Extraits

Lune de miel… Un sombre souvenir déferla sur son esprit, trop rapidement pour qu’elle puisse l’en empêcher.

— Tu veux que je te prépare aussi un sandwich ? demanda-t-elle, résistant au frisson qui l’envahissait.

Hunter acquiesça avec empressement.

— Laisse-moi deviner. Du jambon et du fromage avec de la moutarde et un peu de miel, suggéra-t-elle. La mâchoire de Hunter se décrocha.

— Je suis douée pour les devinettes.

Le sourire qui s’était dessiné spontanément sur ses lèvres devint une grimace quand elle réalisa ce qu’elle venait de dire. Comment savait-elle ce pour quoi elle était douée ? Cela avait-il à voir avec un hobby ou avec ce qu’elle faisait dans la vie ?

— Hé, murmura Boone en arrivant derrière elle. Tu as trouvé quelque chose qui te fait envie ?

Le son de cette voix arrêta net la sensation qui lui tordait les tripes et repoussa ses interrogations sur ce qui n’allait pas chez elle.

Elle hocha la tête, faute de se faire confiance pour parler, et commença à sortir de la charcuterie, des condiments et de la salade. Elle tenta de deviner ce qu’aimait Boone.

— Du rosbif, ça te tente ?

Il opina, l’aidant à préparer les aliments. Cruz gardait ses distances, remarqua-t-elle. Il l’observait, depuis le pourtour de la pièce, comme un lion en cage. Il y avait quelque chose de résolument félin dans sa façon de marcher : une puissance, une masculinité, une frustration refoulée. Elle détourna rapidement le regard. Pourquoi avait-elle le sentiment que chaque homme ici avait un côté caché, sauvage ? En plus d’un passé rempli de douleurs et de regrets, même si chacun le dissimulait. Y compris le taciturne Hunter, le plus grand et le plus silencieux du groupe, qui portait en lui un soupçon de tristesse.

Elle étala généreusement de la moutarde sur le pain que Boone lui avait passé et ajouta plusieurs tranches de salami.

— Qu’est-il arrivé au rosbif ? demanda-t-il en haussant un sourcil.

Elle lui désigna le deuxième sandwich, celui avec un supplément de tomate.

— C’est le tien. Celui-ci est pour Hunter et celui-là pour lui. Cruz, c’est ça ?

Elle prononça son nom gaiement. Ce qui s’était passé entre Cruz et Boone était sa faute et elle voulait tenter de faire la paix avec lui.

— Tu aimes le salami ?

Tapi dans l’ombre, Cruz lui lança un regard noir, puis lui adressa un petit signe de tête.

— Parfait, murmura-t-elle joyeusement, comme s’il lui avait adressé un éloge.

Certains mecs étaient juste grincheux et les petits gestes faisaient leur petit effet, même s’ils ne le laissaient pas paraître tout de suite. Comment le savait-elle ? Elle l’ignorait, en fait, mais d’une manière ou d’une autre, elle était certaine que c’était vrai.

Ils se regroupèrent tous autour du bar qui partait de la cuisine et se régalèrent de leur déjeuner ; même Cruz qui s’était perché sur un tabouret à une extrémité. Nina savoura chaque bouchée de son sandwich à la dinde et se délecta des bruits de mastication satisfaits autour de la table. Elle était affamée et ces hommes aussi, semblait-il.

— Vous mangez comme une meute de loups, les gars, plaisanta-t-elle.

Boone s’étouffa avec son sandwich et Hunter, tout en adressant un immense sourire à Nina, tapota le dos de son ami.

— On peut dire ça comme ça, approuva-t-il.

— Super sandwich, répliqua Boone, pour éluder ce qui l’avait perturbé.

Même Cruz sembla étouffer un petit gloussement et elle se demanda ce qu’elle avait dit de si drôle. Quoi qu’il en soit, la tension dans la pièce continuait d’aller en s’apaisant et la sensation était agréable. Elle se leva pour aller chercher la cafetière et remplir toutes les tasses.