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La porte s'ouvrit toute grande et la haute silhouette de mon père se profila sur le seuil. Il me toisa comme si je n'étais rien de plus qu'une saleté oubliée sur le plancher.
- Sale petite morveuse ! lança-t-il en faisant un pas en avant pour m'attraper. Tu veux manger? Je vais te donner quelque chose à manger, tu vas voir...
Il s'accroupit devant le foyer, prit la pelle à charbon et gratta le fond de l'âtre pour récupérer de la suie. Puis il en remplit la boîte à pain.
Je savais maintenant ce qu'il allait faire.
- Ouvre la bouche ! cria-t-il en tenant une cuillère remplie de suie devant mon visage.
Afficher en entierDoucement, je m’enfonçai dans une indolence exacerbée par l’inanition. Je me fichais bien de ce qu’il pouvait m’advenir. Au début, je cherchais des restes de nourriture, je ratissais les deux rues les plus proches juste après le départ des travailleurs et des écoliers. Je ne me sentais pas la force de m’aventurer plus loin. Parfois, je trouvais un sac contenant des rogatons d’une nourriture inconnue. Mais, la plupart du temps, je demeurais le ventre vide. Dès que je tombais sur des détritus, je devais me battre avec des chiens errants, des animaux désespérés aux poils du cou hérissés et aux côtes saillantes, pour m’en emparer avant qu’ils ne les déchiquettent. Un être humain peut-il tomber plus bas ? Et si les chiens se battaient pour avoir ma peau ?
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