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Alpha Bad Boys, Tome 12 : Le Sang de l'alpha



Description ajoutée par atypica 2022-10-07T14:06:53+02:00

Résumé

JE L’AI ACHETÉE. ELLE M’APPARTIENT. MAIS ELLE NE SERA JAMAIS MIENNE…

Un roi vampire…

Dès qu’elle est montée sur scène, j’ai eu besoin de l’avoir dans mon lit. Ma soumise, à genoux et à mes pieds.

Mais cette vierge captive est davantage qu’il n’y paraît…

Une espionne dans mon royaume. Une arme affûtée par mon ennemi. Elle me hait. Mais la haine est une émotion dangereusement proche de l’amour…

Une reine capturée…

Toute ma vie, je me suis entraînée en vue d’un seul but. Un objectif ultime : tuer le roi vampire.

Je m’attendais à un combat. À de la douleur. À de la torture. Je ne pensais pas le désirer. Mon corps est une arme qu’il retourne contre moi.

Mais je ne peux oublier ma meute massacrée. Ma quête de vengeance. Ma mission est simple :

Le séduire. Gagner sa confiance. L’éliminer.

Et, par-dessus tout : ne pas tomber amoureuse.

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Classement en biblio - 68 lecteurs

extrait

Sélène

La scène est une vieille plateforme usée, transformée par de moelleux rideaux rouges et des spots diffusant une lumière aveuglante. Combien de Macbeth sont morts ici ? Combien de Hamlet ? En coulisse, j’attends en écoutant les murmures du public. Mes bras se couvrent de chair de poule.

Détends-toi, m’a murmuré mon mentor. Tu joueras ton rôle à la perfection.

C’est bien ce que j’espère. Je me suis entraînée toute ma vie pour ce moment. Je porte une robe en soie à bretelles, qui drape ma poitrine et mes hanches, les moulant avec une moindre pudeur tout en dénudant mes jambes à mi-cuisse. La tenue légère ne me dérange pas, mais sans armes, je me sens nue. Depuis mes seize ans, j’ai toujours porté des armes sur moi. J’avais coutume de m’endormir en étreignant ma préférée : un pieu en bois.

C’est ton plus grand rôle. Ta performance suprême, a dit mon mentor. Si tu échoues, tu le paieras cher. Sa voix est devenue plus grave. Ne me déçois pas.

Je n’échouerai pas. Après ce soir, ma vie sera en danger, mais ce n’est rien de nouveau. Elle l’a toujours été. J’ai attendu, pleuré, sué, lutté, vécu, respiré et souffert pour ce moment. L’entraînement était terriblement exigeant, et je lui ai tout sacrifié. Quoiqu’il arrive après ce soir, tout a été planifié depuis longtemps, et mon rôle dans cette intrigue taillé sur mesure. Je suis née pour jouer ce rôle. Chaque instant de ma vie a mené à ce moment.

« Plus que dix minutes », prévient un machiniste en noir. Ses yeux glissent sur moi comme si je faisais partie du décor. Je lève le menton et rencontre son regard, puis le fixe jusqu’à ce qu’il baisse la tête et décampe. Lissant ma robe transparente, je détends ma lèvre supérieure, qui s’était retroussée. Je joue le rôle d’une soumise ce soir, mais pas avant que le rideau se lève. Je ne me recroquevillerai pas devant ces cafards. Je ne m’incline même pas devant mon mentor. Mes démonstrations de supériorité l’amusent. Ou il pense peut-être que ma force d’alpha me protégera lors de ma mission finale. Quoi qu’il en soit, il me permet mon insolence. Je serais morte s’il en était autrement.

Deux ombres se déplacent dans les profondeurs de la scène. Je ne prends pas la peine de me retourner pour les regarder. Les gardes sont là pour ma protection, et pour me pousser sur scène si je me dégonfle. Ce n’est pas nécessaire. J’ai hâte de jouer ce rôle.

Ce vieux théâtre a passé son heure de gloire depuis longtemps. L’air y est poussiéreux, sent le renfermé. Une autre odeur âcre flotte dans la loge, et empire quand on descend les marches menant au sous-sol empli de cages. Mon mentor m’a fait passer devant elles sans ralentir, en m’ordonnant de me concentrer sur l’objectif final. J’avais à moitié envie de me tourner vers les cages, pour trouver celles qui étaient occupées et en casser les barreaux. Pour libérer les métamorphes effrayés. Dans une autre vie, ce serait ma mission. Elle peut encore l’être, si je survis.

Ils vont être présentés sur scène ? ai-je demandé pendant que nous montions l’escalier, fuyant ces yeux scintillants.

Certains d’entre eux, a répondu mon mentor. Certains attendent d’être récupérés. Remarquant ma colère et mon dégoût, il s’est penché vers moi. Lucius Frangelico autorise cette perversion. Une fois qu’il ne sera plus là, nous redresserons ce tort.

C’était exactement ce qu’il fallait me dire. Lorsque je monterai sur scène, je ne penserai qu’au roi assis parmi les spectateurs. La fin de son règne enverra une onde de choc à travers tout son royaume corrompu.

Mais avant tout, Lucius Frangelico doit mourir.

Il est là ? Maintenant ? ai-je demandé à Xavier.

En chemin, a-t-il répondu. D’après mes espions, il arrivera à temps. Une fois qu’il sera assis, nous donnerons le signal et ton rôle débutera.

Mes poings se serrent contre mes flancs. Je me force à les décrisper. Il est temps d’entrer dans mon rôle. Je dois le jouer à la perfection, sinon je ne survivrai pas.

Une autre silhouette apparaît. Une femme âgée sort de la loge pour me jeter un rapide coup d’œil critique. Je me tiens droite et la laisse m’examiner. Je baisse même les yeux vers le sol, me comportant comme la soumise que je suis censée être.

Mes cheveux sont tressés et retenus en une couronne sur mon crâne. Je porte un maquillage minimal : une touche de fard à paupières, du mascara, du blush. Assez pour que les lumières ne me rendent pas blême, avec une note audacieuse sur ma bouche : du gloss rouge. De la couleur du sang et des rêves des vampires.

Tu attireras immédiatement son attention, a susurré mon mentor. Il sera content. Xavier a détaillé mon corps à demi nu de la tête aux pieds. Bien que son examen soit impersonnel, clinique, je n’ai pu m’empêcher d’apprécier l’éclat approbateur de son unique œil.

Et s’il ne mord pas à l’hameçon ? ai-je demandé.

Aucun risque. Si ça n’arrive pas ce soir, l’un de mes collègues t’achètera et te paradera. Il te mettra sous le nez de Frangelico. C’est à toi d’attirer son attention. Xavier a refermé ses grandes mains autour de mes bras, d’une poigne cruelle et douloureuse. Ses doigts ont laissé des bleus, mais j’ai accepté ces marques avec gratitude. Mon entraînement ne permettait ni réconfort ni contacts amicaux. En revanche, il m’a laissé de nombreuses marques. Je les ai reçues comme des baisers ou des étreintes. La douleur est devenue plaisir et chaque hématome m’a rendue plus forte. Une arme affûtée.

Xavier a serré plus fort et j’ai ravalé un gémissement.

Bonne fille, a-t-il dit, et je me suis senti pousser des ailes. Je ne sais pas s’il m’a volontairement fait mal avant de reculer pour laisser la maquilleuse travailler. Lorsqu’elle a voulu dissimuler mes marques, il lui a ordonné de les laisser. Elles attirent l’œil. Xavier a saisi mon menton. Souviens-toi de ce que je t’ai appris. J’ai incliné la tête, puis le vampire borgne a quitté la pièce. Voyant la maquilleuse frissonner, j’ai esquissé un petit sourire de solidarité. Aussi grand et large qu’un lutteur, la moitié défigurée de son visage rendue à peine présentable par un cache-œil, Xavier est effrayant. Il m’a élevée et entraînée avec une concentration implacable, tournée vers mon objectif ultime : la vengeance. Ses méthodes étaient brutales et cruelles. S’il ne m’avait pas donné tout ce dont j’ai besoin pour venger ma meute massacrée, je le haïrais.

Je le hais peut-être. Dans mon monde, la haine n’est pas si éloignée de l’amour.

La maquilleuse hoche brusquement la tête et s’éloigne, ses talons claquant sur le plancher rayé. Comme je fixe le sol, les traces de la présence de métamorphes ne m’échappent pas. Les touffes de fourrure, les griffures sur le parquet là où les gardes les ont forcés à monter sur l’estrade. Les métamorphes qui attendent présentement dans le sous-sol, frissonnant dans des cages. Je ne peux pas les secourir ce soir. Je pourrais peut-être le faire, si je survis.

Je remarque de l’agitation dans les coulisses, puis un petit homme chauve en smoking monte sur la scène, une poignée de notes serrée dans sa main. Il les parcourt en marmonnant dans sa barbe : « Lot numéro 9, de la marchandise exceptionnelle. Une louve éduquée, jamais touchée. Elle n’a jamais été saignée. » Il me jette un coup d’œil évaluateur. Je pourrais tout aussi bien être un morceau de viande.

J’inspire profondément et entre dans mon personnage. Une louve docile et soumise, formée à devenir la compagne d’un vampire.

Frangelico sera incapable de te résister, m’a dit Xavier en fermant un collier blanc autour de mon cou. Tu es magnifique. Ce n’était pas un compliment. Dans mon monde, la beauté est une arme. Une arme dont j’ai appris à me servir.

Un machiniste donne un micro à l’homme en smoking.

« C’est l’heure », dit le commissaire-priseur en me faisant signe. Je prends une profonde inspiration, lève la tête et m’avance, pieds nus, sur la scène.

* * *

Lucius

« Sire, quelle bonté de vous joindre à nous. » Un vampire m’accueille en se prosternant lorsque je descends de ma limousine. Mes gardes du corps lui bloquent le passage jusqu’à ce que je leur fasse signe de s’écarter.

« J’ai entendu dire que c’est le bon endroit pour acheter un métamorphe. » Je balaie des yeux le bâtiment délabré, la marquise vide.

« Oui, oui, vous avez raison, dit Dante avec un petit rire avant de courir ouvrir la porte. La première partie de la vente aux enchères est terminée, mais les lots restants sont sublimes, à ce qu’on m’a dit. La crème de la crème. Par ici, s’il vous plaît… »

Je dépasse rapidement le vampire obséquieux. Pourquoi en ai-je fait l’un des nôtres ? Tous mes enfants finissent par me décevoir. C’est ma malédiction.

Des groupes de vampires vêtus avec élégance me regardent discrètement. Je ne m’attendais pas à passer inaperçu, mais à la façon dont Dante ne cesse de se courber à côté de moi sans cesser de parler, je pourrais tout aussi bien me trouver sous un projecteur.

Le théâtre est vieux, mais possède un charme singulier. Un chandelier en verre brille au-dessus de ma tête. Les rideaux rouges de la scène ont été brossés récemment. Mais même les forts parfums et les eaux de Cologne portés par les vampires dans le public ne peuvent masquer les odeurs de fourrure et de peur des métamorphes.

On m’a dit que les métamorphes sont consentants. Désirant désespérément un protecteur, ils acceptent d’être vendus à un vampire ayant pris goût à leur sang. Nous sommes certainement nombreux à être prêts à payer une belle somme pour un animal de compagnie.

« Comme vous pouvez le voir, nos rénovations viennent seulement de commencer. Nous avons fait en sorte de préserver l’architecture de 1920… » Dante interrompt abruptement sa visite guidée lorsque je m’installe sur un siège, côté couloir.

« Sire, dit-il en secouant les mains, nous vous avons réservé un siège dans l’allée centrale. Cette rangée n’a pas été rénovée…

— C’est très bien. » J’adresse un signe de tête à mon équipe de sécurité et chacun s’installe autour de la place que j’ai choisie. Six des meilleurs gardes du corps que l’on puisse engager, leurs armes dissimulées sous leurs costumes. Ce sont les gardes que les gens peuvent voir. J’ai davantage de couches de protection que quiconque peut l’imaginer. Après un siècle de tentatives d’assassinat, on apprend à prendre des précautions.

Dante reste là, tentant toujours de me faire déplacer jusqu’à un autre fauteuil, plus grand et plus récent. « Les ressorts de ces vieux sièges ne sont pas très confortables. »

Il a raison. Un ressort entre dans mon dos en ce moment même.

« Je préfère cette place. » Je me tourne vers la scène vide.

Des particules de poussière dansent sous les spots aveuglants. Quand le rideau frémit, la salle s’emplit d’un murmure d’anticipation.

J’étends mes jambes et ignore les gestes nerveux de Dante. J’ai bien compris que le vampire souhaite que je change de place. Il ne cesse de se retourner pour faire signe à quelqu’un sur le balcon.

Mes enfants complotent contre moi. Vu les efforts qu’ils ont déployés pour organiser cette vente aux enchères, ils fomentent leur plan depuis un certain temps.

Peu importe. Au cours de ma longue vie, j’ai découvert que toutes les tentatives de soulèvement se ressemblent.

Theophilus, l’un de mes enfants, s’assied quelques rangées devant moi. Il se tourne et incline la tête. Je lui rends son salut, puis lui fais signe d’approcher.

« Sire, dit-il lorsqu’il arrive à ma hauteur et s’incline. Comment puis-je vous aider ?

— Combien de ventes aux enchères ont eu lieu ici ? »

Il parcourt des yeux la salle faiblement éclairée. « Un bon nombre. J’ai appris leur existence il n’y a que quelques mois. C’est ma troisième.

— Et les métamorphes sont consentants ?

— Autant qu’ils peuvent l’être, grimace-t-il. La plupart sont des espèces rares. Sans un clan important pour les protéger, ils deviennent les proies des métamorphes plus forts.

— Et donc, ils acceptent ceci ? » Je désigne la scène de la main. « Est-ce mieux d’appartenir à un vampire ?

— Je ne suis pas métamorphe, donc je ne pourrais vous répondre. Je suppose qu’une vie de servitude vaut mieux que pas de vie du tout. »

Je pince les lèvres. La plupart des métamorphes que j’ai rencontrés préfèreraient être libres. Après tout, ils sont en partie des animaux sauvages.

« Avez-vous d’autres questions sur la vente aux enchères ? » demande Theophilus. Parmi tous mes enfants, il est le moins susceptible de se retourner contre moi, mais ça ne signifie pas qu’il ne l’a pas fait.

« Pas pour l’instant.

— Vous comptez enchérir, sire ? »

J’étudie son visage à la recherche d’une trace d’émotion. De l’intérêt, de l’espoir, n’importe quoi. Esquissant un sourire énigmatique, je réponds : « Je n’ai pas encore décidé.

— Vous pourriez être surpris. Bon nombre de ces métamorphes sont naturellement soumis. Posséder une telle créature peut être exaltant.

— C’est un point à prendre en compte, dis-je en un murmure.

— Lorsque l’on vit éternellement, il y a si peu de nouveaux plaisirs. » Theophilus pose les yeux sur la scène et se lèche les lèvres. Une expression flagrante d’impatience.

Ces ventes aux enchères n’ont peut-être rien d’abominable. Au cours de la longue vie d’un vampire, il est facile de succomber à l’ennui. L’ennui engendre des dépravations de plus en plus perverses.

« Quand on vit aussi longtemps que moi, il n’y a plus de nouveaux plaisirs, dis-je. On s’accommode des anciens. »

Theophilus baisse la tête. « Sans vouloir vous manquer de respect, vous devriez envisager d’enchérir ce soir. Certains métamorphes, bien qu’ils acceptent la vente aux enchères, font montre d’une délicieuse résistance après avoir été achetés. Les faire plier fournit des mois de divertissement, si vous savez faire durer le plaisir.

— Des mois ? Tu me surprends, Theophilus, dis-je lentement pour lui tendre une perche. En faisant preuve de patience, un expert peut profiter d’une victime pendant des années. »

Il rougit. « Ces métamorphes ne dureront pas des années. Après tout, on ne peut pas les transformer.

— Comme tu dis. » Je fais mine d’en convenir. « J’imagine que la magie n’opère plus après quelques semaines. Ou quelques mois, si la victime est spéciale.

— Les métamorphes sont plus forts que les humains, mais personne ne peut résister à un vampire. Ils finissent tous par se briser.

— Oui. » Je me tourne vers la scène. « Tout le monde finit par se briser. » Même les vampires.

Les minutes s’écoulent et je fais mine de ne pas remarquer que des membres du public m’observent. J’entrelace mes mains, pensif. Ce soir, j’assisterai à la vente aux enchères et feindrai l’intérêt. Dans un mois, j’organiserai une fête avec quelques-uns de mes lieutenants triés sur le volet. D’ici là, je saurai lesquels de mes enfants ont conspiré contre moi. J’ai déjà ma petite idée.

« Mesdames et messieurs, veuillez vous asseoir. La dernière partie de la vente aux enchères est sur le point de commencer. »

Les lumières s’éteignent et un frisson parcourt la salle. Le rideau s’ouvre.

Et elle apparaît.

* * *

Sélène

« Lot numéro neuf, de la marchandise exceptionnelle », annonce le commissaire-priseur.

Je me tiens sur la petite plateforme et fixe un océan de lumière blanche. Les projecteurs m’aveuglent avant que je me souvienne de baisser les yeux vers le sol. Je suis censée être soumise. Un parfait petit animal domestique pour un vampire.

« Une louve métamorphe de vingt-deux ans. Elle a été formée aux arts de la soumission, mais… » L’homme s’interrompt et baisse la voix. « Elle n’a jamais été mordue. Ni possédée. Vous avez bien entendu, mes chers vampires… elle est vierge. »

Est-ce que j’imagine le murmure excité dans les rangs, au-delà des spots ? Mon entraînement reprend le dessus. Je plaque une expression neutre sur mon visage avant que le dégoût ne retrousse ma lèvre.

« Tourne-toi, ma belle, qu’on s’en prenne plein les yeux. »

Je pivote avec lenteur, puis m’immobilise de nouveau. Je baisse légèrement la tête.

« Les enchères commencent à cent mille, reprend le présentateur. Cent mille pour cette vierge pure, jamais touchée. Est-ce que j’ai cent mille… oui, là, dans le fond. Le gentleman avec le nœud papillon rouge. Quelqu’un d’autre souhaite-t-il posséder ce joli spécimen, cette beauté métamorphe ? Quelqu’un misera-t-il deux… » Les enchères montent, encouragées par les commentaires enthousiastes du commissaire-priseur. La lumière me fait plisser les yeux. Combien de gens se trouvent dans le public ? Dix ? Vingt ? Une centaine ? Quelque part, sur le balcon peut-être, Xavier observe.

Ça n’a pas d’importance. Je suis là pour un vampire, et un seul. Lucius Frangelico. J’ai besoin d’attirer son attention.

Je baisse le nez et tente de paraître docile. Comment donner envie au roi vampire d’enchérir sur moi ? J’humecte mes lèvres rouges, mais ne peux me résoudre à prendre une pose sensuelle. Pas alors que j’ai envie de frapper celui qui force des métamorphes à participer à cet évènement révoltant.

Je meurs d’envie de serrer les poings. J’oblige mes épaules à se détendre.

Ce sera bientôt terminé.

* * *

Lucius

Ce n’est pas une soumise.

C’est ma première impression sur la belle louve. Avec colère, elle regarde fixement le sol devant ses pieds nus. Chaque fois que le commissaire-priseur mentionne sa virginité, le coin de sa bouche tressaute. Ils l’ont vêtue avec presque rien, un habit ressemblant davantage à une nuisette qu’une robe de soirée. Un vêtement en soie qui ne demande qu’à être arraché. Elle a des bleus sur les bras, signe qu’elle a été malmenée, cependant elle n’a rien de fragile. Elle est grande et attirante, une Amazone avec une couronne de cheveux d’un blond doré, presque blanc.

Elle a quelque chose de familier. Lorsqu’elle lève la tête pour jeter des coups d’œil aux quatre coins du théâtre, j’oublie le souvenir alors que mon corps réagit. Du sang se précipite dans mon bas-ventre. Comment serait-ce de posséder une telle créature ? De la dresser, d’être son maître ?

Je prends une expression blasée. La louve me tente, c’est tout. Quelque chose de nouveau et d’amusant pour me divertir un temps. L’immortalité réduit tout, plaisir comme douleur, à une distraction temporaire. Mais cette louve pourrait me le faire oublier un court moment.

De plus, elle ressemble à quelqu’un que j’ai connu autrefois…

Sur la scène, elle lèche ses lèvres peintes en rouge. Je me sens à l’étroit dans mon pantalon et serre les poings. Ma raquette pour enchérir est posée par terre, à côté de ma chaussure. Dante a dû la laisser là.

Je n’enchérirai pas ce soir. Mais c’est si tentant.

Assis dans le rang devant moi, Theophilus s’éclaircit la gorge. « Vous voyez ce que je veux dire, sire ? »

Je me penche pour observer de nouveau la louve. « Oui. En effet. »

* * *

Sélène

« Cinq cents, cinq cents, qui misera cinq cents… », répète le commissaire-priseur pendant que les enchères s’essoufflent. Il s’arrête et se gratte le menton. « Non ? Vous avez peut-être besoin d’une motivation supplémentaire. »

Il fait signe à quelqu’un dans les coulisses et trois machinistes baraqués se dirigent droit sur moi.

En un souffle, je demande au présentateur : « Quoi ? » Mais il s’appuie d’un coude sur le podium, s’installant pour assister à la scène. Le premier homme parvient à ma hauteur et tire sur la bretelle de ma robe.

« Il est temps de te mettre à poil, ma jolie. »

Ma main vole avant que je puisse l’en empêcher. Je repousse l’abruti numéro un tandis que ses deux collègues me saisissent les bras, juste sur les bleus que Xavier m’a faits.

« Salope », grommelle l’abruti numéro un. De sa grosse main, il saisit les bretelles qui se croisent dans mon dos et les déchire. La robe tombe, révélant mes seins au moment où je libère l’un de mes bras. Mon entraînement me revient. Je me penche sur la gauche et envoie un coup de pied dans l’entrejambe de l’homme à ma droite, qui s’effondre. Je déséquilibre l’homme à ma gauche d’un mouvement brusque. J’écrase mon poing dans sa figure et le fais rouler sur mon dos. Il percute l’abruti numéro un. Je m’accroupis en une pose de combat au milieu des trois brutes à terre.

Le commissaire-priseur s’esclaffe.

« Mesdames et messieurs, puis-je avoir un tonnerre d’applaudissements pour le lot numéro neuf ? » Quelques applaudissements timides résonnent dans le théâtre. Mes joues chauffent. Je ne me suis pas défendue pour jouer un putain de rôle.

Mais c’en était un. Autour de moi, les types se réveillent et se relèvent. Sur un signe du présentateur, ils quittent la scène à pas lourds.

« Le spectacle est fini, les amis, annonce le commissaire-priseur. Qui veut repartir avec elle ce soir ? Les enchères se poursuivent à cinq cent mille. »

Ma robe tombe sur mes hanches. Je la baisse et m’en débarrasse.

« Celle-ci ne manque pas de tempérament ! Quelle fougue ! Saurez-vous la dominer ? Pour cinq cent mille, vous pourrez le découvrir. »

* * *

Lucius

La louve est nue sur la scène, sa poitrine se soulevant rapidement. Elle a abandonné tout simulacre de soumission. Lorsqu’une mèche de cheveux s’échappe de sa tresse, elle la replace avec impatience. Elle foudroie tout et rien des yeux.

Elle est sublime. Si elle m’appartenait, je m’amuserais chaque nuit à l’affronter pour prendre le contrôle.

Je ne suis pas le seul à le penser.

« Merde », soupire Theophilus. Quand le commissaire-priseur reprend la parole, il lève sa raquette. Je ravale un grondement.

« Theophilus. » J’insuffle assez de compulsion à ma voix pour qu’il tourne la tête. Je tends la main, paume vers le ciel. « Donne-moi ça. »

Il obéit, mais partout autour de moi, des vampires enchérissent sur la louve. Elle se tient dans une flaque de lumière et n’essaie même pas de dissimuler sa révulsion. Pourquoi a-t-elle accepté d’être vendue aux enchères ? Elle n’a pas l’air d’être ce genre de personne.

À Theophilus, je demande : « Ces métamorphes. Si quelqu’un enchérit sur eux, obtiennent-ils une partie de l’argent ? »

La compréhension illumine son regard. « Non. Ils deviennent votre propriété. Ils n’obtiennent rien, mais leur famille peut recevoir une compensation financière. »

Ça correspond à l’information que l’on m’a donnée sur ceux qui réduisent les métamorphes en esclavage. Ces hommes, en général des métamorphes véreux, trouvent des clans de métamorphes vivant cachés et leur proposent d’acheter l’individu le plus soumis de leur groupe. Ils les menacent aussi, sans doute. Cette louve accepterait-elle d’être mêlée à un tel accord ? Si sa famille touche de l’argent, peut-être.

Je m’assieds au fond de mon fauteuil tandis que les enchères font rage autour de moi. Un mystère. Je suis plus intrigué à chaque seconde.

« Un million », déclare quelqu’un. Je me tourne et regarde de l’autre côté de l’allée. Un vampire imposant avec un cache-œil me rend mon regard. Grâce à toute une existence passée à contrôler mes émotions, je parviens à ne pas laisser transparaître ma surprise.

Xavier. Que fait-il ici ? Nos chemins ne se sont pas croisés depuis des décennies. Peut-être même depuis un siècle. Il incline la tête en un salut moqueur. La dernière fois que nous nous sommes vus, nous étions ennemis.

Un silence s’installe pendant que le commissaire-priseur et le public digèrent son enchère. Sur scène, la louve tremble, comme si elle se souvenait de la raison de sa présence.

Et je me souviens soudain à qui elle me fait penser. Son visage en devient un autre, une petite femme frêle avec un nuage de cheveux dorés, presque blancs. Ma première amante vampire. La seule femme, possiblement, que j’ai jamais aimée. Georgianna.

De l’autre côté du couloir, les crocs de Xavier brillent. Il ne m’a jamais pardonné de lui avoir pris Georgianna. Et maintenant, il me déroberait cette louve sous mon nez.

Celle-ci m’appartient, semble dire son expression triomphante. Pauvre louve. Xavier a toujours cassé ses jouets. Soit pour s’amuser, soit pour éviter que quelqu’un d’autre en profite.

Mes doigts se crispent autour de la raquette numérotée. Toute cette vente aux enchères, l’apparition de Xavier, la louve qui semble le fantôme de Georgianna revenu à la vie… c’est un stratagème. Un coup monté. C’en est forcément un. C’est trop commode.

Quelqu’un prépare quelque chose. Si mes enfants se sont acoquinés avec Xavier, ils sont au-delà du pardon. Leurs vies sont terminées.

Mais si Xavier agit seul, il pourrait s’avérer intéressant de jouer le jeu. Sauver la louve. La parader devant ma cour et attirer Xavier dans mes filets.

Quel est l’adage, déjà ? Soyez proches de vos amis… et plus encore de vos ennemis.

Oh, oui. Ces prochaines semaines seront très divertissantes. Je me réadosse à mon siège et lève ma raquette.

* * *

Sélène

« Un million. »

Le sang me monte à la tête. C’était la voix de Xavier. Enchérit-il sur moi ? Pourquoi ?

Je joins mes mains devant moi pour maîtriser leur tremblement. Ai-je échoué ? Je ne peux pas. Il ne me reste rien, à part cette mission. Séduire Frangelico.

Alors que le silence se prolonge, je suis au bord de la crise de nerfs. Xavier n’aime pas l’échec. J’ai appris cette leçon encore et encore. La souffrance est une excellente professeure. Je suis assez forte pour la supporter, mais si j’échoue aujourd’hui, je ne sais pas…

Une voix grave s’élève : « Dix millions. »

Un grand calme s’abat sur le théâtre. Chaque créature, moi y compris, retient son souffle.

Le commissaire-priseur semble ne pas croire à sa chance. « D-dix millions. » Il s’éponge le front et balaie la salle des yeux en se mordant la lèvre. J’attends qu’il propose une surenchère, mais le bond impressionnant entre un et dix millions l’a rendu muet.

Il tape le podium de son maillet et crie : « Vendu ! Au gentleman avec les poches les plus profondes. Lucius Frangelico, le roi vampire. »

Mes oreilles sifflent. Je me penche et ramasse les lambeaux de ma robe déchirée. Ça a marché. Ça a marché ! Il m’a achetée.

Dans quelques minutes, je serai entre les griffes de mon nouveau maître vampire. Tout se passe comme prévu.

Le rideau se referme sur la scène et je reste dans le noir, clignant des yeux.

Le présentateur annonce une pause et descend de scène. Une fois dans les coulisses, il me fait signe de le suivre.

« Bonne fille. » Il se frotte les mains, s’imaginant sans doute déjà tenir dix millions de dollars entre ses gros doigts sales. Je ferme les yeux, prise de vertige. Quel genre de vampire paie dix millions pour un loup de compagnie ? Que me fera-t-il ?

Peu importe. Tout sera bientôt terminé. S’il se passe des choses déplaisantes entretemps, eh bien, j’ai appris à supporter énormément de douleur.

Quatre gardes approchent et m’entourent. Ils ne me touchent pas, donc je ne proteste pas. Derrière eux, l’une des brutes qui m’a malmenée rôde dans l’ombre. Il maintient un bloc de glace contre son visage. L’homme que j’ai frappé à l’entrejambe a disparu. Celui qui reste me décoche un regard noir, mais ne s’approche pas. Il n’osera plus me toucher, désormais. J’appartiens au roi vampire. Cette pensée me percute comme un coup de poing et me fait tanguer.

Un jeune homme élancé apparaît à côté de moi. Quand je remarque son odeur, je détourne les yeux. Il n’est pas humain. C’est un vampire.

« Sa Majesté aimerait que tu mettes ça. » Il me tend une veste de costume. Je donne ma robe déchirée à un garde et m’enveloppe dans la veste trop grande. Ses manches tombent sur mes poignets et elle couvre mes jambes jusqu’à la mi-cuisse. J’ai porté des robes moins longues. Comme celle de ce soir.

« Sa Majesté viendra bientôt te chercher. Tu as besoin de quelque chose ? À manger, à boire ? »

J’aimerais bien des chaussures, mais je secoue la tête. J’enfouis mon visage dans le col de la veste et inspire l’eau de Cologne, discrète et hors de prix, qui imprègne le tissu. Elle ne masque pas l’odeur familière de pierre froide. Cette veste a récemment été portée par un vampire.

« Par ici. » Le commissaire-priseur nous mène dans la loge.

Le jeune vampire plisse le nez. « Vous voulez faire venir le roi ici ? C’est un trou à rat. » Lorsque le présentateur se met à plat ventre et affirme qu’il ne demanderait jamais au grand Frangelico de salir ses chaussures en entrant dans cette pièce, le jeune vampire grommelle. « Alors, trouvez-nous un meilleur endroit pour patienter. Il s’agit de la propriété du roi, dit-il avec un geste de la main dans ma direction. Le respect dont vous faites preuve avec elle est le respect que vous témoignez au roi. »

C’est comme ça que nous nous retrouvons dans une autre pièce, qui sent la peinture fraîche et est remplie de meubles neufs. Elle se trouve à l’étage. Le jeune vampire est plein d’attentions envers moi. Il me trouve une bouteille d’eau et se lamente sur mon absence de chaussures.

Je fais le vide. Rien n’a d’importance jusqu’à ce que je rencontre Frangelico.

Mon nouveau maître.

Non. Je ne lui appartiendrai jamais. Il pensera que je suis à lui. Le temps qu’il comprenne la vérité, il sera trop tard.

Je fais face à la porte et attends que ma cible entre. Lucius Frangelico, le visage qui me hante. La source de tous mes cauchemars. Le vampire qui a tué ma meute et fait de moi une orpheline. Sans Xavier, je serais morte. Je lui dois tout. Et cette dette ne pourra jamais être remboursée. En plus de me sauver la vie, Xavier m’a également donné une raison de vivre. Des années d’entraînement et de planification, aboutissant en une unique mission : la vengeance.

Et maintenant, j’ai été vendue au roi vampire. Je vais pénétrer chez lui, je le laisserai me mener dans son antre. Je gagnerai sa confiance. Je guetterai le bon moment.

C’est ce que j’ai attendu toute ma vie. Tout mon entraînement, tout mon dur labeur n’avait qu’un objectif.

Tuer Lucius Frangelico.

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Commentaires récents

Bronze

J’ai trouvé ce livre gentillet. Les vampires ne font pas peur. L’héroïne manque de profondeur. Je suis déçue.

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Lu aussi

Fin de lecture et sentiments très mitigés...

Alors le spitch est plutôt pas mal. Ca m'a fait penser à un 50 nuances de Grey version surnaturel au début au niveau de la relation charnelle. Mais juste au début et QUE sur la partie sexualité. Lucius est un peu "psychopathe" dans l'épilogue alors qu'il était plutôt bienveillant le reste du livre.

C'est franchement pas fou, on voit la fin avant même la moitié du livre. La motivation du méchant est d'un classique... A lire si on a rien de plus intéressant mais pas le livre de l'année. C'est vraiment dommage au vu des ingrédients, ça aurait pu être pas mal du tout.

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Pas apprécié

Pas aimé.

Je croyais lire une romance toute simple entre un vampire et une métamorphe mais c'est avant tout un maître et son esclave.

Il fait ce qu'il veut d'elle et elle, en tant que soumise, elle se doit d'obéir.

Je n'aime pas du tout, ce genre de lecture.

Je passe.

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Date de sortie

Alpha Bad Boys, Tome 12 : Le Sang de l'alpha

  • France : 2023-01-15 (Français)

Activité récente

Titres alternatifs

  • Alpha Bad Boys, Tome 12 : Le Sang de l’alpha - Français
  • Alpha's Blood - Anglais

Distinctions de ce livre

Évaluations

Les chiffres

lecteurs 68
Commentaires 3
extraits 1
Evaluations 18
Note globale 6.59 / 10

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