Extraits

À cet instant, il fit feu de ses deux pistolets. À cette distance – moins de neuf mètres –, la balle me percuta avec une telle force que j’en fus projeté à terre, sur le sol en béton. Je fus assommé par le choc, et tout devint noir comme la nuit, à croire que je dégringolais en tourbillonnant au fond d’un puits. Les échos d’une troisième déflagration, puis d’une quatrième me parvinrent.

Quelque chose s’effondra près de moi. Je luttai pour remonter vers le bruit, vers la conscience. Les ténèbres se dissipèrent partiellement, pareilles à un puzzle auquel il aurait manqué des pièces.

Il me fallut cinq ou six secondes pour rassembler les morceaux éparpillés et me rappeler qui j’étais et ce qui venait de se produire. Et trois de plus pour comprendre que mon gilet en Kevlar avait encaissé deux balles au niveau du torse. J’avais l’impression qu’une massue m’avait écrasé les côtes, et qu’un violent coup de pied m’avait démonté le crâne.

La seconde suivante, je récupérais mon arme et cherchais des yeux…

… John Sampson, étendu près des éviers. Sa silhouette massive était inerte. Soudain, il tressaillit, agité par des soubresauts électriques. C’est à ce moment que je découvris sa blessure à la tête. Je hurlai :

— Non !

Pour le coup, je repris mes esprits. Me relevant, je titubai jusqu’à lui. Ses yeux roulaient dans leurs orbites, ses paupières frémissaient. J’attrapai la radio qui gisait à côté de lui et appuyai sur le bouton émetteur.