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Des années plus tard, David s’approche de moi et me serre dans ses bras comme si nous nous étions quittés la veille. Je suis endimanché avec mon sac et ma sacoche, cependant je tente de lui rendre la pareille. Je ne feins pas : ma satisfaction de le revoir est sincère.
— Tu vis toujours ici ? demandé-je en rouvrant mon coffre.
Après tout, puisque je le connais, je ne crains rien pour mes affaires. Il récupère le sac et la valise restants, tout en me répondant :
— Oui, mon appart est à quelques pas du bâtiment de nos mères.
— Tu t’es installé ici. Pourquoi n’es-tu pas parti ? demandé-je, ahuri.
— Le quartier est sympa. Le loyer abordable et j’ai des petits plats régulièrement. Le boulot est à deux minutes, dans le centre-ville. Je suis pas compliqué.
— Je vois ça, dis-je en haussant les sourcils.
Merde ! Si je commence à me montrer impoli, je risque de ne pas revoir souvent ce vieil ami.
— Sois pas condescendant, Corentin. Un jour, peut-être que tu comprendras que l’argent ne fait pas le bonheur.
Re-Merde !
— Excuse-moi. Je ne m’attendais pas à ce qu’un mec avec qui j’ai grandi veuille faire sa vie dans ce trou.
— Ce trou ? me répète-t-il, blasé. Nous sommes à six kilomètres de la grande ville, donc de la mer. Les gens qui vivent ici sont sympas et ne font pas d’histoires. Est-ce que tes bourges de potes verrouillent leur porte le soir ?
— Bien sûr, avoué-je comme une évidence.
— Pas là. Tu vois, ta mère, la mienne ou moi, et un certain nombre de voisins ne ferment pas. Ça ne sert à rien aux Étangs. C’est la confiance, le savoir-vivre, je sais pas comment t’expliquer. De toute façon, j’ignore si ce que je dis a une importance. Tu as toujours l’opinion toute faite que ces HLM craignent.
Il hausse les épaules, et je me sens idiot.
— J’essaie de changer, tenté-je de me dédouaner.
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