Date de sortie
Andromaque
- France : 1997-11-06 - Poche (Français)
Activité récente
Évaluations
- 43ème Les meilleurs classiques du théâtre (79 participants)
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Andromaque
Résumé
La Guerre de Troie a eu lieu. Achille est mort. Dans Pharsale, en Thessalie, son fils Néoptolème, alias Pyrrhus, a reçu, en prise de guerre, la fleur du butin : la reine troyenne Andromaque. Il en a fait sa maîtresse, a eu un enfant d'elle. Pour l'heure, il est absent, rendant ses grâces à Apollon à Delphes. Hermione, son épouse légitime, soupçonne l'esclave et ses philtres d'être la cause de sa stérilité. Une Barbare ne peut qu'être une sorcière. Les deux femmes s'affrontent, la reine déchue et la reine humiliée. Prenant prétexte de la misérable querelle des femmes, les hommes vont intervenir : Pelée, le roi, père d'Achille, Ménélas de Sparte, père d'Hermione, Oreste de Mycènes, matricide. Avec leurs vices désormais révélés, et leurs enjeux à jamais irréconciliables, les Grecs, entre eux, continuent la guerre. Le meurtre de Néoptolème n'est même plus un événement, tout au plus une confirmation. Tout se passe comme si, après Troie, plus aucun poème n'était possible, plus un mot d'amour, plus aucune utopie.
Il fallait que fût prise en juillet 1994 la décision de reprendre et de représenter à la scène, à Athènes et au Festival d'Avignon, l'Andromaque d'Euripide en français pour que fût redécouverte une pièce (*) magnifique, mais aussi pour que se fît sentir le besoin d'en restituer la force dans une langue moderne doit beaucoup moins à la nécessité d'une actualisation qu'à la reconnaissance de la modernité d'une œuvre d'art et à la nouveauté d'Euripide. C'est cet auteur d'abord, qui fut une fois vraiment nouveau, et qui le reste, dans la radicalité de ses points de vue et de leur expression théâtrale.
La langue de la traduction a cherché à saisir, comme dans Iphigénie à Aulis, la fraîcheur, l'immédiateté et la dureté du grec. Il faut d'abord s'abstenir et rejeter, renoncer aux modes et à la manière de la tradition humaniste et scolaire, pour ouvrir l'accès ; et ensuite il faut considérer en résistant aux attentes de la langue d'accueil, le sens si souvent inattendu, qu'on n'atteint que par les savoirs spécialisés et en se libérant d'eux.
L'invention de la pièce en français est tout entière dans la langue, comme elle l'était en grec ; elle repose sur une tension jamais abolie entre ce que l'on comprend – et qu'il faudrait pouvoir dire – et les équivalences de la traduction. On peut alors donner à voir la singularité d'une intrigue rude et extravagante, un peu barbare et d'autant plus vraie, qui prend pour sujet la barbarie et la traite à la grecque.
La grandeur tragique s'effondre dans l'affrontement des forts et des faibles, impitoyable et arbitraire. L'artifice du dramaturge sert à démonter l'artifice des dominations.
(*) La Guerre de Troie a eu lieu. Achille est mort. Dans Pharsale, en Thessalie, son fils Néoptolème, alias Pyrrhus, a reçu, en prise de guerre, la fleur du butin : la reine troyenne Andromaque. Il en a fait sa maîtresse, a eu un enfant d'elle. Pour l'heure, il est absent, rendant ses grâces à Apollon à Delphes. Hermione, son épouse légitime, soupçonne l'esclave et ses philtres d'être la cause de sa stérilité. Une Barbare ne peut qu'être une sorcière. Les deux femmes s'affrontent, la reine déchue et la reine humiliée. Prenant prétexte de la misérable querelle des femmes, les hommes vont intervenir : Pelée, le roi, père d'Achille, Ménélas de Sparte, père d'Hermione, Oreste de Mycènes, matricide. Avec leurs vices désormais révélés, et leurs enjeux à jamais irréconciliables, les Grecs, entre eux, continuent la guerre. Le meurtre de Néoptolème n'est même plus un événement, tout au plus une confirmation. Tout se passe comme si, après Troie, plus aucun poème n'était possible, plus un mot d'amour, plus aucune utopie.
* Création : Mégaron le Palais de la Musique d’Athènes, Festival d’Avignon, Compagnie pour Mémoire (mai 1994-février 1995), dans une mise en scène de Jacques Lasalle.
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