Extraits

D’abord, il y eut le noir et le silence.

Le monde s’était réduit à une immense boîte sombre que quelqu’un déplaçait sans précaution. Le currūs qui nous transportait était plongé dans la pénombre : pas de fenêtre et aucune lumière interne pour nous rassurer. Malgré sa flottaison à près d’un mètre du sol, il s’élevait de temps à autre, comme pour éviter un obstacle. Cela arrivait de plus en plus souvent au fur et à mesure que l’on se rapprochait de la Zone.

Si Prym était un phare, j'étais une tempête.

Une tempête aussi silencieuse que la nuit.

C'est ce que j'appelle la théorie de l'absence. On ne voit pas ce qui n'existe pas, on ne s'en rend pas compte.

Prym ne me vit pas essuyer une larme brûlante.

J'étais celui que je haïssais.

- Il y a plus de morts que de vivants dans la Zone.

- Le sont-ils vraiment ?

- Quoi donc ?

- Vivant.

Seuls les monstres survivent en enfer.

Je ne voulais pas sortir de ce rêve.

Mais sans la voix chantante, rien n'avait de sens.

Cette seconde présence m'entoura de chaleur et de lumière.

Un soleil dans la nuit.

Puis, je me souvins.

Je me souvins du noir et du silence.

De la peur.

De mes doutes.

De mon passé.

De mes espoirs.

De ma promesse.

De tout ce que j'avais dû abandonner derrière moi.

De ces vies que j'aimais et qui ne tenaient qu'à un fil.

L'une d'entre elles se trouvait près de moi.

Une personne que je refusais de perdre.

Et puis, il y avait ce conseil d'un père.

Ne pas douter.

Plus jamais.

J'ouvris les yeux.

- J'ai plutôt tendance à appeler ça du génie. Et encore, je me trouve modeste.

- Il y a beaucoup de termes qui te qualifient, et modeste n'en fait pas partie.

L’ombre passe, mais la lumière demeure.

Les jours étaient des nuits, les nuits des jours. Chaque minute qui s'écoulait durait une éternité et l'éternité ne paraissait durer qu'une poignée de secondes.