Extraits

Thomas Major n’a jamais été plus heureux. C’est son grand cadeau d’anniversaire, cette séance au Glendale pour le film qu’il lui tardait tant de voir – comme s’il faisait déjà partie de sa vie, depuis toujours, gravé dans son ADN. À la maison, sur son bureau, sont disposés avec soin les présents reçus le jour exact de ses huit ans, il y a un mois : une boîte de jeu de la cantina de la Guerre des étoiles, assortie de deux figurines d’extraterrestres, Snaggletooth et Hammerhead, que l’on peut fixer sur de petits socles glissant et pivotant pour qu’ils se battent ; et l’album de la bande originale du film interprétée par l’Orchestre philharmonique de Londres, bien rangé à côté de l’ancien tourne-disque de Maman et des vieux 45 tours qu’elle lui a donnés à écouter dessus.

Et aujourd’hui, Thomas et son père vont voir le film. Pour de vrai. Le week-end de sa sortie. Ils ont fait la queue tout autour du pâté de maisons afin de pénétrer dans le plus vieux cinéma de Caversham – et l’un des plus anciens de Reading. Pendant qu’ils piétinent sur le trottoir, Thomas demande à son père s’il aimerait aller dans l’espace.

D'accord. Tu veux savoir ce qui me plaît le plus dans l'espace ? C'est de ne pas être sur Terre. Je devais avoir à peu près ton âge quand j'ai compris un truc: que le monde est une merde et tous ceux qui l'occupent aussi. J'ai passé ma vie à voir mes ambitions partir en fumée. Alors quand l'occasion de tout larguer s'est présentée - et je dis bien tout larguer au sens propre - j'ai sauté dessus à pieds joints. Aujourd'hui, j'ai la seule chose que j'ai toujours voulue. Plus personne. Je suis seul. Dans la plus complète et totale...