Extraits

Elle s’apprêtait à recommencer, à s’offrir à lui corps et âme. À l’embrasser. Le destin avait, semblait-il, un sens de l’humour saugrenu et exigeait une redite de la plus terrible humiliation de sa vie.

— Non, dit-elle, ravie que sa voix soit aussi ferme.

Il ne s’arrêta pas, il continua de marcher, ses larges épaules passant de la salle de bains éclairée à l’obscurité du salon.

— Brody !

Elle lui emboîta le pas. Si elle n’était pas certaine à cent pour cent que le désir qu’elle éprouvait pour lui était réciproque, elle l’aurait laissé partir.

Mais Brody la voulait.

Elle en était intimement convaincue.

Elle l’attrapa par le coude et fut aussitôt capturée dans la chaleur et la puissance de cet homme tandis qu’il faisait volte-face, posait les mains sur ses hanches et l’obligeait à reculer jusqu’à ce qu’elle se retrouve contre la porte de la salle de bains.

Il ne lui fit pas mal, à aucun moment ; ses gestes étaient si doux, si mesurés.

Toutefois, il se maîtrisait difficilement.

Baie de Cook, Moorea, îles polynésiennes, août 2013

Pour un homme laconique, Brody Baxter détestait le silence. Tandis qu’il regardait les vagues s’écraser sur la plage, il regretta que son frère ne se trouve pas à ses côtés. Le babillage de Sean lui aurait permis de se concentrer.

Alors qu’il entamait sa troisième heure d’une garde qui devait en durer quatre avec rien que le clair de lune et les dauphins à l’horizon, Brody pria pour qu’une escouade paramilitaire attaque la villa par les flots, même si une horde de paparazzis armés de caméras surgissant des plantations de tiaré à sa gauche aurait tout aussi bien fait l’affaire.

Tant que cela rompait la monotonie ambiante.

Il en riait à présent mais, à une époque, il était persuadé que protéger des politicards véreux serait plus excitant que protéger des politiciens honnêtes. L’expérience lui avait prouvé le contraire.