Extraits

C'était humain, à défaut d'être juste.

Vous voulez que je vous dise pourquoi l'humanité ne s'est jamais laissé entraîner dans un conflit interespèces sérieux ? Parce que ça reviendrait à sortir dîner, alors qu'on a le réfrigérateur plein à la maison. Pourquoi goûter à la cuisine exotique ailleurs, tant que nous n'aurons pas exploré toutes les super méthodes pour nous entretuer ?

« Si c’est capable de penser, c’est indigne de confiance.

(…)

Toute espèce dotée d’une capacité d’abstraction consacrait une bonne partie de son existence à empiler ces idées pour bâtir des structures branlantes et déséquilibrées… certaines plus brillantes que d’autres, certaines complètement idiotes, qui menaçaient toujours de s’écrouler sous leur propre poids. Si la sentience était à l’origine de toute civilisation humaine et extraterrestre, elle portait également en elle une réserve inépuisable de mal et de folie. »

« Elle avait toujours eu la même réaction : une répugnance naturelle, instinctive, mais qui s’accompagnait de ce qu’elle avait fini par identifier comme de l’envie. Quelle était l’existence de gens dénués de boussole morale, comme Sandburg ? Quel effet ça faisait, de ne jamais éprouver de honte, de regrets ou d’embarras ? De ne s’inquiéter que d’une chose : ne pas se faire prendre ? Cela devait avoir un côté libérateur. En tout cas, ça lui aurait certainement permis de supporter plus facilement le sang qu’elle avait sur les mains. Ce n’était pas ce qu’elle souhaitait, mais ça n’en demeurait pas moins fascinant à observer, à l’instar de n’importe quelle forme de vie inconnue. C’était aussi une des nombreuses raisons pour lesquelles elle était bien décidée à détruire Sandburg. »

Maître Andrea Cort s’éclipsa de la réception au capitole zinn vers minuit, heure locale. Contrairement à la plupart des humains en visite dans des civilisations extraterrestres, elle ne se sentait pas à sa place parmi ses semblables, et ne recherchait pas particulièrement leur compagnie.

La soirée avait été sinistre. Ostensiblement tenue à l’écart des conversations, elle avait néanmoins saisi quelques bribes la concernant, en général sur un ton scandalisé. Le reste se résumait aux rivalités internes et aux psychodrames habituels de la vie d’une ambassade. Son bref séjour n’en troublerait guère la routine.