Extraits

Elsenheim, Alsace, 1809. Les troupes napoléoniennes traversent la zone pour pacifier les états allemands..

Notre bataillon, comptant une dizaine d'hommes partis en éclaireurs, marche depuis ce matin dans l'épais brouillard. Le soleil se couchera dans moins de deux heures. Je le suppose en tout cas, étant donné que nous ne l'avons pas aperçu depuis des jours. Bientôt, nous arrivons à Elsenheim, village alsacien où nous sommes censés attendre un autre régiment dont l’arrivée est prévue pour demain matin. Nous sommes dépêchés depuis Lyon. Moi, je suis originaire de Marseille.

J'ai mal aux pieds. Mes souliers ne sont guère efficaces contre le froid, et Dieu sait combien cette région peut être glaciale en plein hiver. Il ne neige pas, mais cela ne saurait tarder. Autant dire que j'en ai assez d'arpenter ce fichu chemin boueux à travers la forêt. D'ailleurs, la gadoue elle-même commence à geler. La Provence me manque.

Je jette un coup d'œil discret à mes camarades. Comme moi, ils avancent en silence, lassés. Leurs visages rougis par l'air frisquet portent les stigmates de la fatigue.

Je voudrais être capable de courir jusqu'au village, pour arriver enfin à l'instant où je pourrai me reposer et dormir de tout mon saoul, mais mon équipement est trop lourd et mes jambes éreintées sont molles comme du coton.