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La partie s'acheva enfin et ils regagnèrent chacun leur chambre, enfermés dans le silence onéreux auquel l'hôtel les avait habitués. En passant devant la réception, Agatha remarqua que le portier de nuit était assoupi sur une chaise, derrière le comptoir. N'importe qui peut rentrer ou sortir sans qu'il ne s'en aperçoive. Il était sûrement en train de roupiller quand cette morue est venu vandaliser mon vison.

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Quoi de plus déprimant, pour une femme d'âge mûr à moitié chauve qui se languit d'amour, que de se retrouver dans une station balnéaire anglaise hors saison ?

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Alors qu’ils marchaient le long de la jetée, Agatha aperçut une affiche : SOIRÉE DANSANTE POUR LES ANCIENS. Puis, en plus petit : « Moitié prix pour le troisième âge ». Cet endroit va me flanquer un coup de vieux, pensa Agatha, qui regretta aussitôt d’être venue.

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(...) Je me présente : Agatha Raisin, Mrs Agatha Raisin. Je loge au Garden Hotel.

– Et il y a un Mr Raisin ?

– Mort.

– Je suis désolé.

– Pas moi. »

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Comme la marée était basse, elle descendit sur la plage, où de grosses vagues vert-de-gris déferlaient avec fracas sur les galets.

Quelques vers appris à l’école lui revinrent soudain en mémoire.

"Mais désormais je n’entends plus

Que sa mélancolie qui, grondante et mugissante,

Se retire devant le souffle

Du vent de la nuit, et reflue le long des vastes et mornes bords

Et des galets nus du monde"

Agatha reprenait du poil de la bête. C’était formidable d’être capable de se rappeler quelque chose, ne serait-ce qu’un fragment de poème. C’était l’une de ses angoisses : qu’un jour ses souvenirs lui échappent.

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Agatha rédigea le chèque et le tendit à la sorcière. Puis elle enfila son manteau, fourra les deux bouteilles dans son sac à main et se dirigea vers la porte.

« Et débarrassez-vous de ce manteau, lui dit Francie. C’est une honte. »

Agatha lui lança un regard furibond et sortit sans un mot. Personne n’imaginait ce que ce manteau représentait pour elle. Il était son tout premier achat de prix, après qu’elle était parvenue à échapper au quartier peu reluisant où elle était née à Birmingham, gravissant les échelons du succès un à un. Pour elle, ce manteau était une armure étincelante, signe de l’avènement d’une nouvelle Agatha Raisin, une Agatha Raisin à l’abri du besoin. À l’époque, porter un manteau de fourrure n’était pas encore un crime.

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Une fois de plus, Agatha frictionna de lotion les zones chauves de son crâne, enroula un foulard en mousseline de soie autour de sa tête et descendit pour le dîner. Après avoir lancé un "Bonsoir" à la cantonade, elle sortit un livre de poche et se mit à lire pour maintenir les résidents à distance.

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Mais à cet instant précis, un rayon de soleil tomba sur la bière de Jimmy. Pourquoi pas ? Avec un peu de chance, il aura la tourista, se dit-elle. De toute façon, ce n'est probablement que de l'eau sucrée. Agatha jeta un coup d'oeil autour d'elle dans le salon désert et vida la moitié de la bouteille dans le verre.

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Elle déclina l'invitation du colonel à boire un verre et monta dans sa chambre, se faisant la réflexion qu'ils avaient tous été d'agréable compagnie. Quand on les connaît, c'est fou ce que les personnes âgées semblent moins racornies.

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Le directeur entra avec une radio à piles. "Je me suis que vous aimeriez écouter les informations. Ils prévoient un dégel pour ce soir. Ils espèrent que l'électricité sera remise en service d'ici là. Pauvre de moi, un tel gâchis de nourriture. Avec les congélateurs à l'arrêt, nous avons été obligés de jeter beaucoup de choses."

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