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Moi qui avais érigé des barrières, qui m’étais murée dans une solitude salvatrice, si longtemps… Charles avait tout fait exploser, il réussissait à percer mon armure, là où même Hunter avait failli.
Afficher en entier― Dépêchons-nous, soufflai-je. Je n’ai pas envie d’un nouveau tête-à-tête d’outre-tombe, même s’il me sort le grand jeu, chandelles et champagne.
― Si ce spectre piétine mes plates-bandes, je vais finir par me fâcher.
― Oh, serais-tu jaloux ?
Le regard que me jeta Charles parlait pour lui.
Afficher en entierLes heures défilèrent sans que je m’en rende compte. J’appris ainsi que le dernier inquisiteur de Malte, un certain Giulio Carpegna, avait quitté l’archipel vers 1798. Là, comme ailleurs, l’organisation avait perdu en pouvoir. Hormis les problèmes de blasphèmes et de bigamies, ils n’exerçaient plus aucune autorité sur l’existence des insulaires. Cependant, avant lui, d’autres s’étaient succédé, prenant leur mission très à cœur. Trop parfois. Ils assuraient la protection de la pureté religieuse des îles, contrôlaient et punissaient toutes formes de déviances, comme l’hérésie. Les juifs, les esclaves musulmans étaient étroitement surveillés, considérés comme une population ennemie. Le refus total de la différence religieuse ressortait clairement des textes qui défilaient sous mes yeux. Les motifs de comparution devant le tribunal tournaient principalement autour de la sorcellerie, surtout entre le XVIe siècle et la première moitié du XVIIIe.
Chouette, enfin la partie qui m’intéressait.
Je feuilletai ensuite le second livre qui traitait directement des missions de l’ordre. La plupart des membres appartenaient traditionnellement à la chevalerie et à la noblesse du monde chrétien. Ils assuraient la protection de l’archipel et devaient secours et assistance aux habitants. Peu à peu, d’après ce qui était mentionné, certains s’enrichirent et attirèrent l’attention de l’Inquisition. Je grimaçai. Forcément, la jalousie et la cupidité sont des moteurs puissants. J’appris ainsi que l’ordre fut donné d’inspecter le château à la recherche d’or. Les chevaliers furent soupçonnés de faire commerce avec des forces obscures et de pratiquer l’alchimie. Une première vague d’arrestations et d’exécutions eut lieu, le château fut pratiquement déserté. Les plus chanceux – si l’on peut dire – furent envoyés aux galères. Seule une poignée d’hommes, considérés comme innocents, resta en place. Comble de l’ironie, ce fut l’attaque ottomane de 1565 qui leur octroya un répit. Puis leur nombre déclina au fil des ans et un seul décida de rester, un certain Geofroy de Hautepierre. Un renvoi, à côté de son nom, me poussa à feuilleter plus avant.
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