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— Tu te moques de moi... murmurai-je, ne sachant pas si je voulais éclater de rire ou être choquée.
Szaro me lança un regard confus. Je secouai la tête pour dire que ce n’était pas important.
— Il faut que tu goûtes. C’est extrêmement nutritif, dit-il avec enthousiasme.
J’hésitai.
— Oh... je ne sais pas trop.
Il ignora mes protestations et, tenant toujours ma main, m’attira vers un autre arbre.
[...]
Sans aucun Scoga conscient dans les parages qu’il pourrait effrayer, Szaro saisit une paire de fruits bleus et commença à les masser.
— Prends l’entonnoir lorsqu’il se déplie et tiens-le devant ta bouche, dit-il. Ne t’inquiète pas, tu ne vas pas t’étouffer. Ça vient par petites giclées.
Ce fut trop. J’éclatai de rire, tout en grimaçant, et saisis ses mains pour les éloigner des fruits. Sa confusion me fit rire encore plus.
— Qu’est-ce qu’il y a ? Tu ne veux pas y goûter ? demanda-t-il
— Trésor, je réalise que cela ne signifie rien pour toi, mais toute cette histoire est très gênante pour moi, dis-je, me sentant stupide de ma réaction d’écolière. Les humains ont une expression pour décrire un certain état dans lequel un homme peut se trouver. On appelle ça « avoir les boules bleues ».
Les yeux de Szaro s’écarquillèrent et sa tête se tourna vers les fruits. Il les fixa pendant un moment, une série d’émotions défilant rapidement sur ses traits. Je ne croyais pas qu’il ferait l’association, vu la différence anatomique entre les Ordosiens et les humains, mais...
— Les hommes seulement ? Pas les femmes ? demanda-t-il.
— Seulement les hommes, confirmai-je en hochant la tête.
Szaro détacha son regard des fruits pour m’observer d’un air des plus étranges, ce qui me donna envie de me tortiller.
— Es-tu sérieusement en train de comparer le fruit du rugal à des organes génitaux masculins humains ? demanda-t-il, incrédule.
— Hé ! Tu as réussi à faire l’association. Donc, il y a clairement une ressemblance !
Mon ton était légèrement défensif, même si je luttais contre l’envie de glousser.
— Seulement parce que je ne vois pas d’autres « boules » qu’un mâle humain pourrait posséder et qu’une femelle ne possède pas, argua Szaro. Vos livres d’anatomie ne montrent pas qu’elles soient bleues, ni que vos mâles aient un pénis aussi long et étroit.
— C’est vrai, dis-je, luttant toujours contre l’envie de rire malgré mon embarras. Mais avoir les boules bleues signifie que l’homme est excité mais ne peut pas jouir. Te voir les masser pour faire durcir la tige – ou l’entonnoir – afin qu’il puisse gicler, c’était plus que je ne pouvais en supporter.
— Tu es perturbée, dit-il en me regardant comme si une deuxième tête m’avait poussé.
Je gloussai d’un air penaud.
— Ce n’est rien. Les humains peuvent devenir extrêmement stupides lorsqu’il s’agit de plaisanteries sur le sexe.
Il me fixa un moment de plus, apparemment désemparé.
— Ce n’est pas un organe sexuel. C’est un fruit qui produit une pâte hautement nutritive, dit-il enfin. Elle peut te fournir une alimentation adéquate et renforcer ton système immunitaire.
— D’accord, dis-je en redevenant sérieuse. Je vais goûter un peu de ta pâte de rugal. Mais plus de massage de boules pour toi.
Je ne savais pas pourquoi je prenais un tel plaisir juvénile à le taquiner de la sorte. J’étais simplement soulagée de voir que, même s’il ne comprenait pas pourquoi je trouvais cela si comique, la situation commençait à l’amuser. Mais lorsque je commençai à masser les boules et que j’ouvris la bouche sous la tige qui se déployait, l’expression de Szaro changea. Même s’il m’avait rappelé que les rugals étaient des fruits, il ne pouvait plus les voir simplement comme tels. Je les avais gâchés pour lui... et je n’en avais absolument pas honte.
Cela dit, quel que fût l’esprit espiègle qui s’était emparé de moi, lorsque cette substance blanche atterrit sur ma langue et que les saveurs les plus divines, crémeuses, sucrées et citronnées explosèrent sur mes papilles gustatives, le gémissement voluptueux qui s’échappa de ma gorge ne fut certainement pas planifié. Avec une volonté propre, mes mains se mirent à travailler ces boules de manière frénétique, les pressant jusqu’à la dernière goutte. J’entendis vaguement Szaro éclater de rire, mais je m’en fichais.
Afficher en entierDédicace
À tous ceux qui ont eu le courage de faire ce qu'il fallait, même si cela leur a coûté cher. Tôt ou tard, et généralement quand vous vous y attendrez le moins, le karma assurera vos arrières.
Afficher en entierLéshu et Érastra étaient hilarants. Au début, je craignis que leur relation ne se soit détériorée au fil des ans vu qu’elle était toujours sur son dos et critiquait constamment une chose ou l’autre qu’il avait faite, comme ce fut le cas avec sa mue. Mais ensuite, je réalisai que c’était un jeu entre eux. Quand elle n’avait rien à lui reprocher, il faisait délibérément quelque chose pour la provoquer. À plusieurs reprises, je surpris l’un ou l’autre essayant de cacher son visage pour qu’on ne voie pas le rire qu’il ne pouvait réprimer.
Mais quand ils ne s’embêtaient pas, ils se câlinaient de la façon la plus adorable qui soit. Les voir ainsi me donnait envie. Lorsque je me rendis à la douche et que je vis cet énorme mâle gratter doucement les écailles du capuchon, du dos et de la queue d’Érastra avec la pierre poreuse qu’ils utilisaient pour se laver, je fondis de l’intérieur.
Afficher en entierTout Tulma était assis derrière moi pour cette cérémonie inhabituelle destinée à compléter mon union partielle. J’avais agonisé à l’idée de faire asseoir Séréna pendant la danse lors de notre cérémonie originelle, mais j’avais su qu’elle n’avait pas la force physique pour tenir les bandes.
Je m’étais convaincu que notre union ne serait pas contestée même si elle n’avait pas dansé. Découvrir que toutes les autres tribus l’avaient rejetée m’avait fait l’effet d’une douche d’acide. Séréna était ma conjointe. Notre accouplement près de la rivière n’avait fait que confirmer qu’il n’y aurait jamais d’autre femelle pour moi. Par conséquent, j’étais plus que reconnaissant envers ma mère d’avoir mis tout ceci en branle. Cela effacerait tout doute quant au fait que ma Séréna avait voulu me réclamer lors de la première cérémonie.
Même si nous ne ferions pas le rituel complet ce soir, Séréna et moi avions pris une douche avant.[...]
Aucune danseuse n’entourait le cercle, aucun mâle ne battait son tambour et aucun guerrier ne me défierait ce soir. Mais nos trois Doyens se tenaient sur l’estrade aux pieds de la Déesse, surplombant le Cercle qui, pour ce soir seulement, avait été recouvert d’un mince tapis pour capitonner le sol en pierre.
Mon coeur fit un bond et le silence s’abattit sur l’assistance lorsque la silhouette délicate de ma conjointe s’approcha du côté gauche du Grand Cercle et se dirigea vers le centre. Elle portait ce que j’avais fini par appeler ses sous-vêtements. Il s’agissait en fait d’un soutien-gorge de sport et d’un short d’entraînement. Les deux étaient noirs et cachaient très peu de sa belle peau. J’aurais aimé qu’elle s’habille aussi légèrement plus souvent. À ma grande surprise, Séréna était pieds nus, à part une sorte de tissu noir enroulé autour de ses chevilles et de ses orteils. Dans sa main, elle tenait le ruban étroit sur un bâton.
Elle s’agenouilla face à moi, son regard rivé au mien. Une communication silencieuse passa entre nous. L’assurance dans ses yeux apaisa en partie l’inquiétude qui me rongeait. Séréna sourit puis jeta un coup d’oeil à Mandha. Ma conjointe hocha la tête d’un mouvement subtil, donnant à mon frère le signal pour lancer la musique étrangère qu’elle avait sélectionnée.
Séréna s’inclina, le front appuyé sur le tapis et les deux bras tendus devant elle. Je retins mon souffle, tandis que le silence s’étirait pendant quelques secondes de plus. Puis les notes claires d’une mélodie paisible s’élevèrent autour de nous. Toujours dans sa position inclinée, Séréna commença à remuer le bâton, juste au-dessus du sol. La bande semblait glisser à grande vitesse devant elle tandis que son bras libre ondulait dans un mouvement gracieux. Elle se redressa soudain, faisant tournoyer le ruban en de larges mouvements tout autour d’elle, un sourire radieux illuminant son visage.
Un halètement collectif d’émerveillement s’éleva de la foule. Nos bandes étaient trop grandes et trop lourdes pour exécuter les mouvements complexes et rapides du ruban de ma conjointe. Et, dans l’obscurité, le tissu bleu clair et lumineux du ruban donnait l’impression que l’esprit du serpent s’ébattait dans une danse joyeuse autour d’elle.
Sans arrêter le mouvement du ruban, Séréna rejeta sa main libre en arrière, se hissant sur la pointe des pieds et faisant un saut périlleux arrière en utilisant sa main comme levier, pour se retrouver en position debout. Elle commença alors à courir autour du Cercle, exécutant des pas de danse, des sauts et des mouvements acrobatiques impossibles – dont certains me faisaient craindre qu’elle ne se blesse – tandis que son ruban dessinait les arabesques les plus envoûtantes.[...]
Et puis la catastrophe... Je regardai avec horreur comment, après avoir pivoté plusieurs fois sur elle-même, Séréna lança son bâton. Mon coeur vola en éclats et mon sang se transforma en acide tandis que des halètements horrifiés s’élevaient derrière moi. Le temps sembla ralentir alors que Séréna effectuait quelques culbutes et une pirouette, puis attrapa à l’aveugle le bâton, avant d’enchaîner d’autres motifs avec le ruban.
— Elle l’a attrapé... murmurai-je, estomaqué et incrédule.
Juste comme ces paroles sortaient de ma bouche, un rugissement collectif s’éleva derrière moi, suivi du son d’innombrables cascabelles honorant ma conjointe. [...] Deux fois encore, ma femelle lança le ruban et, chaque fois, elle l’attrapa avant qu’il ne touche le sol. Les deux fois, elle eut à peine besoin de regarder pour le faire – son coeur savait où il se trouvait.
Peu importe les défis qui se présenteraient à nous, peu importe qui ou quoi tenterait de nous séparer, elle nous rattraperait toujours et continuerait à faire virevolter notre union vers notre avenir commun.
Lorsque la musique commença à ralentir, Séréna revint au centre du Cercle et me fit signe de la rejoindre. Mon coeur débordait de fierté et de trop d’émotions pour leur donner un nom alors que je me dirigeais vers elle.
Ma conjointe effectua quelques tours autour de moi, son ruban tournoyant dans des motifs complexes, effaçant tout doute sur le fait que j’avais été correctement réclamé et lié. La musique s’arrêta en même temps que ma femelle, juste devant moi. Je l’attirai dans mes bras et écrasai ses lèvres dans un baiser possessif tandis que ma queue s’enroulait autour d’elle.
Je pouvais à peine entendre les tintements des cascabelles qui nous saluaient, ou même les voix des Doyens qui donnaient leur bénédiction alors qu’ils nous entouraient, leurs mains jointes. Lorsqu’ils se séparèrent, je ne restai pas pour les félicitations et les accolades de ma tribu de naissance. Tout ce que je voyais, tout ce qui m’importait, c’était la belle déesse dans mes bras.
Afficher en entierD'accord, la queue de serpent, la langue fourchue, les narines en forme de fente et les yeux de lézard étaient un peu bizarres, mais le capuchon sur sa tête était impressionnant. Il avait des lèvres sacrément sexy et incroyablement humaines. S'il avait eu des jambes au lieu de cette queue, il m'aurait attirée.
Afficher en entierJ'avais vu des photos de ces êtres ressemblant à des Nagas. Le haut de leur corps était remarquablement humain - à part les traits de leur visage et le capuchon de cobra royal autour de leur tête - et le bas de leur corps était constitué d'une queue de serpent. Ils étaient magnifiques.
Afficher en entierTechniquement parlant, les Écorcheurs morts non revendiqués sont de bonne guerre.
Afficher en entierAlors que je me penchais pour revendiquer la bête, l'impression d'être observée me fit dresser la tête. Il me fallut un moment pour repérer l'être qui m'épiait. Mon sang se glaça dans mes veines et je fis taire la panique instinctive qui voulait s'emparer de moi lorsque je reconnus l'imposante silhouette d'un Ordosien à la limite des arbres.
Afficher en entierLes Écorcheurs étaient vraiment hideux. La moitié inférieure de leur corps ressemblait à celle d'un petit mille-pattes avec seulement quatre pattes de chaque côté. Un long torse, qui aurait pu appartenir à un humain potelé, y était attaché. Ils possédaient une paire de bras semblables à ceux d'un insecte, avec des appendices en forme de faux qui pouvaient couper une personne en deux d'un seul coup.
Afficher en entierNous quittâmes ma demeure et nous dirigeâmes vers le Grand Cercle où mon destin m'attendait.
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