Extraits

J’étais à genoux, dans la même position inconfortable et en train de jurer abondamment quand une vague d’inquiétude me frappa.

Luana !

Pris de panique, je me levai d’un bond, aspergeant sérieusement la pièce avec le pommeau de douche avant de réussir à le remettre dans son support. Je jetai un coup d’œil consterné à mon environnement. Je n’aurais jamais le temps de suffisamment nettoyer avant que Luana n’arrive. À peine cette pensée m’eut-elle traversé l’esprit qu’un coup résonna à la porte.

— Dakas ? Est-ce que tout va bien ? Je t’ai entendu jurer. Est-ce que je peux entrer ?

L’inquiétude dans sa voix faisait écho à celle diffusée par ses émotions. Je fermai les yeux et grimaçai intérieurement.

— Je... j’ai peur d’avoir fait un peu de désordre. Ne panique pas en entrant, dis-je, abattu.

À en juger par la montée d’inquiétude que je perçus chez ma conjointe, mes paroles eurent l’effet exactement inverse de celui que j’avais espéré. Luana ouvrit prudemment la porte et passa la tête à l’intérieur. La mâchoire lui tomba en voyant la serviette trempée qui nageait dans la flaque sur le sol, l’eau qui dégoulinait sur les murs grâce aux nombreuses fois où j’avais accidentellement arrosé la pièce et moi qui ressemblais à un chiot mouillé avec mon aile gauche partiellement déployée à l’intérieur de la cabine de douche pour qu’elle ne dégouline pas – non pas que cela aurait fait une grande différence à ce stade.

Lorsque son regard revint sur mon visage mortifié, ses yeux exorbités demandèrent clairement ce qui avait bien pu se passer ici.

— La douche est trop petite pour mes ailes et le tuyau du pommeau est trop court pour atteindre la baignoire, marmonnai-je. J’ai essayé d’être créatif mais... Eh bien, les résultats parlent d’eux-mêmes.

Luana me dévisagea une seconde de plus avant de jeter un coup d’œil par-dessus mon épaule à mon aile gauche encore dégoulinante dans la douche. Puis, comme si un interrupteur avait été actionné, ma conjointe froissa son visage comme quelqu’un sur le point d’éternuer, puis elle éclata de rire. C’était le plus beau des sons, me plongeant dans un intense sentiment d’euphorie. L’empathie de Luana pour mes déboires et son amusement face à la situation firent instantanément disparaître mon embarras. Au lieu de cela, imprégné de l’hilarité de ma conjointe, je me mis à glousser.

— Je suis vraiment désolée, Dakas. Je n’ai pas du tout pensé à ça, dit Luana en s’excusant. Le tuyau du pommeau peut se rallonger. Autrefois, je possédais un chien et je le lavais avec le pommeau de douche dans la baignoire – non pas que je te compare à un chien.

Je ne m’étais pas offusqué de ses paroles, mais quelque chose de plus important retenait toute mon attention. Je tournai la tête vers le pommeau de douche et cherchai le moyen de rallonger le tuyau, me demandant comment j’avais bien pu le manquer.

— Ce n’est pas dans la douche, dit Luana avec un petit rire. C’est l’interrupteur à côté du lavabo. Attends un instant.

Elle retira ses chaussures dans la chambre, qui était encore sèche, et marcha pieds nus dans la salle de bains détrempée. Elle tendit la main vers une paire d’interrupteurs sur le mur près du lavabo et actionna celui de droite. Un cliquetis retentit à l’intérieur de la cabine et le tuyau se relâcha. Je pris le pommeau et, comme de fait, au moins trois mètres supplémentaires de tuyau sortirent du mur.

Je jurai tout bas, ce qui fit glousser Luana encore un peu plus.

— Je croyais que c’étaient des interrupteurs de lumière, marmonnai-je.

— Tu n’avais aucune raison de penser autrement, dit Luana d’une voix douce. J’aurais dû te l’expliquer, mais il ne m’est jamais venu à l’esprit que cela pouvait t’être utile. Maintenant, tu peux entrer dans la baignoire. Ce sera beaucoup plus facile. Encore un peu à l’étroit, mais certainement moins pénible.

La cérémonie se déroula comme dans un rêve. Dakas et moi répondîmes aux questions du Conseiller Allan et prononçâmes nos voeux à haute voix.

Mais les voeux qui comptèrent vraiment pour moi furent ceux que mon mari et moi échangeâmes télépathiquement, réaffirmés par notre lien empathique qui nous enveloppait dans notre amour mutuel.

— Quand je suis venue vous voir il y a des mois pour vous demander de l’aide, je n’aurais jamais pensé que cela changerait si complètement mon univers, lui dis-je mentalement. Merci de m’avoir reconnue comme tienne, d’avoir sauvé mon peuple, de m’aimer plus que je n’aurais jamais pu l’espérer et de m’avoir prêté tes ailes pour que je puisse, moi aussi, prendre mon envol. Je t’aime plus que les mots ne pourraient l’exprimer et j’espère que mes émotions traduisent la profondeur de ce que tu représentes pour moi.

Une vague d’amour explosa de lui, déferlant sur moi avec une telle force que mes genoux vacillèrent.

— Non, mon amour, c’est moi qui te remercie, répondit télépathiquement Dakas. Après d’innombrables migrations, j’avais perdu tout espoir de trouver mon âme soeur et puis tu es venue. J’étais si différent et je t’ai été imposé dans des circonstances difficiles alors que ton père se battait pour sa vie. Tu aurais pu me rejeter, peut-être même éprouver du ressentiment envers nous et notre lien. Mais à travers toutes ces épreuves, alors que la plupart des gens se seraient effondrés, tu as défendu ton peuple, donné une chance à notre union et accepté l’avenir que nous pouvions avoir. Tu es l’acier et la soie tout en un. J’ai seulement aidé à sauver ton peuple. Mais tu as sauvé ma vie. Tu es ma femme, mon coeur et l’autre moitié de mon âme. Je t’aime, Luana.

Dakas se pencha en avant et pressa ses lèvres contre les miennes.

Afficher une zone dégarnie pour avoir fait voir des étoiles à sa femme était un gage de fierté.

La pire balade d'ascenseur de tous les temps !

- Vyrax te remerciera pour cette information quelques secondes avant qu'il ne te démembre et qu'il ne dévore ta chair encore sanglante à même tes os, espèce d'imbécile.

L'expression amusée de Kayog me donna envie de lui jeter quelque chose à la figure. Le mâle plus âgé savait exactement quels sentiments me traversaient. Mais son approbation presque paternelle en nous voyant nous tenir la main, ma conjointe et moi, et surtout l'aura de paix que ma conversation avec Luana lui avait donnée, atténuèrent mon énervement.

Je ne lui en voulais pas de convoiter Luana. Comment pourrait-il en être autrement ? En plus de ses traits harmonieux, l'aura que dégageait ma femme était délicieuse. N'importe qui voudrait s'en imprégner.

Dédicace

À tous ceux qui ont affronté des tragédies, fait face à de terribles épreuves, ou vécu dans la peur et ont refusé de se laisser briser par cette situation. Une fois qu'on atteint le fond du désespoir, le seul chemin qui reste est celui qui mène vers la lumière.

Quels que soient les défis qui vous sont lancés, la seule garantie de défaite est d'abandonner.

- Je ne veux pas te mettre dans l'embarras, mais demander à une humaine d'épouser un hybride pourrait être plus facile que d'essayer de la convaincre de s'unir à un pur-sang.