Extraits

J’avais perdu toute mon équipe avant de frôler la mort à mon tour. D’une certaine manière, j’étais morte cette nuit-là, et je me retrouvais aujourd’hui dans cette situation précaire, à marcher sur une corde raide entre la traque de créatures prétendument imaginaires et le risque de finir enfermée si j’en devenais une.

- Celles-ci sont pour vous, et je vous fais cette promesse: jamais, tant que nous vivrons, vous ne vous retrouverez sans bottes.

Elles étaient magnifiques. Des santiags, au talon plus bas que la moyenne pour que je puisse aussi les porter au travail. Il m'avait également confectionné une ceinture assortie. Un modèle unique, pour moi toute seule, qu'il me promit de ne jamais réutiliser pour quelqu'un d'autre.

Au risque de paraître superficielle, dès que je les eus aux pieds, je me sentis beaucoup mieux.

Du coin de l’œil, je notais que la fille avait pris cet air agacé typique des ados qui se sentent incompris des adultes.

- Non, je veux dire, pourquoi c'est vous qui le faites ?

- Elle va pas se réparer toute seule.

Et qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire ? L'écrou était sacrément rouillé. J'attrapais un segment du tuyau pour faire levier.

- Et votre petit copain ?

Mais c'est pas vrai ! Elle s'était vraiment radinée jusqu'ici pour me dire que je faisais un boulot de mec ?

- Y aura sûrement quelqu'un qui viendra vous regarder.

J'arquais un sourcil.

- Je ne compte pas travailler seins nus.

- C'est bon à savoir, grogna-t-il. Faudrait pas qu'un truc se prenne dans le moteur. Z'aurez aussi droit à deux ou trois questions.