Quelle injustice que les choses interdites soient toujours les plus intéressantes !

Il prit une expression de profonde sagesse.
- Il est très difficile de retrouver des objets volés, madame Chapelier, car très souvent, ils ont disparu.
Cette logique était si imparable qu'Ariane en resta muette.

- Certaines de ces cartes représentent des lieux, d’autres la route pour y parvenir. Certaines sont des cartes de villes, d’autres d’États, d’autres encore d’états d’esprit. Enfin, certaines font partie d’autres cartes.

- Ce qu’on appelait autrefois la Grande Époque de la magie est maintenant appelé les Temps obscurs par des gens qui croient tout savoir mieux que tout le monde, avait-il continué. Alors qu’on fabrique de plus en plus de machines et que les enfants sont toujours plus nombreux à travailler dans des manufactures lugubres, on appelle ça l’âge des Lumières.
- Mais pourquoi ?
- Pour se convaincre que c’est mieux, j’imagine.

Ce qui a disparu peut être retrouvé.

J’entendais toujours mon souffle, mais plus faiblement, et j’entendais aussi leurs souffles et leurs cœurs, ils me serraient contre eux, nous étions tous blottis les uns contre les autres, nous flottions au milieu de la salle, sans début ni fin.

J’essayais de me rappeler les histoires qui me rendaient forte, mais je ne retrouvais que leur squelette, pas le cœur qui battait en elles. Leur chaleur s’était gelée.

Sur Mirabilis, c’est Jack qui a gagné aux dés. Heureusement que, contrairement aux missions Apollo et Eridania, nous n’émettions pas d’images en direct, parce que les paroles immortelles qui ont jailli de la bouche de Jack Vo, spécialiste de mission, le premier être humain à fouler du pied cette planète, ont été : « Mais c’est quoi ce truc, bordel ? »

Nous nous comportons en locataires soigneux, en observateurs éthiques, afin de minimiser notre influence. De la minimiser seulement. Il faut accepter que tout mouvement crée une onde et que, si on n’accepte pas ce risque, on reste au lit sans rien apprendre.

- La vie, c'est toutes les choses que l'on fait avant de mourir.

- Le décès peut prendre de nombreuses formes. Certains s'endorment et ne se réveillent jamais, d'autres souffrent plus ou moins longtemps. D'autres encore sont déchiquetés au milieu d'un musée de cire par un animal en fuite. Le résultat est le même.

Elle avait une télévision dans sa chambre qu'elle allumait pour noyer le bruit et qu'elle faisait semblant de regarder si ses parents entraient dans sa chambre à l'improviste. Apparemment, regarder par la fenêtre n'était pas normal, mais regarder la télé, si. Reggie avait d'ailleurs remarqué que les adultes étaient toujours contrariés quand les enfants faisaient des choses qu'ils estimaient pas normales, mais puisque personne n'avait pensé à écrire un livre sur ce qui entrait ou non dans cette catégorie, Reggie avait beaucoup de mal à s'y retrouver.

- Il sera désormais illégal pour tout individu de moins de seize ans de suivre qui que ce soit, d'échafauder des théories abracadabrantes ou de surprendre des conversations suspectes.

- Ton émission préférée commence dans une minute.
- Celle où les gens sont hypnotisés et où on les force à manger du papier de verre ?
- Non. Celle où on annonce aux candidats que leur famille est morte.
- Oh, je l'adore. Elle est tellement drôle.

- Tu vas devoir laisser ça là. On ne peut pas apporter d'objets contaminés dans l'hôpital.
- C'est juste mes habits et des livres.
- Des livres ? C'est pire que tout ! s'est écriée la réceptionniste. Toutes ces mains couvertes de microbes qui tripotent des pages poreuses et dégoûtantes. Hors de question. Les livres en tous genres sont interdits à l'hôpital depuis l'épidémie de romances de 1989. Une horrible affaire. Quelqu'un avait apporté une pile de romans à l'eau de rose un lundi et, le vendredi suivant, on avait tellement de cadavres que M. Milkwell a dû affréter un car.

- Voulez-vous un verre d'eau ?
- Je ne bois jamais d'eau.
- Vous n'êtes pas déshydraté ?
- Pas du tout. La déshydratation est un mythe créé par les vendeurs d'eau en bouteille et de crème hydratante.

- Bonjour. Voilà. Je suis dans le coin pour vendre des anecdotes.

« La glace rafraîchit et fond sur les dents.
Plus douce que la mort,
elle dure moins longtemps.
La glace est parfaite pour achever un repas,
Mais en matière de fin, rien ne vaut le trépas.
La glace est une option, pas une obligation,
La mort est toujours là,
vous n'y échapperez pas.
Elle n'a ni vermicelles ni sauce chocolat,
Ce n'est pas du gâteau, mais le dernier repas. »

J’ai l’air tranquille et solide mais bien peu savent combien de femmes il y a en moi.

- C'est ce que tu voulais, non ? demande-t-il. C'est bien pour ça que tu as tout sacrifié. Allons, viens. Tout est à toi.

- Alors, on vend ? On achète ? On nettoie ses entrailles collées au plafond ?

Si je ne peux pas être meilleure qu'eux, alors je serai pire.

- Lorsqu'un grand pouvoir est concentré en un seul point, certains sont prêts à se battre pour en obtenir des miettes. Quand la cour n'est pas occupée à boire du poison, elle boit de la bile.

Quand on était petites, on parlait très souvent de retourner vivre dans le monde des humains. Vivi répétait que, lorsqu'elle connaîtrait mieux la magie, on pourrait s'enfuir. On était censées se trouver une demeure abandonnée; Vivi devait enchanter des oiseaux qui veilleraient sur nous. Ils nous achèteraient des pizzas et des bonbons, et on irait à l'école seulement si on en avait envie.
Hélas, le temps que Vivi apprenne à rejoindre ce monde, la réalité est venue contrecarrer nos plans : il s'avère que les oiseaux, même enchantés, ne peuvent pas vraiment acheter des pizzas.

Le palais du roi de Domelfe comprend bien des alcôves et couloirs secrets, idéaux pour les rendez-vous galants, les assassinats, ou encore pour rester en retrait de la fête et s'ennuyer ferme.

Elle-même n’était qu’une inconnue, étrangère à leur famille et à leur mode de vie. Elle était américaine, pas britannique. Elle cherchait l’amour et la fidélité, pas le rang social et la richesse.
Mais qu’était-ce donc que l’amour ? Ce n’était pas une question à laquelle elle avait beaucoup réfléchi par le passé. Quelque chose de pur et d’altruiste, ou ce besoin brûlant et impérieux qui la consumait chaque fois que James la touchait ?