Extraits

A trop vouloir nous ouvrir à l'inconnu et accepter la surprise, nous devons en effet faire attention à ne pas nous perdre. L'accueil et l'acceptation de l'autre ne sont pas inconditionnels ni à nos dépens. Ils s'arrêtent à ce que nous pouvons supporter, assimiler.

C'est en effet un point essentiel : c'est l'appui sur le connu, la stabilité de notre familier, qui nous permet de nous ouvrir à la nouveauté. Bien sûr, nous avons sans cesse à nous adapter aux changements de notre environnement. La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Mais trop de bouleversements peuvent nous faire perdre pied.

"Toute relation vraie suppose que je sois affecté par l'autre.

Rencontrer quelqu'un, c'est accepter qu'il me renvoie une nouvelle image de moi, donc de remettre à plat ce que je suis. En chacun de nous, une part d'inconnu se révèle alors. Cela peut être vécu comme un danger...

Ou comme une promesse, car c'est en passant par cette rencontre avec l'altérité que nous nous révélons à nous-mêmes. C'est ce qui fait que chaque rencontre est unique et bouleversante".

Sommes-nous acceptables avec ce que nous sommes, nos failles, nos imperfections, nos difficultés, nos zones d'ombre ? N'étant jamais sûrs d'être aimables, nous ne cessons de nous comparer aux autres pour évaluer notre place dans le classement de la réussite de soi. La troisième conséquence, terrible, est celle du désespoir. Car en nous faisant croire que tout est possible, nos difficultés et nos souffrances nous apparaissent d'autant plus insurmontables, insupportables, honteuses. Non seulement l'attente de la rencontre amoureuse idéale nous fait discréditer (et parfois rater) la rencontre amoureuse ordinaire, selon le principe que ce qui n'est pas extraordinaire, est médiocre, méprisable.

Malgré tous nos efforts, les voies de la rencontre amoureuse restent impénétrables. Parce que celle-ci tient du mystère. Parce que elle ne peut être que surprise, inouï, nouveauté. Et parce qu'elle est soumise à des lois sociologiques qui nous échappent.