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"Sur toute la façade de l'appartement, une seule fenêtre était éclairée d'une faible lueur : c'était celle de Madeleine.
"Je regardais cette lumière tremblante et débile, la comparant à ce reste d'existence qui anime encore ma pauvre bien-aimée, quand tout à coup cette unique lueur s'est éteinte et m'a laissé dans les ténèbres ; j'ai frissonné.
"N'est-ce pas là l'image de mon propre destin ?
"Ainsi va s'effaçant le seul rayon de clarté qui soit venu briller dans les ombres de ma vie.
"J'ai regagné ma chambre en pleurant."
Chapitre 29.
Afficher en entier– Viens ici, mon enfant, dit M. d’Avrigny en lui tendant une main, tandis que de l’autre il forçait Amaury à demeurer à sa place ; viens et assieds-toi là. Maintenant donne-moi ta main comme Amaury m’a donné la sienne.
Antoinette obéit.
M. d’Avrigny les regarda tous deux quelque temps, muets et tremblants, avec une grande tendresse, puis les embrassa au front l’un après l’autre.
– Vous êtes deux nobles natures, dit-il, deux généreux cœurs, et je suis enchanté de ce qui arrive.
– Mais qu’arrive-t-il donc, demanda en tremblant Antoinette.
– Il arrive qu’Amaury t’aime et que tu aimes Amaury.
Tous deux jetèrent un cri de surprise et essayèrent de se lever.
– Mon oncle ! dit Antoinette.
– Monsieur ! dit Amaury.
Afficher en entierVers le commencement de mai de l'anne 1838, et comme dix heure du matin venait de sonner, la porte cochere d'un petit hotel de la rue des Mathurins s'ouvrit et donna passage a un jeune homme monte sur un beau cheval alezan, dont les jambes fines et dont le cou un peu allonge trahissait l'origine anglaise; derriere lui, et par la porte du meme hotel,, sortit, a une distance convenable, un domestique vetu de noir et monte comme lui sur un cheval de race, mais dans lequel l'oeuil d'un amateurdevait reconnaitre moins de sang que dans le premier.
Ce cavalier, qui n'avait pas besoin de se montrer pour etre range tout d'abord dans cette classe d'individu auxquels en imitation de nos voisin d'outre-mer, la langue du monde a donne le titre de lion, etait un jeune homme de vingt-trois a vingt-quatre ans,, d'une mise simple et en meme temps si recherche qu'elle denoncait dans celui qui la portait ces habitudes aristocratiques qu'on tient de la naissance seule et qu'aucunne education ne saurait cree la ou elles n'existaient pas naturellement.
Il est juste de dire aussi que sa physionomie repondait admirablement a cette mise et a cette tournure et qu'il eut ete difficile de rever quelque chose de plus elegant et de plus fin que ce visage encadre dans des cheveux et des favoris noirs, et auquels une paleur mate et juvenile donnait un carractere tout particulier de distinction. Aussi ce jeune homme, dernier rejeton d'une des plus ancienne famille de la monarchie portait il un de ces vieux nom qui vont s'eteignant tout les jours et qu'on ne trouvera bientot plus que dans l'histoire: il s'appellait Amaury de Leoville.
Maintenant si de l'investigationexterieure nous passons a l'investigation intime, de l'aspect physique au sentiment moral, des apparances a la realite, nus verrons que la serenite de ce visage est en harmonie avec la situation du coeur dont il est le miroir. Ce sourire qui de temps en temps se dessine sur ses levres et qui repond a la reverie de l'ame, est le sourire d'un homme heureux.
Or suivons donc cet homme si largement doue qu'il a recu a la fois naissance et fortun, jeunesse et distinction, beuate et bonheur; car c'est le herosde notre histoire.
Afficher en entier- Et bien dit le comte de M..., je vais vous tirer d'embarras
- Vous
- Oui moi
- Et comment cela?
- En vous disant l'amour dont on meurt et l'amour dont on ne meurt point.
Afficher en entierEn effet, savez vous quelqu chose de plus charmant qu'uns de ces petits comites, dans le coin d'un salon elegant, entre cinq ou six personnes qui laissent aller la parole au gre de leurs caprice, suivant caressant l'idee quand elle leur sourit, l'abandonnant lorsqu'elles en on epuise toute la saveur, pour se reprendre a une autre ideequi granditet se devellope a son tour au milieu des raillerie des uns, des paradoxes des autres, de l'esprit de tous, puis qui, arrivee a l'apogee de son ecla, au zenith de son devellopement, disparait, s'evapore et se volatilise comme une bulle de savonau toucher de la maitresse de maiso, qui, une tasse de the a la mai, s'approche, navette vivante qui porte d'un groupe a l'autre le fil de la causerie general, recueuillant les avis, demandant les opinion, posant des probleme et forcant de temps en temps chaque coterie de jeter son mots dans ce tonneau des Danaides qu'on appelle la conversation?
Afficher en entierIl est une chose est a peu pres inconnue atout le reste de l'Europeet qui est particluiere a la France, c'est la causerie. Dans tous les autres pays, on discute, on parle, on perore, en France seulement on cause. Quand j'etais en Italie, en Allemagne ou en Angleterre, et que j'annoncais tout un coup que je parlais le lendemain pour Paris, quelques-uns s'etonnaient de ce brusque depart, et demandaient:
-Qu'allez vous faire a Paris?
- Je vais causer repondais-je
Et alors tout le monde s'ebahissait de ce que. fatigue de parler ou d'entendre parler, je faisais cinq cents lieues pour causer.Les francais seuls comprennaient et disaient:
- Vous etes bien heureux, vous!
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