Ajouter un extrait
Liste des extraits
Quel dommage. Pour une fois qu’un garçon s’intéressant à moi ne fuit pas en courant quand il apprend mes talents de sorcellerie. J’ai tout gâché. Je ne sais pas pourquoi la magie a si mauvaise réputation. En fait, je trouve ça hypocrite : tout le monde en profite depuis la loi d’Harmonie qui, tout en protégeant le statut de sorcière, a interdit formellement l’exécution de sorts nocifs. Comprenez : tout ce qui peut être douloureux pour un humain — ou son porte-monnaie. Les sorcières représentent moins d’un dixième de la population féminine, mais elles sont bien utiles. Ainsi, comme toutes les étudiantes, je me suis fait injecter dans le bras une solution semi-magique qui me garantit une protection contre les grossesses et les maladies sexuellement transmissibles. Plus besoin de contraception ni de préservatifs, voilà qui nous est bien utile, ces derniers temps, à Paul et à moi. Alors, pourquoi la magie est-elle si mal vue ?
J’ai pourtant choisi, avec l’accord de ma mère, un campus réputé tolérant. L’université de Maupertuis ne va pas jusqu’à enseigner les arts de la sorcellerie, ce serait trop beau, mais la pratique de la magie y est tolérée. On dit même que certaines enseignantes sont des expertes. Dans quel département ? La chimie, peut-être ? Les langues anciennes, que j’étudie moi-même, avec plus ou moins d’entrain selon les jours ? Difficile à savoir. Maman m’a toujours dit de ne pas négliger mes études. Quand on s’apprête à lancer un sort, on ne sait jamais quelle discipline va être utile, dit-elle. C’est vrai que le latin et le grec permettent d’apprendre plus facilement les formules : elles en sont souvent dérivées. Nous nous entendons très bien, ma mère et moi. Elle m’a pardonné depuis longtemps mon premier acte de rébellion, un petit chat noir hérissé, symbole de sorcellerie, que je me suis fait tatouer sur l’avant-bras quand j’avais dix-huit ans.
Afficher en entier