme grand et mince au visage amer. On aurait cru un juge en train de prononcer une sentence de mort plutôt qu’un officier venu souhaiter la bienvenue aux nouveaux embarqués. Un nez protubérant, tout déformé, sortait de dessous son chapeau, comme si son propriétaire était à la recherche de quelque nouveau crime commis à bord. Il inspecta soigneusement la rangée d’aspirants de ses yeux sans pitié ni chaleur.

— Je suis le second de ce bâtiment, déclara-t-il enfin – sa voix était coupante, épurée de tout sentiment. Tant que vous serez à bord, vous vous consacrerez à vos différentes tâches, sans mollir. Votre apprentissage, la préparation de vos examens d’officier ne vous laisseront pas beaucoup de temps pour autre chose et vous en viendrez bientôt à considérer le repos lui-même comme une perte de temps.

Il leur indiqua l’autre officier d’un mouvement de menton.

— Mr. Hope est cinquième lieutenant : c’est lui qui s’occupera de vous jusqu’à ce que l’on vous ait attribué un poste de quart. Le maître d’équipage, Mr. Turnbull, s’emploiera bien entendu à vous donner quelques rudiments de navigation et en tout ce que vous devrez savoir pour manœuvrer un bâtiment à la mer.

Ses yeux d’acier s’arrêtèrent sur une silhouette malingre à l’extrémité de la rangée. C’était celle de l’aspirant qui avait été si malade dans le canot et qui semblait à deux doigts de recommencer.

— Et quel est votre nom ?

— Eden, m… monsieur.

— Age ? – le mot sifflait comme un rasoir.

— Dou… douze ans, m… monsieur.

— Il bégaie, monsieur, intervint Hope.

Son agressivité était un peu retombée, maintenant qu’il était face à un supérieur.

— Je vois bien. Mais je suis sûr que le bosco réglera ça avant qu’il ait treize ans, si du moins il vit jusque-là !

Verling décida que cela suffisait.

— Faites rompre, monsieur Hope. Nous appareillons demain si le vent se maintient, et il y a beaucoup à faire.

Il tourna les talons sans leur jeter un regard.

— Mr. Grenfell va vous conduire en bas, dit Hope d’un ton las.

Grenfell se révéla être l’aspirant le plus ancien. C’était un garçon d’environ dix-sept ans, impavide et massif, mais il se détendit un peu dès que Hope eut disparu.

— Suivez-moi, leur dit-il. Mr. Hope est un homme réglo, mais il craint pour son avancement…

Bolitho esquissa un sourire. L’avancement était toujours un sujet délicat à bord d’un grand bâtiment, surtout lorsque aucune guerre ne se chargeait d’éclaircir les rangs. Cinquième lieutenant, Hope ne comptait qu’un officier moins ancien que lui au carré. Il lui serait donc difficile de grimper… sauf si ceux qui étaient au-dessus de lui étaient eux-mêmes promus, mutés sur un autre bâtiment ou se faisaient tuer.

— A mon bord, lui souffla Dancer dans l’oreille, nous avions un sixième lieutenant. Il était tellement désespéré qu’il s’est mis à la flûte uniquement parce que la femme de l’amiral aimait cet instrument !

Ils suivirent en silence dans les échelles l’aspirant, qui les fit descendre au pont inférieur puis encore un étage plus bas. Plus ils s’enfonçaient, plus s’accusait la sensation d’engloutissement. Ils étaient entourés de silhouettes sombres, anonymes, qui paraissaient presque irréelles dans la pénombre. Ils se cognaient la tête contre les barrots et les apparaux des canons soigneusement suspendus près des affûts. De lourds effluves semblaient monter à leur rencontre, mélange de bœuf salé et de goudron, d’eau stagnante dans les fonds, remugles d’une pauvre humanité entassée. L’énorme coque craquait et grondait comme si elle eût été vivante. Les fanaux qui se balançaient jetaient des ombres gigantesques sur les membrures, sur les gens, donnant à la scène l’apparence d’un tableau.

Le poste des aspirants se trouvait tout en bas. Là, bien au-dessous du pont principal, sous la ligne de flottaison même, aucune lumière ne pénétrait que celle des écoutilles et des fanaux.

— Nous y voilà, déclara enfin Grenfell sans plus de cérémonie. Nous partageons ce poste avec les officiers mariniers supérieurs – il fit une moue en leur montrant un paravent de toile blanche. Mais ils préfèrent rester dans leur coin.

Bolitho observait ses camarades. Il n’était pas difficile de deviner leurs pensées. Il n’avait pas oublié ce qu’il avait lui-même enduré pendant ses premières heures à bord et combien il aurait donné cher pour recevoir alors ne fût-ce qu’un petit mot de réconfort.

— Ça paraît plutôt bien, mieux en tout cas que sur mon dernier bâtiment, finit-il par lâcher.

— Vraiment ? demanda le jeune garçon qui répondait au nom d’Eden.

— Ça dépend de toi, l’avertit Grenfell – et il leur désigna d’un geste théâtral une ombre qui arrivait. Voilà votre garçon de poste, il s’appelle Starr, mais il n’est pas très bavard. Vous lui direz ce dont vous avez besoin et je réglerai ça avec le commis.

Starr était encore plus jeune qu’Eden, dix ans peut-être. Plutôt petit, même pour son âge, il avait les traits chiffonnés d’un enfant des faubourgs avec des bras en allumettes.

— D’où viens-tu ? lui demanda doucement Bolitho.

Le garçon le regarda d’un œil las.

— De Newcastle, monsieur. Mon père était mineur, il est mort dans un éboulis.

Sa voix était monocorde, comme venue d’un autre monde.

— Je vais te tuer si tu traites encore mes chemises comme ça !

Bolitho se retourna. C’était un autre aspirant, rouge encore d’avoir subi la pluie et le vent. Avec Grenfell, il appartenait sans doute à la promotion précédente et il attendait comme lui de passer ses examens d’enseigne. Il était visiblement de fâcheuse humeur et avait le regard renfrogné d’un gaillard élevé à la dure.

— Calme-toi, Samuel, fit Grenfell, les petits nouveaux sont arrivés.

Ledit Samuel sembla soudain comprendre qu’il était entouré d’une bande de novices terrorisés.

— Je m’appelle Samuel Marrack, c’est moi qui suis chargé des pavillons et des messages du capitaine.

— Voilà un poste de première importance, déclara Dancer.

Marrack le regarda dans les yeux.

— Oui, c’est important. Et quand tu te présentes devant ton illustre capitaine, il vaut mieux avoir une chemise propre ! – il donna un léger coup de son chapeau au garçon de poste avant d’ajouter : Et souviens-toi de ça pour l’avenir, jeune chien fou !

Sur quoi il se laissa choir sur un coffre et conclut :

— Allons, tu ferais mieux d’aller me dégoter du vin, vois-tu, j’ai le gosier à sec.

Bolitho alla s’asseoir à côté de Dancer pendant que les autres ouvraient et refermaient leurs coffres à tâtons. Il avait espéré embarquer sur une frégate comme celle de son père. Ces bâtiments étaient libérés des règles astreignantes de l’escadre, ils couvraient des distances énormes en trois fois moins de temps qu’il n’en fallait à un gros pataud comme la Gorgone. Il avait souvent rêvé à toutes les aventures qu’un tel embarquement lui aurait certainement procurées.

Mais la Gorgone était sa nouvelle demeure et il devait s’en accommoder pour le mieux puisque la Marine l’exigeait. Ainsi donc, il était à bord d’un vaisseau de ligne…

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Extrait ajouté par Fnitter 2020-02-18T18:39:03+01:00

La chance tourne, monsieur!

Ce dont nous avons besoin aujourd'hui, monsieur Dancer, c'est de talent, mais je vous jure que je ne refuse pas d'y ajouter une pincée de veine!

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Extrait ajouté par Fnitter 2020-02-18T18:38:55+01:00

La seule manière de rester en vie à bord consiste à ne pas relâcher un instant sa vigilance.

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Extrait ajouté par Fnitter 2020-02-18T18:38:46+01:00

Quatre semaines, répondit Bolitho pour lui, et peut-être un peu plus longtemps si...

Elle l'arrêta en passant sa main dans ses cheveux :

Je sais Dick, ce célèbre "si". Ce mot, c'est sans doute la Marine qui l'a inventé.

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Extrait ajouté par Fnitter 2020-02-18T18:38:31+01:00

Le premier lieutenant me dit que vous vous êtes parfaitement comportés, et j'en suis heureux. Quant à vous, monsieur Bolitho, il ajoute que vous avez montré toutes les qualités que l'on attend d'un officier du roi. j'en ferai mention dans mon rapport à l'amiral.

Dancer se tourna vers Bolitho, mais son sourire s’effaça : penché sur le bastingage, son ami pleurait, les épaules secouées de sanglots. Richard se reprit et agrippa le bras de son ami pour le rassurer :

Tu sais, Martyn, lui dit-il au milieu de ses hoquets, les choses ont changé : le capitaine s'est souvenu de mon nom!

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Extrait ajouté par feedesneige 2015-07-14T21:50:50+02:00

I

Un vaisseau de ligne

Il était midi, mais les nuages qui déferlaient en rangs serrés au-dessus de Portsmouth laissaient penser qu’il faisait déjà presque nuit. L’aigre vent d’est qui soufflait depuis plusieurs jours avait transformé le mouillage encombré en champ de moutons et le crachin ininterrompu donnait aux bâtiments qui se balançaient sur l’eau, aux lourdes fortifications du port, l’aspect luisant du métal.

Massive, inébranlable, l’auberge de Blue Posts était bâtie à l’extrémité de la pointe de Portsmouth. Comme toutes les auberges et hôtelleries que l’on trouve dans un port à l’activité soutenue, elle avait subi des aménagements, des ajouts successifs, sans jamais perdre son aspect de havre du marin. À vrai dire, elle était fréquentée plus par des aspirants que par les pêcheurs accoutumés à vivre au rythme des marées – ce qui lui conférait une atmosphère à part. Malgré son plafond bas, l’ambiance plutôt bruyante, une propreté douteuse, l’endroit avait vu plus d’un amiral en herbe franchir la vieille porte égratignée.

En cette mi-octobre en l’année 1792, rencogné dans l’angle de l’une des longues salles, Richard Bolitho prêtait distraitement l’oreille au brouhaha des conversations, au tintement des assiettes et des pichets, au chuintement de la pluie sur les fenêtres étroites. L’air était chargé d’odeurs diverses : relents de cuisine, de bière, de goudron, de tabac. Lorsque les portes sur la rue s’ouvraient, dans un concert de protestations, s’y ajoutaient les effluves forts et salés des bâtiments au mouillage.

Bolitho allongea les jambes et poussa un long soupir. Le trajet en diligence pour venir de Falmouth avait été épuisant. Après avoir englouti une bonne ration du pâté de lapin, spécialité concoctée par la maison à l’intention de « ces jeunes messieurs », il se sentait somnolent. Il observait avec une certaine curiosité les autres aspirants présents. Certains étaient très jeunes, des enfants d’à peine douze ans. Cela le fit sourire en dépit de sa réserve naturelle. Lorsqu’il avait rejoint son premier embarquement, lui aussi n’avait que douze ans. En y repensant, il pouvait mesurer à quel point il avait changé. Ou plus exactement, combien la Marine l’avait changé. Il ressemblait alors à tous ces garçons attablés en face de lui. Un rien l’effarouchait – les bruits, l’aspect menaçant des bâtiments de guerre – mais il mettait son point d’honneur à n’en rien montrer, bien près d’imaginer qu’il était le seul à se laisser ainsi impressionner.

Quatre ans déjà, c’était presque incroyable ! Quatre années pendant lesquelles il avait mûri, s’était adapté à la vie en mer. Au début, il s’était dit qu’il ne parviendrait jamais à apprendre tout ce que l’on exigeait de lui. Il y avait d’abord l’incroyable complexité du gréement, les longueurs invraisemblables de cordages de toute sorte qui permettent de manœuvrer un navire. Puis les exercices dans la mâture et l’entraînement au tir, perché sur des espars mouvants, qu’il pleuve ou qu’il gèle. Il y avait aussi ces journées si torrides qu’on manquait s’évanouir et aller s’écraser sur le pont. Il avait peu à peu appris les lois non écrites qui régissaient la vie dans l’entrepont, tout cet ensemble de règles qui rendent possible l’existence à bord d’un vaisseau de Sa Majesté, malgré l’entassement. Tout cela n’avait pas été sans quelques bosses ni quelques larmes.

Et aujourd’hui, en ce triste jour d’octobre, il rejoignait son second embarquement à bord de la Gorgone, vaisseau de soixante-quatorze, mouillé quelque part dans le Soient.

Il eut un sourire narquois en voyant un aspirant haut comme trois pommes engloutir une énorme quantité de porc bouilli. Par le temps qu’il faisait, le gaillard allait le regretter en dégueulant tripes et boyaux.

Il songea soudain à sa demeure de Cornouailles, la grande maison de pierre grise au pied du château de Pendennis où il avait grandi avec son frère et ses deux sœurs. La famille y vivait depuis des générations. À son retour, il l’avait trouvée différente de l’image qu’avait gardée son souvenir : cette image dont il avait rêvé au milieu des tempêtes, sous le cagnard… Cette fois, seules sa mère et ses sœurs étaient là pour l’accueillir. Son père commandait un bâtiment identique à celui qu’il allait rejoindre tout à l’heure et croisait quelque part clans l’océan Indien. Son frère aîné, Hugh, servait en Méditerranée, aspirant à bord d’une frégate. La maison lui avait paru étrangement calme et vide après l’agitation du bâtiment qu’il venait de quitter.

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Extrait ajouté par wizbiz06 2012-08-13T21:02:49+02:00

Il inspectait du regard l’alignement parfait des neuf-livres, les volées noires brillant sous la pluie, les affûts fraîchement repeints et tout les apparaux parfaitement saisis. Des matelots s’affairaient dans le gréement et sur les deux passavants. Les canons de dix-huit livres étaient régulièrement espacés ; plus bas encore se trouvaient les puissants trente-deux-livres, armement principal du bâtiment. La Gorgone avait de quoi élever la voix en cas de besoin. — Par ici ! cria le lieutenant

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Extrait ajouté par wizbiz06 2012-08-13T21:02:43+02:00

Vous allez vous rendre dans vos postes – l’officier devait élever la voix pour vaincre le bruit de la pluie et le sifflement du vent aux prises avec le gréement et les voiles carguées. Laissez-moi seulement ajouter que vous embarquez à bord d’un des plus beaux bâtiments de la Marine de Sa Majesté, où l’on a les plus grandes exigences et où il n’y a pas de place pour les fainéants. Il y a en tout douze aspirants à bord, et les fils à papa ont intérêt à s’activer sérieusement s’ils veulent éviter de gros ennuis. On va vous donner des postes de travail dans l’entrepont et ailleurs… et je compte sur vous pour vous mettre à la tâche comme il faut et donner un exemple qui ne soit pas trop lamentable

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Extrait ajouté par wizbiz06 2012-08-13T21:02:37+02:00

Enfin, haletant et piétinant, ils se retrouvèrent poussés, hissés, bousculés sans cérémonie par-dessus le pavois, si bien que la vaste dunette leur parut presque un havre de paix en comparaison de ce qu’ils venaient de subir. — Il a plutôt belle allure, Martyn, observa Bolitho à l’intention de son ami

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Extrait ajouté par wizbiz06 2012-08-13T21:02:30+02:00

 Je ne suis pas fâché de reprendre la mer – et, tout surpris, il se dit qu’il le pensait vraiment. La traversée jusqu’au deux-ponts leur prit près d’une heure. L’embarcation dansait dans tous les sens et les aspirants qui avaient réussi à vaincre leur mal de mer eurent tout le temps de contempler leur nouvelle demeure qui grossissait droit devant entre les rideaux de pluie

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