Au début de l'été, quand la Terre se penche vers le Soleil et que celui-ci est à son apogée au côté de la Lune, les fleurs de Litha fleurissent dans le Par-Delà. Les minuscules roses rouges tendent leurs corolles vers le soleil qui rayonne et sa sœur la lune qui rougit timidement, pour boire leur lumière.
Les fleurs de Litha sont d'un rouge profond et leurs épines aussi acérées que les crocs des loups. Leurs feuilles succulentes produisent un jus enivrant. Mais éviter les épines afin d'aspider le succès revigorant des feuilles est loin d'être facile. Leur apparition marque à la fois la journée la plus longue de l'année et le déclin du soleil jusqu'à l'hiver car, après le solstice, les ombres du soir progressent chaque jour un peu plus.
Chez les loups, la nuit de Litha portait aussi le nom de "réveillon du Sang et des Épines". Il s'accompagnait de fêtes très animées dans toutes les meutes du Par-Delà. Cependant aucun clan ne le célébrait avec plus d'exubérance que les MacHeath, et souvent avec des conséquences désastreuses. Il n'était pas rare qu'un loup trouve la mort dans des combats censés être "amicaux".

En cette fin d'été, les parfums de l'herbe, des fougères et des champignons, mêlés à celui des cendres, embaumaient l'air. Les effluves se déversaient sur Faolan comme une rivière, réveillant des souvenirs perdus.

"Un froid mordant enveloppait la lande, les bois et les champs. Le paysage recouvert d'un manteau blanc scintillait à peine sous la nouvelle lune. Rien ne venait rompre le silence de la forêt, excepté le crissement des roseaux séchés dans la brise et la neige qui glissait parfois des branches. Même le murmure de la rivière s'était tu, étouffé par la glace qui s'étendait d'une rive à l'autre.
Il y eut un mouvement sur la berge. Un énorme matou émergea des roseaux, la fourrure hérissée pour mieux résister au froid. Il se secouait, irrité, cherchant à se débarrasser de la neige collée à ses pattes.
Devant lui se traînaient deux petits. Trempés jusqu'au ventre, ils peinaient dans la poudreuse avec des cris de détresse. Sitôt qu'ils faisaient mine de s'arrêter, le mâle les encourageait du bout du museau.