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Je remarque son accent irlandais et mon cerveau se souvient d’un nom. Declan. Un métamorphe, je ne sais pas quel animal. Il sent un peu comme un loup et un peu comme… autre chose. Un mélange métamorphe, un produit des expériences dans les labos secrets de DataX. L’Irlandais est l’un des rares à avoir survécu. Je dirais bien qu’il a eu de la chance, mais c’est faux. Les chanceux sont morts.

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Ai-je envie de la posséder sous nos formes animales ? D’après Parker, seuls les métamorphes de la même espèce peuvent le faire. C’est pour cette raison que Declan et lui ont été soumis à des expériences de croisement génétique sous la supervision du Dr Smyth.

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Il hausse les épaules. "Ils l’ont testé. Torturé." Il frotte son bras d’un air absent et plisse les yeux comme s’il souffrait. "Smyth essayait de repousser les limites des métamorphes au cours de ses expériences.

— Tu étais là-bas, toi aussi." Je n’en suis pas certaine, mais ça pourrait expliquer le lien entre Sam et la meute de Tucson. Ça colle.

Malgré ses traits juvéniles, son regard est ancien. "Ouais."

On se regarde en silence. Il n’y a rien de plus à dire, parce qu’on a vécu la même chose. Tout comme Declan, Laurie et Parker. C’est pour ça qu’ils restent près de Nash. Nous avons tous été irrémédiablement amochés par DataX..

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Ces types ont subi des expériences et été transformés en loups. Ou étaient-ils déjà des loups-garous, étudiés par le gouvernement ?

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Quelqu’un se déplace autour de la table. Une blouse blanche de labo. Smyth. Le directeur des expériences menées par DataX.

"Docteur ?" demande une voix avec un accent prononcé. Des pas résonnent sur le sol, accompagnés du cliquetis d’une canne. Une forte odeur d’eau de Cologne me fait fermer les yeux. "Comment va notre sujet principal ?

— Mieux.

— Avez-vous fini par retrouver la reproductrice qui lui plaisait tant ?

— Malheureusement, non." Smyth plante une aiguille dans mon bras avec plus de force que nécessaire, mais je remarque à peine la nouvelle douleur parmi les affres de souffrance que ressent mon corps brisé.

"Voulez-vous que mes hommes la retrouvent ?

— Faites comme vous l’entendez, Santiago. Le projet Alpha est mon souci principal."

Je serre les dents ; ce que Smyth vient de m’injecter brûle mes veines comme de l’acide.

"Bien sûr. Dans votre quête de la race des maîtres, n’oubliez pas qui sont vos donateurs." La voix s’estompe alors qu’une nouvelle vague de douleur m’entraîne dans les ténèbres. J’ai une dernière pensée avant de perdre connaissance : d’abord, tuer Smyth. Puis Santiago.

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Une lumière froide. Une lumière grise. Des hurlements emplissent mes oreilles.

Les murs en béton ne changent jamais, pourtant ils se rapprochent la nuit. Même si mon lion peut voir dans le noir, ça ne veut pas dire que la nuit ne m’affecte pas. Je sais toujours quand le soleil se couche.

Et ces hurlements.

J’ignore s’ils sont réels ou si je les imagine. J’ai tué tant de gens. Leurs cris sont ma pénitence. Éveillé ou endormi, c’est toujours la même chose. Ma vie est un cauchemar sans fin.

Quelque part, quelqu’un chante.

« Quand l’Irlande sourit… »

La faible lumière du jour éclaire mon visage. Je suis dans un lit, pas sur un lit de camp. Les murs ne sont plus en béton, mais d’un blanc sale, et fins comme des feuilles de papier. J’entends des murmures dans le salon en plus de l’Irlandais qui gueule. Les sons glissent sur moi et mes muscles noués se détendent.

Ma vue, qui était encadrée de rouge, redevient nette lorsque mon lion rentre en moi. Je suis dans une chambre, pas dans une cellule avec des gardes sur le point d’entrer. Mais mon animal est prêt à se battre. Il l’est toujours. Des années de mauvais traitements l’ont brisé de manière permanente.

La sueur a trempé mon drap. Encore une mauvaise nuit pleine de rêves dans lesquels je suis enfermé dans une cellule. Ou de flashbacks. Mais par moments, les songes paraissent plus réels.

Je me force à me lever et fais le lit avec une précision militaire, comme je l’ai fait chaque foutu matin depuis la première semaine du camp d’entraînement. « Un homme peut quitter l’armée, mais l’armée ne peut pas quitter un homme », avait l’habitude de nous dire notre instructeur. Il avait raison. Mais je me demande parfois si je pourrais faire en sorte que le tueur quitte mon lion.

Dès que j’ouvre la porte de ma chambre, le chant s’arrête.

« Nash ? » Une tête apparaît dans le couloir.

« Qu’est-ce que vous foutez ici ? » Je foudroie le métamorphe du regard, son visage juvénile tranchant avec ses cheveux prématurément grisonnants.

Parker hausse les épaules et recule pour me laisser entrer dans le salon. « Je me suis fait virer de mon appart. Ils ont vu mon animal courir autour de l’immeuble et ils m’ont dit pas d’animaux domestiques. Et puis, tu as une chambre d’amis. »

N’ayant rien à répondre à ce dernier commentaire, je me tourne vers les deux autres intrus affalés sur le canapé élimé. Deux hommes, l’un avec des cheveux noirs et une bouteille de tord-boyaux à la main, l’autre plus grand que nous tous et trop maigre. Le grand porte des lunettes et cligne constamment des yeux. Le brun esquisse un sourire.

« Je vous avais dit de pas venir ici, dis-je sans m’adresser à personne en particulier.

— C’est plus grand chez toi », proteste Parker en cachant un petit sourire. Pendant un instant, j’envisage de l’effacer de sa figure puis de l’utiliser pour essuyer le sol. Mais non. C’est mon agent. Si je le tue, qui organisera mes combats ? Démolir régulièrement un adversaire est la seule chose qui maintient mon animal en vie.

« Hé. » Je pointe du doigt le brun, qui ouvre une bouteille avec une étiquette à l’écriture manuscrite illisible. « C’est quoi, ce truc ? Ça schlingue, on dirait du décapant.

— Ça ? Oh, un petit remède maison contre la gueule de bois. On a passé une bonne soirée à boire hier. Ça nous remettra d’aplomb direct. » Je remarque son accent irlandais et mon cerveau se souvient d’un nom. Declan. Un métamorphe, je ne sais pas quel animal. Il sent un peu comme un loup et un peu comme… autre chose. Un mélange métamorphe, un produit des expériences dans les labos secrets de DataX. L’Irlandais est l’un des rares à avoir survécu. Je dirais bien qu’il a eu de la chance, mais c’est faux. Les chanceux sont morts.

« T’en veux ? » Declan me propose la bouteille. Mon lion s’approche de la surface, mais je le repousse en moi. Bien qu’être bourré avant midi soit tentant, je ne me suis pas évadé de la prison du labo pour gâcher mes journées.

« Non. Allez boire dehors. Ou, encore mieux, servez-vous de la bouteille pour brûler les mauvaises herbes devant l’entrée.

— Chef, oui chef ! lance le brun avec une imitation moqueuse d’un salut militaire. C’est toi l’alpha.

— Je suis pas ton alpha », dis-je sans me retourner alors que je vais dans la cuisine. Un petit-déjeuner. De la nourriture. De la normalité. Faire des choses routinières, même si la normalité est une contrée étrangère que je ne visiterai plus jamais.

« T’es le roi des animaux, nan ? Si tu fais partie d’une troupe, t’es à sa tête.

— On est pas une troupe. » J’ouvre le réfrigérateur et prends la première chose qui me fait envie : une bouteille de lait. Je la porte à ma bouche et bois directement au goulot en ignorant Parker, appuyé contre l’embrasure de la porte.

« Prêt pour le grand combat ? »

Je grogne.

« Un autre grizzli métamorphe. Celui-là vient de Saskatchewan ou un autre trou paumé, je sais plus. Je te jure, c’est à croire qu’ils passent leur temps à se castagner dans les montagnes.

— Tant mieux. » Moins de chances que mon lion les tue.

« Les paris sont plutôt équilibrés, continue Parker. Les ours sont les seuls à avoir une chance contre toi. »

Un tupperware rempli d’espèces de brioches maison est posé sur mon comptoir. Je tapote le couvercle. « C’est quoi ?

— Des scones. C’est Laurie qui les a faits. » Dès qu’il répond, je sens la légère odeur du hibou métamorphe mêlée au parfum sucré des viennoiseries. J’ouvre le tupperware et en prends deux.

Je sors mon portable en sentant ma poche vibrer. J’ai un message d’un numéro inconnu.

On vient te voir avec Layne. On a des infos pour toi.

Je réponds : Je serai à la Fosse. Et, parce que je ne peux pas m’en empêcher, j’ajoute : Quelles infos ?

Kylie a trouvé une femme qui vit seule à Temecula. On va le confirmer, mais on pense que c’est Denali.

Denali.

Rouge. Noir.

La porte de la cellule s’ouvre, je me tiens prêt. Les gardes entrent, leurs armes braquées sur moi. Je m’y attendais.

Je ne m’attendais pas à elle. Une odeur de cannelle emplit la pièce. De cannelle… et de désir.

« Nash ? Nash ? »

Le souvenir s’assombrit et s’efface lentement jusqu’à ce que le visage de Parker réapparaisse. Declan et Laurie se tiennent derrière lui à la porte. Ils me dévisagent en silence.

Le monde se teinte de rouge pendant une seconde. Mon lion essaie de prendre le contrôle.

« J’dois y aller. » Je fais deux pas vers la porte puis me ravise. Je reviens dans la cuisine, prends un autre scone et rencontre le regard du grand type. « Merci. Ils sont bons. »

Le hibou métamorphe cligne des yeux derrière ses verres aussi épais que des culs de bouteille.

Je prends la porte sans me retourner.

~.~

La Fosse est quasiment déserte à cette heure-ci, ce qui est une bonne chose. Mon lion est déjà assez à cran en sentant les anciens effluves de métamorphes. Je le libère et rôde autour du bâtiment. On est au milieu d’une zone industrielle à l’abandon, suffisamment à l’écart pour que personne ne voie un lion rôder autour d’un entrepôt miteux. Personne ne vient ici à part des métamorphes, et les métamorphes qui viennent ici me reconnaîtraient. C’est mon territoire. Mon royaume. Je laisse mon lion détraqué marquer son territoire en me collant contre la barrière métallique qui entoure le parking, puis je reprends forme humaine et entre boire un verre en essayant de ne pas m’attarder sur l’être pitoyable que je suis devenu.

Quelques minutes plus tard, un homme aux cheveux couleur sable ouvre la porte et hume l’air. Depuis le bar, je lève mon verre en signe d’invitation. Il hoche la tête et recule pour laisser entrer sa compagne. Une jeune femme saisissante avec de longs cheveux noirs s’approche, me regarde droit dans les yeux. Je soutiens son regard avec un léger défi. Elle est récemment devenue métamorphe et c’est une dominante. Normalement, mon lion ne tolérerait pas ce genre d’effronteries, mais il ne la considère pas comme une menace dans l’immédiat. C’est une rencontre entre alliés, et il sait qu’il est sur le point d’obtenir ce qu’il veut.

Sam s’assied. Sans un mot, il pose son portable sur le comptoir. La photo d’une femme est affichée sur l’écran. Elle sort d’une maison, son visage à demi caché par la moustiquaire.

Ma poitrine se comprime. Denali. La pièce devient floue, rougit.

Sam glisse son doigt sur l’écran pour me montrer le reste. Denali qui descend l’allée, monte dans une voiture. Un short déchiré laisse apparaître ses longues jambes, un T-shirt blanc met en valeur ses bras fins et musclés. « Mon contact a pris ces photos ce matin. Il a confirmé l’adresse de la maison. Elle semble y vivre. » Sam fait glisser un morceau de papier vers moi, mais je ne peux pas détacher mon regard de l’image. Sur chaque photo, elle a une expression sérieuse. Pas exactement triste. Distante.

« C’est elle ? demande Layne.

— Oui, dis-je quand je retrouve ma voix. C’est elle. » Denali. À moi, rugit mon lion en secouant les barreaux de sa cage. Il veut sortir et se mettre en chasse. Trouver Denali, la revendiquer. À moi.

Le rouge trouble ma vue. Je cligne des yeux et tout devient noir.

Je lève la tête quand je me rends compte que je suis silencieux depuis plusieurs minutes. La tension alourdit atmosphère dans la pièce. Les yeux de Layne luisent d’un éclat animal.

« Désolé que ça ait pris si longtemps », dit Sam. Ses bras sont couverts de chair de poule, mais sa voix est calme. Ce n’est peut-être pas le métamorphe le plus massif, mais il garde la tête froide sous la pression. Contrairement à nous. « J’étais vraiment sûr qu’on l’avait trouvée la dernière fois. »

Je hoche la tête. « Elle se déplace beaucoup.

— Elle a l’air de s’être installée. La propriétaire de la maison dit qu’elle a emménagé il y a six mois. Elle n’était encore jamais restée aussi longtemps au même endroit. » Sam pose le doigt sur le papier avec l’adresse. « Mais on ferait mieux de se dépêcher. Avec Layne, on peut…

— Non, dis-je en rangeant la feuille dans ma poche. Juste moi. Seul.

— Avec tout le respect que je te dois… » Sam se lève du tabouret en même temps que moi. Il n’essaie pas de me barrer le chemin, mais il s’approche trop près. Le rouge explose derrière mes paupières. Les ténèbres dansent aux coins de ma vue, puis prennent toute la place.

Je reviens à moi une seconde plus tard. Mon poing est serré autour du T-shirt de Sam. Je l’ai plaqué contre le bar. Il a les mains levées en signe de capitulation, mais mon lion s’en fout. Mes canines s’allongent douloureusement, un grondement monte dans ma gorge.

Tout à coup, une vive douleur irradie dans mon dos.

« Je ne ferais pas ça, si j’étais toi », me ronronne une voix douce à l’oreille. Les griffes s’enfoncent un peu plus dans ma peau, dix pointes terribles, acérées comme des aiguilles. « Sois un gentil minou et lâche-le. »

Je reprends de force le contrôle sur mon lion, lâche le T-shirt de Sam et grogne quand les griffes pénètrent encore plus profondément.

« Layne », murmure Sam. J’entends un grondement tendre, et la pression quitte abruptement mon dos. Je m’étire en ignorant la douleur sourde qui vibre le long de ma colonne vertébrale et me retourne lentement. De ses yeux félins en amande, la petite femme me regarde bien en face.

« La plupart des gens provoqueraient pas le roi des animaux sur son territoire. »

Elle ne répond pas. Lorsque Sam s’approche d’elle, elle lui prend la main sans me quitter des yeux. Alors, ne menace pas mon compagnon, semble-t-elle dire. Mon lion approuve de mauvaise grâce.

« C’est peut-être mieux si tu y vas tout seul », dit Sam en tirant Layne vers la porte.

Dès qu’ils sont partis, je prends mon visage entre mes mains. Mon front est couvert de transpiration à cause de l’effort que maîtriser mon lion me demande. Il est violent, prêt à attaquer amis comme ennemis. Désespéré. Je meurs et il n’existe qu’un seul remède.

Denali.

Le bout de papier dans ma poche touche ma main. Je le froisse et lutte contre la marée de rouge qui menace de submerger ma vue. Ça fait mal, mais je la repousse.

« Alors, chef ? Tu vas aller la chercher ? demande Parker, soudain devant moi.

— Je peux pas. » Je me force à prononcer les mots en ignorant le hurlement de souffrance de mon lion.

« T’es obligé, dit Declan à côté de moi. Ton lion pourra pas tenir plus longtemps.

— Je sais. » Je ferme les yeux. J’étais censé trouver Denali, la rejoindre. M’excuser. M’assurer qu’elle était en sécurité.

C’est trop tard. Mon lion est incontrôlable et j’ai besoin de trouver quelqu’un pour le tuer. Pour me tuer.

« Si quelqu’un était capable de te tuer, tu serais déjà mort, depuis le temps », remarque Parker. Je prends conscience que j’ai parlé tout haut. « Tu te bats tous les soirs et tu gagnes. Contre les plus gros durs parmi les métamorphes, contre ceux qui sont à moitié tarés… contre tous ceux qui osent entrer sur le ring. Parfois même deux à la fois.

— Tu peux pas arrêter de te battre, murmure Declan. Je m’en plains pas. Les affaires sont bonnes. Ta cote grimpe en flèche. Les flics ont arrêté de fouiner et le club de Tucson t’a rendu encore plus célèbre. » Il fait tourner le liquide dans son verre. « La Fosse. L’antre du roi des animaux. »

Je pousse un grondement. Je suis tenté de partir, de rouler jusqu’à chez Denali et de tout lui expliquer. Une fois le choc initial passé, elle me pardonnera peut-être.

Mais je ne peux pas. Entre mes cauchemars et la folie de mon lion, j’ai construit une cage bien plus solide que celles de DataX.

~.~

Plus tard dans la soirée, je me dirige vers le ring. La foule applaudit, mais je n’entends que des hurlements. Combien de gens ai-je tués quand j’étais soldat ? Ils sont là, des visages fantomatiques aux expressions malveillantes, prêts à m’entraîner vers la mort.

Ma vue devient rouge, puis noire.

Je suis soudain dans le ring et Parker signale le début du match. Quand l’ours se tourne, son profil me rappelle l’un des gardes de DataX. Un connard sadique qui aimait attacher les métamorphes faibles et les électrocuter jusqu’à ce que de la fumée s’échappe de leurs corps. Des petits casse-croûtes, les appelait-il.

Rouge. Noir. L’ours s’écroule, son visage un masque sanglant. Les videurs entrent et le traînent hors de la cage. Un autre combattant prend sa place. Jeune. Sûr de lui. Comme les prisonniers lorsqu’ils arrivaient en croyant participer à une expérience. Pour créer une race de maîtres.

« On trouvera ce qu’il y a de mieux pour toi, Nash », avait dit le médecin. Des cheveux blonds comme ceux de Sam. Je ne me souviens pas de son nom. « Tu enfanteras la race des maîtres. »

Rouge, noir. Un autre combattant dans le ring. Deux, cette fois. Ils fondent sur moi ensemble et leurs poings s’abattent. La douleur me lave.

Je suis attaché sur la chaise, des hématomes sur mes flancs. Ma bouche est sèche, mon corps fume. « Plus si costaud, hein ? » demande le garde. Il lève le bâton.

Je rugis, et deux visages surpris deviennent flous en face de moi. Je tends le bras à travers la brume rouge, les attrape tous les deux par la peau du cou et entrechoque leurs crânes. D’une pierre deux coups.

La foule pousse des cris. Un sifflement résonne dans ma tête. Declan est devant moi, il me propose de l’eau.

« Combien ?

— Encore un. » Il a l’air inquiet. « Mais c’est pas nécessaire. On peut…

— Non. » Je me remets laborieusement debout alors qu’un métamorphe à l’air mauvais entre à pas lourds sur le ring. Mon lion ne sera pas privé de sa proie.

« On doit arrêter ça », dit Declan à Parker. Ce dernier acquiesce. « Je l’ai jamais vu comme ça. »

Parker se tourne et lève son mégaphone. « C’est tout pour ce soir, les amis… »

Les spectateurs huent. Ils veulent du sang. Je vais leur en donner.

J’approche du centre du ring, les cris du public ruissellent sur ma peau contusionnée. « Nash ! Nash ! scandent-ils. Le roi des animaux ! »

Mon adversaire se retourne avec un sourire cruel. Je lui rends son rictus et libère mon lion.

Rouge. Noir. Noir. Noir.

« Nash, arrête, arrête ! » Une tête grise apparaît devant moi. Parker hurle, sa bouche grand ouverte, ses yeux affolés. « Tu as gagné. Il est à terre. Arrête avant de le tuer. » L’odeur de sang alourdit l’air. Mon lion approuve.

« T’as gagné », répète Parker. J’essaie de faire un pas et chancelle sous le poids de plusieurs videurs. Pris de panique, je donne des ruades pour les repousser. Inutile. Les gardes de la prison ont des matraques électriques.

« Lâchez-le ! » crie Parker. Les hommes s’exécutent en faisant un bond en arrière, mais je m’élance toutes griffes dehors. Je suis aveuglé par le sang qui coule dans mes yeux. J’atteins le grillage. Il n’est pas électrifié. Quelqu’un a dû couper le courant. J’ai une chance.

« Nash… » Declan est de l’autre côté du grillage.

Je lève les mains, à présent terminées par des griffes noires, et donne un coup de patte dans le métal.

Mes griffes s’arrachent, je rugis, mais n’arrête pas avant d’avoir créé un trou assez grand pour laisser passer un lion.

Puis je cours. Mon lion est libre, les gens s’écartent de mon chemin en criant. Le rouge attaque mes yeux, le noir est tapi sur les bords, menaçant. Encore une pointe finale de vitesse et je suis dehors. Je tombe à quatre pattes et laisse les ténèbres m’engloutir.

~.~

Je me réveille nu dans la voiture, la bouche pleine de sang. Le goût puissant me fait tousser et je crache presque sur le papier froissé sur le tableau de bord. L’adresse de Denali. Le lion l’a trouvée et posée là.

« D’accord, d’accord. »

Chaque centimètre de mon corps hurle. Mes mains sont enflées, ensanglantées. Je régénère de plus en plus lentement ces derniers mois. Ça ne peut vouloir dire qu’une chose : je suis en train de mourir. Ce n’est qu’une question de temps. Et de savoir combien de personnes j’emporterai avec moi.

Je ne peux pas mettre Denali en danger. Mais la prochaine fois que je perdrai connaissance, mon lion risque de me mener devant sa porte. Impossible de savoir ce dont il est capable.

En revanche, il a été très clair : si je le laisse mourir, il entraînera tous ceux qu’il peut avec lui dans la tombe.

Je passe la première et commence à rouler, sans savoir si l’homme condamné que je suis se dirige vers l’échafaud ou vers un remède.

~.~

L’adresse correspond à une maisonnette à Temecula. Je me gare devant et reste un instant immobile. Mes mains tremblent. D’excitation ? Ou est-ce le stade final de la folie ?

Venir ici était une erreur. Je le sais dès que je monte sur le petit porche et que son odeur pénètre dans mes narines. Les ténèbres viennent border ma vue, m’entraînent dans leurs profondeurs.

~.~

Les gardes la tiennent en joue avec leurs armes. Furieux, mon lion approche de la surface. Ça fait trop longtemps qu’il n’a pas tué. Mais quand la femme trébuche en avant, je la rattrape et mes bras se referment autour de son dos. Elle est grande, sa tête arrive juste sous mon menton, ses cheveux soyeux sont comme un nuage devant mon visage. Je sens à nouveau une odeur de cannelle dans mon nez, puis sur ma langue.

« Une autre pour toi, Nash. » La voix du garde est sèche, moqueuse. Ils voient ce que je fais aux femmes qu’ils m’apportent. Des caméras sont placées dans les coins de la pièce. Ils regardent.

Mes mains se crispent sur le corps de la femme, elle tourne la tête et cache son visage contre mon torse.

« Tu sais quoi faire. Au boulot, sinon… » La menace flotte dans l’air.

La porte grince et ils sont sortis de la cellule.

Je ne veux pas bouger. Je pourrais l’étreindre toute la nuit et ne jamais avoir envie de plus. Mais le désir est également présent, il bouillonne, le premier soupçon de chaleur après un long hiver.

« Salut », dit-elle. Timide, mais pas mal à l’aise. Je sens sa colère monter, égaler la mienne. Sa frustration. Elle refuse de se laisser intimider. Courageuse. Nue et sans défense, mais pas effrayée.

Après avoir empli mes poumons de son délicieux parfum, je lève son visage vers le mien. « Comment tu t’appelles ? »

~.~

« Denali », dis-je en un murmure. En moi, mon lion attend patiemment, en chasse. Je suis l’odeur de cannelle qui flotte dans l’air jusqu’à la porte-moustiquaire.

Et je la vois. De longues jambes élancées, une peau mate parfaite. Elle est pieds nus devant le comptoir de la cuisine, son poids déporté sur une jambe, son cul bombé moulé dans un short déchiré. Son cou élégant est penché sur ce qu’elle est en train de faire.

Incapable de m’en empêcher, je pousse la porte et entre en silence. Je suis de retour dans la jungle, un soldat, un prédateur traquant sa proie.

Elle tourne légèrement la tête.

Son nom est sur mes lèvres lorsqu’elle se retourne. Un éclat bleuté brille dans ses yeux.

« Nash ? » Sa voix est étranglée.

Je m’approche d’elle. Elle rejette la tête en arrière, sa poitrine se soulève rapidement.

« Tout va bien, Denali, dis-je en levant les mains. Je ne te ferai pas de mal. » C’est la vérité, même si mon lion est un foutu taré.

Son corps est parcouru d’un tremblement. Une, deux fois, et une senteur épicée s’élève entre nous.

À moi, gronde mon lion. Ma compagne.

« Denali, je… » Ma voix se brise, mais c’est trop tard. Elle tourne les talons et court jusqu’à la porte à l’arrière de la maison.

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