Ailleurs

Ce roman ne fait qu'une centaine de pages, mais elles comptent pour mille : chaque phrase craque et résiste, dans toute sa solide splendeur, avant de céder pour s'ouvrir sur un gouffre foisonnant d'implicite. A l'image de cette porte de château, enfouie sous la vigne vierge et scellée par le temps, que l'héroïne, son fils et sa fille forcent jusqu'au sang, dans la saisissante scène d'ouverture du livre.

J’ai plus ou moins apprécié ma lecture, même si, finalement, elle m’a laissé pantoise. D’une certaine manière, j’ai un avis assez mitigé.

Tout d’abord, j’ai apprécié lire ce livre, car les pages ont très vite défilées sous mes doigts. Je les ai dévorés les unes après les autres. Je voulais sans cesse en connaître davantage sur les personnages et leur vécu. Le roman est plein de mystères ; on se pose des milliers de questions. J’avais vraiment hâte d’avoir le fin mot de l’histoire. De plus, comme j’ai un faible pour les histoires fraternelles ; entre un frère et une sœur, j’ai bien aimé celle de la protagoniste et de son frère. Au départ, il y a cet amour fraternel assez "silencieux". J’ai supposée que c’était sûrement un faussé qu’à causé leur séparation. Puis, petit à petit on sent leur relation se ranimer. On constate également que ce lien qui les unis, n’a jamais cessé d’exister. On se met même à penser qu’en fin de compte, ils se comprennent sans devoir forcément se parler. Je n’ai également pas pu m’empêcher de comparer leur lien à celui d’Andrew et Joyce (les enfants de l’héroïne). Le point commun entre ces deux duos est la relation soudée qu’ils entretiennent.

Néanmoins, j’ai trouvé cette histoire assez sombre. J’avais la sensation que des nuages gris flottaient constamment au-dessus des pages. Il y avait des moments assez glauque, je dois l’avouer. L’atmosphère nous transmettait un malaise dû à l’étrangeté de la situation. Il y avait toujours cette ambiance presque malsaine qui ne cessait de refermer son étaux sur tout le reste. Plus j’approchais de la fin, plus je devenais sceptique. J’avais l’impression que l’auteure me cachait pleins d’informations. Et cela me frustrait de ne rien savoir.

Ce qui est le plus frustrant sont les non-dits – que l’on doit méticuleusement deviner – et les secrets. Cependant, la fin nous laisse entrevoir une bouffé d’oxygène – dans le sens où on voit le bout du tunnel de ce côté malsain, mais certaines questions demeurent toujours sans réponse concrète à mes yeux.

Peut-être que je suis passée à côté de quelque chose ou que je ne veux simplement pas voir la vérité en face, malgré certains indices ambiguë… ?

Un livre étrange sur la fuite en avant et la difficulté de surmonter certaines épreuves de la Vie,...

Je termine "Ailleurs".

Un joli texte de Julia Leigh. Sur le témoignage, la perte, multiple. Les non-dit, la fuite, des retrouvailles silencieuses. L'enfance susurrée, le commun.

Un texte sur la mort, présente, la rupture comme une cassure de l'âme.

On devine plus qu'on ne reçoit et la perception de ce qui s'est passé, ce qui a du se passer pour chacun de ces êtres en mal de paroles, en difficulté d'exister l'un pour l'autre et pourtant si proches l'un des autres est une expression poétique de leur amour pour chacun.

À lire absolument.