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Je dormais avec un tee-shirt noir trop grand et délavé sur lequel était écrit « Oakland Raiders ». Je supposais qu’il avait appartenu à mon père, mais je n’en étais pas sûre. Il pouvait aussi bien provenir des boutiques d’occasions dans lesquelles Gina piochait des vêtements au hasard. Mais, pour une curieuse raison, j’aimais penser qu’il « lui » appartenait et il rendait un peu plus chaleureux le palais infesté de cafards dans lequel nous vivions.
Afficher en entier— Rentre chez toi. Éteins les lumières. Et suicide-toi.
Erin Alderman me jetait un regard noir. Une haine pure brillait dans ses beaux yeux brun-miel. Elle était à la tête d’un groupe de neuf pom-pom girls qui se trouvaient de l’autre côté d’une petite fenêtre rectangulaire. Mais la vitre n’était pas la seule chose qui nous séparait.
Afficher en entier— Je ne vais pas gâcher toute une coupe de glace parce que ta maman ne t’a pas appris à gérer la déception. Va voir ailleurs, dit-elle avec un geste dédaigneux du menton.
— Je dirai à ma maman ce que vous pensez de son éducation, Frances.
Sonny avait littéralement craché ces mots, et s’était bien assurée d’appeler Frankie par son vrai prénom, celui qu’elle détestait.
— Je suis sûre que votre progéniture vous a rendue experte en la matière.
Frankie sourit poliment.
— C’est plutôt le terme qu’on donne aux portées de chiens, Masterson. Il n’y a que ta mère pour appeler ses enfants comme ça.
Afficher en entierprintanière. Je me mis à courir. Je ne voulais pas patauger dans mes chaussures et attirer davantage l’attention que ne le feraient déjà mes cheveux trempés.
Une fois à l’intérieur, je me dirigeai tout droit vers les toilettes de l’aile est. Situés juste à côté du bureau, je m’attendais à y croiser des professeurs. En effet, Mme Pyles était en train d’utiliser le sèche-mains automatique.
Afficher en entierLes joues de Weston étaient déjà rougies par l’effort, comme si on lui avait appliqué un peu de blush, ou giflé plusieurs fois, et elles gagnèrent encore deux teintes. La rougeur de ses joues accentuait l’éclat de ses yeux émeraude. Je m’efforçais tant bien que mal depuis la primaire de ne pas me noyer dans ces yeux-là, et je redoublais d’effort depuis qu’Alder avait jeté son dévolu sur lui l’année précédant notre entrée au lycée.
Afficher en entierSara Glen était assise en face de moi à notre table. Elle ne m’adressait la parole que pour me raconter les rumeurs de la journée qui couraient sur moi, comme lorsque Brian Grand avait entamé une discussion en cours d’éducation pour dire combien j’étais répugnante de porter tous les jours le même jean sale.
Je n’en possédais que deux, trouvés aux fripes et presque identiques. Il m’était arrivé de les salir deux jours d’affilée et, à cause du travail, de n’avoir pas eu le temps de les emmener au Lavomatique. C’était cette fois-là que Brian avait fait la remarque, et je ne pouvais rien dire car il avait raison.
Afficher en entierTrente minutes avant la première sonnerie, j’ajustai mon sac à dos et je me mis en route comme tous les matins. Le lycée de Blackwell n’était qu’à quelques kilomètres et, tant que le ciel restait sec, la marche n’avait rien d’insurmontable. C’était ces moments de calme entre Gina et l’école que j’appréciais le plus – mais ils ne me manqueraient pas. Rien ne me manquerait à Blackwell, à l’exception de Frankie, de ses petits morveux d’enfants et peut-être des yeux verts de Weston.
Afficher en entierLes autres ne me témoignèrent pas la même politesse, et la plupart d’entre eux ne me regardèrent même pas dans les yeux. Mais j’avais l’habitude. J’avais grandi avec une mère qui visitait souvent l’intérieur d’une cellule de prison, et les autres parents ne se cachaient pas pour tenir leurs enfants à l’écart de la fille de Gina Easter. Pourtant, ma mère n’avait pas toujours été aussi paumée. Elle avait été élue reine du bal de Blackwell en 1995. Je l’avais appris en tombant par hasard sur les photos. Elle était magnifique avec sa frange blonde peignée sur le côté, ses joues rondes et saines et ses grands yeux marron.
Afficher en entierLes semelles de mes chaussures crissaient sur le gravier du bord des routes plongées dans l’obscurité. Seuls quelques quartiers de la ville étaient pourvus de trottoirs, et le chemin le plus court pour rentrer chez moi n’en faisait pas partie. Quelques voitures passèrent, mais à part ça, c’était un jeudi soir tranquille. Pas de messe, pas de match. Pour rentrer à pied, le jeudi était mon jour préféré.
Je grimpai les marches en béton du perron, et la porte moustiquaire s’ouvrit en grinçant. J’entendis sa musique de l’autre côté et je marquai une courte pause, le temps de me préparer mentalement à ce qui m’attendait à l’intérieur. Quand j’ouvris la porte et découvris le salon vide, je filai dans ma chambre et m’y enfermai.
Afficher en entierQuelques-unes pénétrèrent sur le parking du DQ, une douzaine de gars en sueur en sortirent et se dirigèrent vers ma vitre. Frankie ouvrit la sienne et deux files se formèrent.
Weston Gates dut se pencher pour me regarder dans les yeux, les siens apparaissant derrière des mèches de cheveux bruns et hirsutes, encore
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