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Boone accéléra dans le virage. Hunter jeta un coup d’œil à droite et son cœur tambourina à la vue du véhicule de patrouille blanc et bleu de Dawn.
Elle est de retour ! Son ours en sautait presque de joie. Elle est revenue ! Peut-être qu’elle va nous arrêter.
La Ferrari filait à toute allure et Hunter gardait les yeux rivés sur le rétroviseur latéral. Les policiers allaient allumer leur gyrophare.
— Hé ! murmura Boone, ralentissant enfin. Elle ne m’arrête pas ?
La joie qui avait éclaté dans l’âme de Hunter reflua lentement. Dawn ne les arrêtait pas. Elle l’évitait, tout comme lui l’avait évitée.
Boone ralentit encore, puis mit son clignotant à gauche pour indiquer qu’il bifurquait sur une voie privée.
Hunter grimaça.
— Mais qu’est-ce que tu fabriques ? Ce n’est pas l’allée qui mène à Koa Point.
Boone effectua une marche arrière avec la Ferrari et reprit la route qu’ils avaient empruntée, non sans projeter des mottes de terre partout.
— Je fais demi-tour, commenta-t-il.
Hunter se cramponna au tableau de bord.
— Quoi ?!
— J’ai le droit d’être arrêté, bordel, marmonna Boone, l’air rusé.
— Je pensais que tu étais pressé de retourner auprès de ta compagne.
— Certes, mais ça, c’est tout aussi important.
— Boone, grogna Hunter, sans résultat. Ne fais pas ça.
Il s’enfonça le plus bas possible dans son siège lorsque son ami repassa devant la voiture de patrouille.
— Il est temps d’être un homme, espèce d’ours.
Boone gloussa en faisant une nouvelle fois pivoter la Ferrari. Et il fonça droit vers l’endroit où se trouvait la voiture de patrouille, pour se garer juste à côté. La vitre de Hunter donnait pile sur celle de l’officier Meli, qui ouvrait de grands yeux.
Le souffle court, il sentit son sang s’échauffer.
Notre compagne, fredonna son ours. Notre compagne si parfaite.
Elle était parfaite à tous points de vue. Des traits fins, des cheveux noirs brillants. Des yeux sombres et pénétrants. À l’école, tout le monde avait prédit que Dawn remporterait des contrats de mannequinat et qu’elle ferait un tabac grâce à son mélange somptueux de traits polynésiens, asiatiques et caucasiens, mais elle avait esquivé cette voie et préféré des études de droit. Et après la faculté de droit, elle avait encore surpris tout le monde en entrant dans la police.
Notre compagne prend toujours les gens au dépourvu. Son ours poussa un soupir rêveur.
— Officier Meli ! l’interpella gaiement Boone.
Hunter ferma les yeux, savourant une bouffée de son parfum fleuri.
— Monsieur Hawthorne, répliqua-t-elle d’une voix glaciale qui se réchauffa et frémit quand ses yeux se posèrent sur Hunter. Monsieur Bjornvald.
Hunter ouvrit de nouveau les yeux.
— Bonjour, Dawn, chuchota-t-il.
— Vous ne m’avez pas arrêté, protesta Boone.
— En effet.
Les yeux sombres de Dawn étaient durs, dénués de la moindre lueur d’amusement, mais lorsqu’ils s’égaraient vers Hunter, ils luisaient… et ce n’était pas de peur. Plutôt de… reconnaissance. Il y avait peut-être même de la chaleur.
Je te l’avais dit ! s’écria son ours. Je t’avais dit qu’elle nous aimait.
Pourquoi serait-ce le cas ? Les humains ignoraient tout des compagnons prédestinés.
Au fond d’elle-même, notre compagne le sait, insista son ours. Le destin le lui a soufflé, à elle aussi.
— J’étais en excès de vitesse, insista Boone.
L’officier Meli plissa le front.
— J’ai décidé de passer outre, pour cette fois.
— Mais rouler trop vite, c’est un délit. Je pense vraiment que vous devriez me coller une amende.
Elle ouvrit la portière de sa voiture de patrouille et en sortit, mains sur les hanches.
— Monsieur Hawthorne, c’est à moi de décider quand je mets une contravention. Est-ce que c’est clair ?
Comment réussissait-elle à être à la fois belle et menaçante ? Hunter n’en avait aucune idée.
Elle ferait une ourse géniale, soupira sa bête intérieure.
— Oui, madame.
Boone afficha sa meilleure mimique d’écolier chagriné quand il ouvrit la portière de sa voiture. L’officier Meli adopta une posture défensive, un bras au-dessus de l’arme accrochée à sa hanche.
— Ne bougez plus.
Boone s’étira.
— Désolé. Une vieille blessure de l’armée vient de se réveiller. J’ai besoin de marcher.
Boone avait reçu son lot de blessures de guerre, comme tous les membres de leur unité des forces spéciales, cependant comme il guérissait à toute allure en sa qualité de méta, il n’en avait pas subi de conséquences à long terme. Qu’était-il en train de manigancer ?
— Une vieille quoi de l’armée ? marmonna Hunter, sortant de la voiture à son tour.
Dawn se retourna.
— Waouh. Plus un geste, vous non plus.
Hunter leva les mains tandis que Boone feignait une grimace et s’engageait en boitillant sur le chemin de terre qui menait vers les montagnes de West Maui.
— Ça ira mieux dans quelques minutes. Ne vous inquiétez pas.
— Que je m’inquiète de quoi ? répéta Dawn qui ne semblait guère préoccupée.
Ses yeux passèrent du dos de Boone au visage de Hunter. Ce dernier referma la portière de la voiture et s’y adossa, non pas sans garder les mains bien en vue. Bordel, à quoi avait-il pensé en sautant de la voiture comme ça ?
Je pensais me rapprocher de notre compagne, murmura intérieurement son ours.
On va lui faire peur, répliqua-t-il sèchement.
Les pas de Boone firent crisser le gravier puis s’estompèrent au loin, laissant Hunter en tête-à-tête avec Dawn. Il se frotta la mâchoire. Que faire ?
Il est temps d’être un homme, espèce d’ours. Les paroles de son ami résonnèrent dans son esprit. Quelques secondes plus tard, il ouvrit enfin la bouche :
— Écoute…
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