Commentaires de livres faits par Altanais
Extraits de livres par Altanais
Commentaires de livres appréciés par Altanais
Extraits de livres appréciés par Altanais
assis à la fenêtre
qui regardent en souriant
le ciel perclus de nuages
et la lumière qui boite
dans les rues de l’hiver
J’aime leur visage
aux mille rides
qui sont la mémoire des mille vies
qui font une vie d'homme
Ceux-là ne vont pas à la mer
pour la mer
pas pour nouer leurs rires
à la gerbe des vagues
pas pour cuire leur sommeil
sur le sable
un ciel derrière un visage
un printemps sous la neige
dans la main qui tremble
un poème d'amour
dans la main qui frappe
une peur très ancienne
et sous le cri
la douceur aussi
un instant au moins
fermer les yeux
éteindre la lumière et le monde
qu'on ne guérit pas
du malheur des choses
avec le bleu du ciel
son visage jeté sous le sable
son corps donné aux pierres
dans le très vieux matin
d'une très vieille ville
J'irai comme un ivrogne
me tenant au mur défait
de la mémoire
.....
nous n’avons rien perdu
de ce qui nous fait grandir
ni l’énigme du cœur
ni la bonté des arbres
ni le vin de la colère
ni la chance
d’être ensemble
avançons encore
le feu mange l’ombre
mais pas l’oiseau
qui la précède
Madame de Garbo me presse la main pour me faire sortir de mes pensées, le moment approche… La fille qui se tient devant la surveillante-chef est très grande. Elle a un corps élancé et de longs cheveux bruns qui lui descendent jusqu’au bas du dos. Elle me rappelle quelqu’un… Elle me fait penser à… Ca y est, je sais, c’est Louison. Le destin a frappé …
Une heure du matin… Je n’arrive pas à dormir… Je sais que demain ma liberté sera terminée. En effet, demain aura lieu La Grande Cérémonie. Je sais bien au fond de moi que je ne suis pas comme les autres…
D’après ce que je sais, auparavant tout n’était pas comme ça, et puis ça l’est devenu au fil du temps. La Grande Cérémonie, c’est un mariage, mais pas un comme on le pratiquait dans l’Ancien Temps. C’est bien une union entre deux êtres, comme avant, sauf que là c’est entre deux personnes du même sexe. La personne ne sait pas à l’avance qui elle va épouser. C’est terrible… Je m’inquiète tellement…. Le pire c’est qu’ici presque tout le monde se connait… Et dire qu’avant il y avait six milliards d’humains sur Terre, c’est difficile de se le représenter quand on se rend compte que maintenant il n’en reste plus que cinq cents… Les enfants sont gardés à part, nous ne sommes qu’une centaine…
Les garçons et les filles sont bien sûr séparés, pour éviter ce qu’on appelle la Dérivation… Les filles ne doivent sous aucun prétexte rencontrer de garçons. La seule exception a lieu une fois tous les cinq ans lorsqu’elles doivent accomplir leur Devoir… Au tout début de notre civilisation on ne le faisait pas, et c’est à cause de cela que la population a tellement baissé… Et puis l’Administration de notre ville a décidé de mettre en place le Devoir… […]
Août 1917
La lettre arriva un matin, portée par les mains blanches et sèches de soeur Anne. Louis vit tourner la cornette dans l'encadrement du dortoir et la religieuse maigre s'avancer vers son lit d'un pas militaire, tenant devant elle, comme une nouvelle de la plus haute importance, une missive serrée entre le pouce et l'index droit. «Tenez, dit-elle de sa voix ferme, c'est pour vous.» Et elle ajouta, en coulant sur la lettre un regard empli de curiosité : «C'est officiel, on dirait.»
Louis prit l'enveloppe que la bonne soeur lui tendait. Elle lui sembla plus lourde que les lettres qu'il recevait habituellement, fines et toujours promptes à se froisser. Dans les lits voisins, quelques moqueries s'élevèrent.
- Une demande en mariage, Louis ? ricana Fernand.
- Oui, une marraine de soixante-quinze ans en mal de jeunesse ! ajouta Lucien.
Louis haussa les épaules, tournant et retournant l'enveloppe entre ses doigts sans se décider à l'ouvrir. L'en-tête indiquait que la lettre venait de la direction de l'Infanterie, et cela ne lui disait rien qui vaille. C'était à coup sûr des ennuis, et sans doute le plus terrible de tous, en tout cas celui qu'il redoutait le plus : un retour au front.
- Alors, tu l'ouvres ou t'attends la fin de la guerre ? lança Fernand.
Le ciel est noir, la terre est noire,
Dur est le gel, lourd est le cœur.
Tristes victimes expiatoires
Nourries de haine et de rancœurs
Nous attendons. L'aube blafarde
Sans cesse creuse nos rangs.
Nul sang ne ranime et ne farde
Ces visages de chiens errants.
Reverrons-nous ces jours qu'en rêve
Nuit et jour nous imaginons?
Visages aimés, heures brèves,
Un feu, un pain, une maison.
Se souvient-on encore d'elles,
Celles qui paient argent comptant
Pour que la vie soit libre et belle
Et que la France ait un printemps ?
Et si nous revenons un jour
Comme un troupeau de spectres hâves,
Affamées de joie et d'amour,
Serons-nous les tristes épaves
Qu'on enfouit sous un sable lourd ?
Denyse CLAIROUIN
Poème écrit à Ravensbruck
- La Gestapo a fait une descente chez le docteur Dugoujon, à Caluire, ils les ont tous embarqués !"
Ils meurent, tel la poudre et le feu
Que leur baiser consume.
Jurez que non, mes yeux,
Car jamais avant cette nuit je n’avais vu la vraie beauté.