Extraits

- Aliénor est captive ! Aliénor est captive ! Oyez, oyez, le roi l'a enfermée !

Il disparut à mon regard sur des battants qui s'écartaient, une foule qui se compactait, des visages qui se fermaient, des passants qui se signaient. Partout le même visage, partout la même incompréhension, la même peur. Partout, les mêmes questions qui fusaient. Où? Quand ? Comment ?

Elle ne regrettait rien pourtant de ces heures sans lui. Elle s'était embrasée du Plantagenêt, s'était nourrie de leur ambition commune d'un royaume que tous envieraient. Jusqu'à ce qu'il la trahisse, qu'il la rejette pour une autre dont le dessein secret était qu'elle meure en couches pour qu'elle puisse lui succéder. Jusqu'à ce qu'elle se retire sur ses terres avec ses enfants pour sauver de ce mariage royal ce qui pouvait l'être encore.

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Blaye n'avait pas survécu.

Ni ses villes haute et basse, ni son castel, ni ses abbayes, ni sa forêt, ni la plupart de ses gens. La cité de Jaufré Rudel, mon troubadour, ma cité, bijou de notre châtellenie, avait été avalée par les flammes à l'heure du mariage de notre fils Geoffroy. A l'heure où ce dernier en devenait le maître. Comme s'il avait fallu qu'elle renaisse de lui, de sa femme, pour mieux nous oublier, nous.

Pour que jamais l'espoir ne meure...