Affaire Dominici - La contre-enquête

De ce que je savais de l'affaire et d'après les films que j'avais vu, je croyais dure comme fer que Gaston Dominici était innocent et avait était condamné après une enquête bâclée.

Mais à présent que j'ai lu cet ouvrage, très complet, avec des photos et documents d'époque ainsi que quantité d'extraits de procès-verbaux, de rapports d'enquêtes et articles de journaux, je me rends compte que le meurtre de la famille Drummond, même 60 ans plus tard, reste un mystère judiciaire. En effet, cette affaire est un vrai sac de nœuds, d'une complexité qui ferait pâlir les plus grands auteurs de polar. Les preuves matérielles étant presque inexistantes et les avis des spécialistes balistiques et des médecins légistes ne permettant pas d'établir clairement ce qu'il s'est réellement produit la nuit du 4 au 5 août 1952, toute l'enquête ne repose presque qu'exclusivement sur des témoignages.

Et quels témoignages ! Entre ceux qui attendent des mois voire un an avant de donner les informations aux enquêteurs, ceux dont les témoignages varient au cours du temps et ceux, nombreux et récurrent au sein de la famille Dominici, qui se contredisent voire se rétractent ou mentent sans aucune honte, on peut dire que l'affaire Dominici c'est du vent !

Alors, certes, l'enquête à l'époque n'a pas forcément été mené de la meilleur des façons et a d'ailleurs été très critiqué par la suite, mais quand on voit le manque de preuves matérielles sur lesquelles s'appuyer, quand on lit les témoignages proprement ahurissant de Gustave Dominici ou Roger Perrin, et quand on y ajoute la pression de la presse et des théories plus que fumeuses qui fleurissent autour de ce cas, je pense qu'il faut quand même saluer la ténacité des forces de l'ordre qui ont travaillé sur cette affaire, que ce soit la police judiciaire, la gendarmerie ou bien encore les magistrats.

J'apprécie tout particulièrement l'attitude de l'auteur Jean-Louis Vincent, ancien commissaire de police, qui raconte avec moult détails, documents et précisions toute la complexité de cette enquête. Et vous pouvez me croire, il fallait bien ces 650 pages pour se rendre compte de l'étendu de l'affaire ! Cet ancien commissaire relate les faits sans prise de position, même s'il fait parfois preuve de critique, de réserve ou de compréhension à l'égard de ses collègues de l'époque. Quant à son point de vue sur l'affaire, faute de preuves et de certitudes, il ne reste qu'au stade d'hypothèses étayées.

La vérité est que l'on ne saura jamais avec certitude ce qui s'est passé cette nuit-là, ni qui est l'auteur de ce triple homicide, ni même s'il avait des complices.

En ce qui me concerne, si Gaston Dominici est clairement, et c'est l'avis de beaucoup, impliqué dans cette tragique histoire, je doute fortement qu'il soit seul responsable. En effet, comment expliqué sinon l'attitude de son fils Gustave qui ment, nie ses précédentes déclarations, prétend même avoir été violenté par la police ou encore avoir signé de fausses déclarations et revient systématiquement sur ses accusations envers son père ou la police lorsqu'il est confronté à ceux qu'il accuse. Cet homme est un lâche qui refuse d'assumer ses actes. Il est le premier à accuser son père, mais sera trop couard pour l'admettre et dira que c'est son frère Clovis, quand bien même il l'a lui même dit devant les magistrats. Il aurait même abandonné la petite Elizabeth, 10 ans, à son triste sort, alors qu'il l'aurait trouvé encore agonisante et n'aurait prévenu la police que plusieurs heures plus tard. Bref, lisez et vous pourrez apprécier à votre tour toute l'étendu de sa prestation. Quand au petit fils de l'accusé, Roger Perrin, son attitude et ses mensonges à répétition laisse penser qu'il est lui-même impliqué dans les faits.

Mais le rôle de chacun lors de cette nuit tragique où une famille a perdu la vie reste et restera toujours un mystère.

A chacun, après avoir lu ce livre et d'autres sources, de se faire sa propre opinion sur l'affaire Dominici. Ma seule certitude, que je partage avec Jean-Louis Vincent, est que la clef de toute cette histoire réside au cœur de la famille Dominici.