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« - Tu vas recouvrir toutes mes cicatrices?

- Les cicatrices font partie de qui nous sommes », répond-elle en secouant la tête. Elle me fait lever la main et la pose au-dessus de son sein gauche, là où se trouvent les cicatrices qui font partie d’elle.

Je la caresse par-dessus sa chemise.

« - Et que sont les tatouages, alors ?

- Les marques que nous choisissons pour dire où est notre cœur. À qui nous appartenons. »

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Vis, petite. Vis pour moi. Parce qu’à partir de maintenant, je vis pour toi.

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« Petite », dis-je entre mes dents. Non, ce n’est pas une petite. C’est une belle renarde adulte.

Une femme fatale.

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— Qu’est-ce qui se passera ensuite ? demande-t-elle doucement. Une fois que tu auras obtenu ta vengeance ? »

J’essaie de réfléchir à une réponse, mais ne trouve rien.

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Grizz

Foutus vampires tordus.

Le Toxic, la boîte BDSM des vampires, est à moitié un club, à moitié un donjon médiéval : tous les meubles sont en bois lourd et recouverts de velours rouge, et il est possible de s’égarer dans certains recoins obscurs. D’un côté de la salle, un petit bar sert uniquement de l’alcool haut de gamme et des vins rares. Des verres tintent, un son civilisé qui sera bientôt noyé par d’autres bruits, plus sinistres, provenant du donjon.

Au-dessus de nos têtes, de la musique commence à vibrer à travers le plafond. Dans peu de temps, des couples commenceront à descendre de la boîte de nuit du rez-de-chaussée.

Je me fraie un chemin entre les différents espaces, en prenant soin de ne pas toucher un instrument de torture ou un des meubles construits sur mesure, qui se dressent comme des monstres cauchemardesques dans la pénombre. La vue des bancs à fessée et des croix de Saint-André suffit à faire frissonner un soumis. À le faire panteler de désir. Bordel, ça n’a pas le moindre sens pour moi, mais je vois la situation se produire toutes les nuits.

J’attends dans l’ombre tandis que les premiers couples descendent discrètement l’escalier. Certains se dirigent tout de suite vers leur instrument préféré ou leur alcôve privée ; d’autres se figent au pied des marches, regardant fixement le donjon avec un mélange de peur et de désir.

Les vampires aiment garder cette pièce dans la pénombre, possiblement pour cacher leur nature. Ça fonctionne peut-être sur les faibles sens humains, mais en ce qui me concerne, je les sens dans tous les coins. En voilà un qui attache une jolie blonde au mur. Un autre est assis dans un espace salon, un homme mince sur ses genoux. Le vampire lui murmure quelque chose à l’oreille, et il ouvre des yeux ronds en fixant des accessoires présentés sous une lampe. Des instruments de torture, selon moi, même si les soumis ont l’air de les adorer. Merde, le désir irradie de celui-ci pendant que son maître vampire le tire vers le banc à fessée. Cet humain a hâte de se faire fouetter le cul.

Je ne pige pas. C’est un mystère pour moi, un rituel sexuel sans aucune logique.

Quand le vampire claque des doigts, une adorable rousse les rejoint. Elle décroche un martinet noir sur le mur avant de revenir vers le vampire, qui attache son partenaire avec des gestes théâtraux. La rousse est un petit bout de femme, vêtue d’une robe blanche qui ne cache presque rien, son string blanc clairement visible sous le tissu fin. Un ras-de-cou en cuir blanc ceint sa gorge. La tête baissée, elle présente l’instrument à son maître et garde une pose soumise jusqu’à ce qu’il le lui prenne des mains. Il la renvoie d’un geste et elle recule pour attendre son prochain ordre. Quelques personnes se rassemblent pour voir le vampire fouetter son soumis, mais je n’ai d’yeux que pour la rousse. Une brise souffle dans le club, de l’air frais qui provient des bouches de climatisation. La peau de la petite rouquine se couvre de chair de poule et ses tétons durcissent. Merde, elle a froid. Je ne sais pas pourquoi ça me dérange, mais c’est le cas.

Je ne capte pas l’intérêt de tous ces apparats et cérémonials. Ce sont les pires préliminaires imaginables, compliqués et inutiles. Pas étonnant que les vampires les adorent. La moitié de ces connards ont grandi à l’époque victorienne.

La rousse, en revanche… Je comprends l’attrait. De délicates taches de rousseur parsèment son visage et ses pieds nus. Elle reste au bord de la scène, silencieuse et effacée pendant que son maître s’amuse avec un autre. Si elle était mienne, je ne l’ignorerais pas. Putain, je ne m’amuserais certainement pas avec quelqu’un d’autre. Je la garderais près de moi, je l’attacherais jusqu’à ce qu’elle sache qu’elle m’appartient. Je la formerais pour qu’elle m’accueille quand je rentre chez moi, me fasse asseoir avec empressement sur le canapé, se mette à genoux entre mes jambes et me souhaite la bienvenue comme il se doit.

Et maintenant, je bande. Je me détourne de la rouquine. La regarder excite mon ours, et j’ai besoin de garder la tête froide ce soir. J’ai accepté ce boulot parce que c’est un poste tranquille ; mais surtout, il me rapproche de ma proie.

Mes lourdes bottes émettent un rythme familier pendant que je fais le tour du club. Je peux me déplacer en silence, mais je préfère qu’ils me voient comme un gros balourd, l’ours employé par les vampires, le métamorphe au service du roi. La plupart des couples m’ignorent. Il faut un peu de temps pour s’habituer au club des vampires, mais il est plutôt calme comparé au Fight Club, la boîte métamorphe où je bossais avant. Ici, la majorité des clients sont polis et se contentent de faire leur truc dans leur coin.

Une blonde approche d’une démarche chaloupée. Elle est nue, à l’exception d’un minuscule string en dentelle rose et d’un collier noir rattaché à une laisse qui passe entre ses seins nus. Elle me sourit en passant à côté de moi et repousse sa laisse sur une épaule, de façon à la faire pendre entre ses fesses, globes rougis et parfaits.

Ouaip, taffer au club BDSM est un boulot assez tranquille. Certaines nuits sont plus sympas que d’autres.

Je tourne à un angle et vois la petite rousse, nue, ses bras levés au-dessus de sa tête. Le vampire se sert de sa soumise pour présenter une technique de nouage de cordes. Sa robe blanche rassemblée à ses pieds, elle se laisse faire avec une expression calme, presque absente. Sa poitrine se soulève et retombe en profondes respirations égales tandis que la corde la comprime. Ses cils papillonnent.

Le vampire achève la démonstration, détache la fille et lui indique de ranger la corde, puis la congédie d’une tape sur les fesses. Un grondement monte dans ma gorge. Putain, je suis resté planté là bien trop longtemps.

« Tu aimes ce que tu vois, métamorphe ? demande doucement un vampire à côté de moi. Tu devrais peut-être essayer. »

J’attends que la fille ait disparu dans une alcôve privée pour murmurer à mon partenaire de conversation non désiré : « D’acc’, Benny. Pourquoi pas sur ton cadavre ? »

Le vampire retrousse les lèvres et montre ses canines. « Je m’appelle Benedict.

— Je sais. » Je penche la tête de côté, déjà lassé. Benedict est l’un des jeunes vampires, transformé depuis seulement un siècle. Pâle et maigre, on dirait qu’il va bientôt crever à cause d’une consommation de drogues dures. Il était peut-être toxico quand il était humain. « Je t’ai donné un surnom. Si j’avais le malheur de m’appeler Benedict, je serais ravi d’avoir une alternative, putain. »

Benny hausse les sourcils. J’évite son regard par prudence, mais à la façon dont son buste se soulève rapidement comme un soufflet, je devine qu’il est contrarié.

« Méfie-toi, l’ours. Tu es peut-être dans les petits papiers du roi, mais tu ne fais pas le poids contre un vampire.

— Ça, c’est ce que tu crois », dis-je en marmonnant. Je secoue la tête lorsqu’il gronde. « Barre-toi, la tique.

— Espèce de… », s’offusque-t-il.

Je retrousse ma lèvre supérieure, puis me retourne. Je reste immobile une bonne seconde avant de m’éloigner. Il s’agit de la pire insulte pour un vampire : lui tourner le dos comme s’il n’était pas dangereux. La plupart des métamorphes ne s’y risqueraient jamais.

Je ne suis pas comme eux, mais les vampires n’en ont pas la moindre idée. Ils me rabaissent et se moquent de moi sans se douter de rien. Ils ignorent ce que je suis, ce dont je suis capable. Et quand le temps sera venu de les traquer, ils ne comprendront pas ce qui se passe. Pas avant qu’il ne soit trop tard.

Je repars vers le bar.

« Le roi veut te voir », m’annonce le barman. D’un signe de tête, il désigne le trône au centre de la pièce. Ainsi, Frangelico a décidé de nous faire l’honneur de sa présence. Je pivote et m’approche lentement du patron.

Son siège est placé sur une estrade. Un véritable trône médiéval importé d’Italie, ou une connerie comme ça. Le bercail de Frangelico. Un vampire peut sortir du Moyen-Âge, mais le Moyen-Âge restera toujours dans son cœur.

Un jeune serveur élancé vêtu d’un pantalon de smoking noir, d’une large ceinture rouge et d’un ras-de-cou en velours noir me précède devant le trône. Il se plie en deux et propose son plateau de boissons.

Oh, bordel de merde. Je lève les yeux au ciel. C’est tellement pompeux. J’imagine qu’un immortel peut se permettre de perdre du temps avec toutes sortes de cérémonies.

Lorsque le serveur se retourne, il manque de tourner de l’œil en me voyant. Il blêmit et sa pomme d’Adam tressaute sous son collier. Les ras-de-cou en velours noir font partie de l’uniforme du club, mais je buterais tout vampire qui tenterait de m’en faire porter un. Je suis un videur sous contrat, pas un putain d’esclave. Il est peut-être temps de le rappeler au roi.

Je contourne silencieusement l’énorme siège en bois et croise le regard amusé de Frangelico. Impossible de le surprendre.

« Grizz. Merci de te joindre à nous. » Sur un geste de sa part, deux hommes portant des colliers apportent un autre siège décoré pour moi. Plus petit que le trône, bien sûr. M’y installer m’obligerait à avoir la tête une cinquantaine de centimètres en dessous de celle du roi vampire. Au lieu de m’asseoir, je pose ma botte sur le coussin. Frangelico soupire.

« Es-tu vraiment obligé de mettre tes pieds sur le mobilier ? Je suis sûr que nous pouvons te trouver un repose-pied, si tu aimes ça. » Il regarde l’un des serviteurs et claque des doigts. Je retiens l’homme par l’épaule avant qu’il ne s’installe à quatre pattes devant mon siège.

« Non, dis-je en grondant. Arrêtez. Vous savez que ces conneries, ce n’est pas mon truc.

— Bien sûr. » Un nouveau claquement de doigts, et les hommes disparaissent. Frangelico se penche en avant. « J’oubliais que tu n’apprécies pas nos petits jeux de pouvoir. Mais qu’est-ce que le sexe, sinon un rapport de forces ? »

Je secoue la tête. Je n’ai pas le temps pour ça. « Vous vouliez me voir ? »

Frangelico s’adosse à son trône et m’observe. J’ai beau être debout devant lui, il reste un peu plus grand que moi. Ce vampire est plus massif qu’on pourrait le penser. Et malgré toutes ses simagrées, il n’est pas idiot. Le pouvoir n’est pas un petit jeu pour lui. C’est l’unique jeu, et il joue pour gagner.

« En effet, mon ami. »

Ce terme me fait tressaillir. Merde, est-on amis ? Il m’a engagé pour assurer la sécu dans son club et garder à l’œil certaines de ses opérations. En échange, il me fournit ce dont j’ai besoin.

« Tu es vexé que je te qualifie d’ami ? » On ne peut rien cacher à un foutu vampire.

« Je ne suis pas ici pour faire la causette ou des grandes déclarations d’amitié. On a un contrat, vous et moi.

— En effet, confirme-t-il. Mais nous pouvons sûrement le renégocier. Tu dois bien avoir envie d’assouvir d’autres besoins. Des désirs. Et nous pouvons les combler ici, dans ce havre de plaisir. » Il écarte les bras pour englober le club, puis fait un signe. La blonde que j’ai vue un peu plus tôt passe à côté de moi pour s’approcher de son maître vampire. Sur son invitation, elle s’assied sur l’accoudoir du trône, se cambrant pour mettre ses seins et ses cuisses en valeur. Frangelico remonte sa main sur son mollet souple. « Entouré de tant de délices, tu as forcément déjà été tenté. »

J’ignore la blonde qui me sourit. Voir Frangelico la manipuler comme un morceau de viande me débecte. J’imagine que pour lui, tous les humains sont de la nourriture. « Vous savez ce que je veux. Vous l’avez su dès le départ.

— Ah, oui, dit-il en tapotant de ses longs doigts le genou de la soumise, comme si elle faisait partie du meuble. Et as-tu progressé pour obtenir satisfaction ?

— C’est un jeu sur le long terme. » Frangelico est ma meilleure chance d’obtenir ce que je veux. Si ça doit me prendre le restant de mes jours, merde, qu’il en soit ainsi.

« Tu joues donc à des jeux, finalement ? » Ses doigts se figent.

Je soupire. « Putain, de quoi est-ce que vous parlez ? »

Frangelico lâche la blonde et la congédie. « Je me demande ce qui se passera si ni toi ni moi n’obtenons ce que nous voulons.

— Nos chemins se sépareront », dis-je en haussant les épaules. Ce n’est pas comme si quoi que ce soit me retenait à Tucson.

« Et si je ne veux pas que tu partes ?

— Ce serait fâcheux. »

Je ne regarde pas le vampire dans les yeux — je ne suis pas débile — mais je foudroie son menton du regard. Je n’ai jamais défié ou menacé le roi, du moins pas encore, mais il comprend le message et se rassied au fond du trône en soupirant. Son peignoir en velours retombe sur l’une de ses épaules, révélant des muscles puissants. Il a beau se comporter comme un playboy nonchalant, il serait un adversaire de taille dans un combat. Même sans ses réflexes surpuissants et ses pouvoirs de vampire.

« Alors, tu comprends pourquoi je voulais te parler. Je souhaite explorer des alternatives à notre accord. »

Merde. « Il n’y a qu’une seule chose qui m’intéresse. » Et si Frangelico ne peut pas me la donner, je ne sais pas ce que je ferai.

« Tu désires sûrement quelque chose d’autre. Ou quelqu’un, peut-être. »

La rousse. Son visage apparaît dans mon esprit sans que je puisse l’en empêcher. Son doux visage orné de taches de rousseur qui m’accueille quand je rentre à la maison et qu’elle vient m’embrasser…

Je me force à faire disparaître le fantasme. « Non. Rien. Je vous l’ai dit dès le début. C’est tout ou rien. » Mon choix est fait depuis longtemps.

Une femme crie. Je me raidis, mais ne me retourne pas. Je n’aime pas que ces bruits de souffrance soient devenus routiniers. Mais je fais volte-face lorsqu’une couleur fauve attire mon regard.

Benny a suspendu la rousse — ma rousse — à une corde au plafond et abat un lourd martinet en cuir sur son dos, chaque coup y laissant des marques écarlates. Nue, sur la pointe des pieds, elle tente d’échapper aux coups. Les lanières de cuir s’enroulent autour de sa hanche et tombent sur ses seins. Elle hurle. J’entends de la peur dans son timbre, pas les notes basses du plaisir.

Avant que je m’en rende compte, j’ai traversé la pièce et je me suis placé devant le vampire. Le martinet est au sol entre nous, cassé en deux.

La surprise passe sur le visage de Benedict, puis il la dissimule derrière un sourire méprisant. Il commence à se tourner vers la rousse tremblante, mais j’abats une main sur son bras.

« Non. Je ne te laisserai pas lui faire du mal.

— J’ai la permission », siffle-t-il. Quand je gronde en retour, il devient flou et réapparaît à l’autre bout du club. Putain de lâche.

Je me tourne vers la fille, et découvre qu’un autre vampire a pris la place de Benny. Un grand type aux traits aristocratiques, celui qui lui donnait des ordres un peu plus tôt. Je ne vois son soumis nulle part.

« Qu’est-ce que ça signifie ? aboie-t-il en me prenant de haut, bien que je fasse presque sa taille. Benedict avait ma permission.

— Le spectacle est fini. Détachez-la. Elle a terminé.

— Elle est à moi, et c’est moi qui décide quand elle a terminé. » Le vampire fait un pas vers une table pleine d’accessoires, mais je m’interpose.

« Rappelez votre chien », dit-il à Frangelico.

Celui-ci arque un sourcil. On ne donne pas d’ordre au roi.

« Je ne suis pas un chien. Je suis un ours. » Mon ton devient menaçant. Mon grizzly est sur le point de sortir et de se battre dans le club. On verra si les meubles sont aussi solides qu’ils en ont l’air.

« Augustine », dit lentement Lucius avec une légère désapprobation. Je me crispe. Je ne l’avais jamais vu, mais je sais qu’Augustine est l’un des lieutenants de Frangelico. « Tu sais aussi bien que moi que je ne lui donne pas d’ordres. Et voilà pourquoi je l’ai engagé : il est là pour s’assurer que vous respectez les règles. » Sur ces mots, le roi vampire se détourne pour signifier que la conversation est terminée.

La lèvre supérieure d’Augustine se soulève, révélant une canine. « Je n’ai pas enfreint les règles.

— Tu as prêté ta soumise à un vampire qui lui faisait du mal. » À côté de nous, la rousse tourne lentement au bout de la corde nouée autour de ses poignets. Merde, est-ce mauvais pour sa circulation ? Sa peau est couverte de marques, aussi nombreuses que ses taches de rousseur. Je remarque même des traces de sang. Benny n’y est vraiment pas allé de main morte.

« Si elle voulait arrêter, elle aurait dit le mot de sécurité », proteste le vampire. Il a un geste d’impatience et un serveur lui propose un verre d’eau. Augustine le boit avec avidité, puis s’essuie les lèvres. Il n’en donne pas à sa soumise.

La rouquine est molle, ses yeux à demi fermés. Je regarde son visage avec attention et lui soulève délicatement une paupière pour examiner ses pupilles dilatées. « Elle n’est pas assez consciente pour dire son mot de sécurité. » Ce délire n’est peut-être pas mon truc, mais je sais comment les endorphines fonctionnent. Elles peuvent être libérées en excès jusqu’à ce que la personne soit trop hébétée pour parler.

« Elle aime ça. » Le vampire prend une cravache sur une table, mais je me place entre la rousse et lui. Entre le vampire et sa proie. C’est probablement la première fois que quelqu’un lui refuse quelque chose.

Augustine a l’air choqué. Ça lui va bien.

« J’ai dit non.

— Très bien. Il est l’heure de manger, de toute manière. » Il claque des doigts, et un autre employé du club s’approche pour détacher la corde autour des poignets de la jeune femme.

Elle s’avachit, une cascade de cheveux roux tombe sur son visage moucheté de taches de rousseur. Sa tête roule sur son épaule. Elle est complètement défoncée aux endorphines. Une autre sang-sucré : la victime soumise et consentante d’un vampire.

Ça ne me regarde pas. Je ne devrais pas m’en mêler. Mais la rousse entrouvre les lèvres, elle se tourne vers moi et son odeur me parvient…

Et je comprends soudain pourquoi elle a éveillé mon intérêt.

Je me penche vers elle. Elle est métamorphe. Pas un loup ni un ours, mais un animal qui s’en rapproche. Une renarde, peut-être. Ça irait bien avec sa chevelure flamboyante. Je jette un coup d’œil entre ses cuisses. Elle est entièrement rasée, à l’exception d’une fine bande de poils. Une vraie rousse. Aucun doute, c’est une renarde.

Comment ai-je pu ne pas remarquer son animal avant ? Peut-être parce qu’il est effacé, soumis. Sans compter toutes les écœurantes odeurs des vampires dans le club. Les proies ne font pas connaître leur présence à la façon des espèces dominantes. Et celle-ci est aussi douce qu’une proie peut l’être. Mon ours lutte pour se libérer. Il veut l’emmener loin d’ici, en sécurité dans un lieu sombre où il pourra la protéger.

Je suis tiraillé par mon instinct, mais je dois me souvenir pourquoi je suis ici. La gorge nouée, je fais un pas en arrière et feins le désintérêt, tel un videur qui s’inquiète plus de la réputation du club que de la protection d’une sang-sucré consentante. « Frangelico sait que tu te nourris sur une métamorphe ?

— Elle m’appartient.

— Les métamorphes n’appartiennent pas aux vampires.

— C’est le chien de garde du roi qui me dit ça ? »

Techniquement, le roi vampire et moi sommes en partenariat, mais je ne rectifie pas son erreur.

Augustine claque des doigts avec un sourire mauvais. Une seconde plus tard, des employés du club ont apporté un siège et sa soumise à Augustine. Je ne les quitte pas des yeux tandis qu’il la fait tourner entre ses bras pour placer son corps flasque sur ses genoux, presque tendrement. Je serre les poings quand Augustine écarte les cheveux roux de la femme et incline sa tête en arrière pour dégager sa gorge. Comme une vipère, il frappe, sans cérémonie ni douceur, et plonge ses crocs dans sa chair. Elle convulse, mais son expression hagarde s’efface et devient de l’extase.

Putain, ça suffit. Je tourne les talons et repars vers le trône.

« On peut leur faire aimer ça, tu sais », déclare Frangelico. Il tient une coupe emplie d’un liquide rouge. Un bel effet, mais ce n’est que du vin.

Je me retourne en entendant un cri. La rousse se débat entre les bras de son maître, le plaisir se mue en douleur. Augustine me jette un regard méchant. Il lui fait volontairement mal. Elle tambourine son torse de ses poings pendant que son sang tache la peau pâle du vampire et le col de sa chemise. Il en met partout.

Ses cris deviennent plus aigus et paniqués.

« Laisse-la tranquille, dis-je en un grondement.

— Augustine. » Frangelico l’appelle d’une voix douce. Le jeune vampire se retourne en grognant, mais il baisse les yeux. « Assez », ordonne le roi. Augustine incline la tête, puis fait signe à un employé d’emporter la renarde.

« Tu ne pourras pas tous les sauver du sadisme de mon fils », murmure Frangelico. Je suis la rousse des yeux jusqu’à ce qu’elle disparaisse derrière le rideau d’une alcôve privée. Elle ne risque plus rien. Au cours de l’heure suivante, elle sera blottie dans une couverture, on lui donnera du jus d’orange, du chocolat et tout ce dont elle a besoin pour se remettre de ses émotions. J’envisage tout à coup de tirer le rideau, de faire sortir l’employé et de prendre soin d’elle moi-même, mais je rejette cette pensée dès qu’elle se présente. La rouquine est mignonne, mais elle ne me concerne pas.

Mon ours proteste en rugissant.

Quand je me retourne, le roi vampire m’observe avec intérêt. Je secoue la tête. « Je ne compte pas les sauver. Comme vous l’avez dit, ils aiment ça. »

Il me contemple par-dessus ses doigts entrelacés. « Ce club existe pour répondre à toutes sortes de désirs. Certains aiment que leur plaisir soit mélangé à de la douleur. Nous avons un nom pour eux : les sang-sucré.

— Ouais, je sais. » Les vampires adorent les masochistes. La souffrance libère des endorphines, ce qui donne un goût sucré au sang, ou un truc comme ça. Je suis sur le point de dire à Frangelico où il peut se mettre son sadisme lorsqu’une nouvelle odeur entre dans mes narines. Des loups.

« Frangelico », le salue une louve vêtue de cuir. Elle est suivie d’un énorme loup avec un piercing au sourcil. Sheridan et Trey. J’accorde toute mon attention à ce dernier. On ne s’entend pas, tous les deux. J’étais videur au Fight Club, son club de combat, mais la situation a très vite tourné au vinaigre quand il a appris que je travaillais également ici.

Trey montre les dents dès qu’il me voit. La louve pose une main sur son bras et marmonne : « Tiens-toi bien.

— Ah, ma chère Sheridan, susurre le roi. Quel plaisir d’avoir ta visite, ainsi que celle de ton garde du corps.

— Mon compagnon », précise-t-elle. Sa main se pose automatiquement sur son épaule, là où il doit l’avoir marquée. Merde, elle est devenue sa compagne ? J’ouvre la bouche pour les féliciter, mais Trey me fusille du regard. Après ce que j’ai fait, il n’acceptera rien de ma part. Je me tais.

« Qu’est-ce qui vous amène dans notre petit club ? demande Frangelico. Êtes-vous ici pour affaires ou pour le plaisir ?

— Pour affaires », répond Sheridan, bien qu’elle jette un regard plein d’envie en direction du club. Je ne comprends pas ce qui attire les gens ici, mais ce ne sont pas mes affaires.

« Venez, dans ce cas. » Frangelico fait un geste pour que d’autres sièges soient approchés. Des serveurs apparaissent et proposent à boire aux loups.

« Nous sommes ici parce que nous avons entendu des rumeurs. Des métamorphes disparaissent dans la région.

— Des loups.

— Non, pas des loups. D’autres métamorphes. Des espèces qui ne sont pas protégées par une meute.

— De quels métamorphes parle-t-on ? Pardonnez-moi, je ne suis pas aussi versé dans le royaume animal que je devrais l’être. » Frangelico ment, bien sûr. Il se fait un devoir de tout savoir.

Sheridan déglutit et échange un regard avec Trey, qui hoche la tête. « Quelques félins solitaires qui n’appartenaient à aucun clan. Un léopard, un tigre. Mais aussi des métamorphes plus rares. Des hiboux, des corbeaux, des aigles.

— Vraiment ? Certains métamorphes sont des oiseaux ? » Frangelico est un maître du bluff. Même moi, je ne peux sentir que son intérêt.

Sheridan acquiesce. « Ils restent discrets parce qu’ils sont moins nombreux que les loups et les gros félins. Et parce que ce sont des proies.

— Et quelqu’un les enlève ? N’était-ce pas déjà arrivé quand une entreprise capturait des métamorphes pour les soumettre à des expériences ?

— Cette entreprise n’existe plus. Nous avons détruit leurs locaux et éliminé les responsables. Mais il existe toujours un marché clandestin pour les métamorphes kidnappés, et nous pensons que ceux qui en font commerce ont trouvé de nouveaux clients. Des vampires. »

Frangelico tapote l’accoudoir de ses longs doigts. Il n’a pas bronché au moment où Sheridan a lâché cette bombe. Après avoir attendu un instant, comme pour s’assurer qu’elle a terminé, il demande : « Et pourquoi des vampires voudraient-ils acheter des métamorphes ?

— On l’ignore. C’est pour ça que nous sommes là. » Avant que Sheridan puisse continuer, son grand compagnon tatoué s’avance.

« Vous avez tout intérêt à vous pencher sur la question, à moins que vous ayez envie que la meute vienne frapper à votre porte, dit-il d’un ton menaçant.

— Ce que mon compagnon veut dire, reprend Sheridan avec un sourire crispé, c’est qu’unir nos forces pour enquêter sur ces disparitions serait un bon moyen d’honorer l’alliance entre vos vampires et la meute de Tucson. Dans l’intérêt de la paix.

— En effet. » Frangelico pose les yeux sur Trey avant de regarder Sheridan de nouveau. « Tu as un don pour la diplomatie, ma douce.

— Merci, répond-elle posément. Mais ne m’appelez pas ma douce. »

Le roi ignore son grondement. « Nous nous pencherons sur la question. » Il me décoche un regard en coin, et je lui réponds d’un hochement de tête. Quand le roi dit nous, il parle de moi. Traquer les vampires qui ont acheté des métamorphes kidnappés ne me dérange pas, et je sais exactement où commencer : avec Augustine et sa petite soumise rousse.

« C’est entendu, déclare Frangelico. Maintenant que vos affaires sont terminées, je vous invite à profiter de mon club. Resterez-vous pour vous divertir ce soir ? »

Sheridan hésite. Son regard parcourt la salle faiblement éclairée avec un intérêt qu’elle ne parvient pas à masquer.

« Oui, répond Trey en se plaçant entre le roi et elle. Tant que tout le monde se tient bien.

— Je suis sûr que mes vampires seront sages, répond Frangelico avec un reflet de canine.

— Et vos métamorphes de compagnie ? » Trey me regarde.

« Je n’ai aucun métamorphe de compagnie. Seulement des amis et des… partenaires de jeu.

— Et lui, qu’est-ce qu’il est ? insiste Trey, qui me dévisage toujours.

— Un associé, dis-je.

— Je suis certain que Grizz respectera également le règlement du club et tous ses membres. » Frangelico hausse un sourcil dans ma direction.

« Je n’ai aucun problème avec ces loups », dis-je en levant les mains. Ce n’est pas ma faute si les loups ont un problème avec moi.

« Bien. » Le roi frappe dans ses mains, faisant sursauter Sheridan. Trey touche ses épaules en un geste rassurant et se penche pour lui murmurer quelque chose. Elle rougit. Trey la fait pivoter, la pousse gentiment vers une table libre et la regarde s’éloigner. Je dois avouer que si j’avais une compagne aussi belle, moi aussi, je la suivrais tout le temps des yeux.

Trey se retourne vers Frangelico, puis vers moi. Son expression devient dure.

« Hé, Grizz, tu te bats toujours vendredi ? demande-t-il, amer.

— La dernière fois que j’ai vérifié, j’étais toujours sur le planning. » Je ne travaille plus au Fight Club depuis quelques semaines, mais les combats font du bien à mon ours.

« Tant mieux, dit Trey avec un sourire lugubre qui découvre ses dents. On a un invité spécial pour toi. Prépare-toi. »

Je le regarde s’éloigner. Bien que ce soit un gros loup dur à cuire, il n’est pas aussi dangereux que moi. Pas seul, en tout cas. Mais les loups ne sont jamais seuls, ce qui est à leur avantage. Ils bénéficient de la force d’une meute.

« Si c’est tout, je vais y aller.

— Je te libère de tes fonctions pour le reste de la nuit, me répond Frangelico en opinant du chef. Demande à Peter d’appeler quelqu’un pour te remplacer. Je veillerai à la sécurité du club en attendant.

— Compris. » Il est temps pour moi de me mettre en chasse.

Je m’approche de la corde avec laquelle Augustine a attaché sa soumise métamorphe. La robe blanche qu’elle portait est toujours en tas par terre. Je la ramasse et la renifle longuement. Le parfum est épicé, avec une touche florale. Une renarde, c’est certain. Je ne peux pas suivre l’odeur du vampire, mais je peux retrouver la métamorphe.

Quelques questions discrètes plus tard, j’ai appris que la rousse est partie avec Augustine. Son maître, comme les gens l’ont appelé. Je ne sais pas si elle lui appartient ou s’il s’agit d’un jeu entre eux, mais je compte bien le découvrir. Je peux trouver son adresse dans les dossiers que tient Frangelico. Je suis l’une des rares personnes à qui il y donne accès. Il sait que je ne le trahirais jamais : j’ai trop besoin de lui.

À la moitié de l’escalier qui remonte vers le rez-de-chaussée, je m’arrête et parcours le club des yeux. Trey et Sheridan occupent déjà une table sous l’un des projecteurs. Trey a ouvert un sac de sport noir et en sort des accessoires. Sheridan se tient à côté de lui, sa peau nue luisante autour d’un harnais compliqué en cuir. L’excitation la fait légèrement chanceler.

Trey se tourne vers elle après avoir sorti les objets. Dès qu’il claque des doigts, elle tombe à genoux et lève la tête vers son compagnon. Je n’ai pas besoin de voir son visage pour savoir que ses yeux brillent. L’expression du loup s’attendrit alors qu’il la contemple. Un couple de plus échangeant un moment volé avant de commencer une danse compliquée de soumission et de domination. Je l’ai déjà vue un million de fois, mais bizarrement, elle n’est pas aussi grotesque avec des métamorphes. Non que je comprenne pour autant.

Je finis de monter les marches et donne un coup de poing dans la porte pour m’échapper de cet endroit.

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