Extraits

J'ai saisi l'ange en porcelaine et l'ai posé sur le stand. Le vendeur, un gros monsieur au nez un peu trop rouge pour être seulement dû au froid, s'est exclamé de sa voix alcoolisé :

- Eh ! Toucher c'est payer !

- Oh ! C'est bon, c'est Noël, monsieur. Un peu de bon cœur ça fait de mal à personne ! a aussitôt répliquer Déborah avec son impitoyable franchise.

Avant que l'homme devenu rouge de colère ne fasse un scandale, Zack a brandit un billet de cinquante euros qu'il lui a glissé dans la main.

- Gardez la monnaie, nous prenons l'ange.

C'est à cet instant que Jessica a fait son apparition, deux gobelets de jus d'orange chaud aromatisé à la cannelle à la main. L'odeur de marshmallows grillés s'est engouffrée dans ma gorge et m'a immédiatement donnée la nausée. Je me souviens avoir pensé que cette fille devait avoir un sérieux problème de glycémie avant de réaliser que le parfum provenait de Zack. Ce dernier qui avait fait emballer l'ange a remercié le vendeur et s'est tourné vers nous, un large sourire illuminant son visage. Jessica a ouvert de grands yeux à la vue du petit paquet dans la main de Zack, mais contre toute attente, il me l'a tendu.

- Tiens, c'est pour toi, Angela.

La tempe droite de Jessica palpitait avec violence, la tigresse allait bientôt sortir les griffes si je ne lui rendais pas ce qu'elle pensait être à elle. Les gobelets sont tombés sur le sol et telle une furie, elle a paré sa main et giflé Zack. J'ai entendu un léger craquement lorsque le paquet contenant l'ange en porcelaine s'est brisé sur le sol.

- Reste avec cette paumée si elle te plaît tant ! s'est écriée Jessica qui avait déjà tourné les talons.

Zack ne m'a accordé aucun regard. La joue en feu, il a courut rejoindre sa pathétique copine qui l'a bousculé contre un stand de marrons chaud. De là où nous étions nous ne pouvions pas entendre ce qu'ils se disaient, mais la gestuelle de Jessica en disait beaucoup sur l'hostilité qu'elle éprouvait à mon égard. J'avais du mal à y croire, mais Zack est passé devant Jessica sans lui prêter la moindre attention et a disparu dans la foule, son enveloppe bleue brillant au milieu de la nuit.

"J’ai alors compris que cela devait avoir un rapport avec le mystérieux inconnu assis à côté de moi. Mon pouls s’est d’autant plus accéléré quand il a tourné son visage vers moi. C’était indescriptible. Comment mettre des mots sur une beauté aussi parfaite sans en altérer les traits ?

Mon cœur battait à toute allure et mes yeux ne quittaient plus son fabuleux visage. Ses longs cheveux d’un or flamboyant retombaient négligemment sur son front blanc, son visage était fin, doux, et ses joues creusées à la Johnny Depp lui donnaient un air androgyne sexy et totalement renversant. Sa bouche fine et pincée tirait légèrement sur le bleu comme si elle restait glacée, et je me suis surprise à penser que j’aurais aimé l’embrasser pour le réchauffer. Mais par-dessus tout, son regard me transperçait et me rendait entièrement dépendante et à sa merci. Ses yeux d’un gris argenté immenses comme des lochs et profonds comme les abysses de la mer m’ont sondée en s’étirant avec la sensualité des agates d’un chat. Je suis restée scotchée, totalement subjuguée par le pouvoir de son regard.

Le proviseur s’est à nouveau raclé la gorge pour me sortir de ma contemplation, ce qui était difficile, car l’inconnu prenait un malin plaisir à me scruter avec une insistance proche de la fascination.

- Angela, je te présente Isaac Hayden.

- Zack, a tranché le garçon d’un ton très ferme.

- Mmh, oui, Zack. Donc voilà, Angela, Zack vient d’arriver au lycée et il aura besoin d’un chaperon pendant les premiers jours.

- D’un chaperon ? me suis-je exclamée, étonnée que ce terme soit encore utilisé. Mais monsieur Klein, j’ai plein de devoirs à rendre ! J’vais pas pouvoir m’occuper d’Isaac en plus !

- Zack, a répété le garçon, cette fois avec plus de douceur.

Je me suis tournée vers lui pour lui adresser un regard assassin. Si ce garçon devait être chaperonné ce ne serait pas par mademoiselle-porte-la-poisse ! Je ne voulais pas avoir la mort d’un aussi beau spécimen masculin sur la conscience et puis j’avais surtout peur qu’il me trouve inintéressante comme fille. C’est vrai, aucun garçon ne tombe jamais amoureux de son guide à l’école, c’est prouvé, avoir avec soi une nana qui ne parle que de cours ça complique les relations filles et garçons.

- Cela ne sera que pour quelques jours Angela, le temps que je prenne mes repères, a-t-il expliqué de sa voix douce et pourtant virile.

Tout cela me paraissait bizarre. Pourquoi moi, l’éternelle endormie, avais-je le privilège de m’occuper d’un aussi beau garçon ? D’ailleurs pourquoi un garçon aussi intelligent devait-il avoir besoin de moi ? Klein ne m’avait jamais aimée, et être dans son bureau pour lui rendre service me fichait la nausée.

- Répondez-moi sincèrement monsieur Klein, c’est la première fois que vous faîtes une chose pareille non ? Qu’est-ce qu’Isaac a de spécial pour être ainsi guidé dans un établissement de moins de cinq cents élèves ? Le tour sera fait en une heure maximum !

Le proviseur a immédiatement rougi. Il avait l’air d’une grosse tomate farcie avec sa moustache mal taillée au milieu du visage, ce qui m’a fait sourire malgré moi.

- D’accord, mais cela doit rester entre nous. Zack est le fils d’un riche homme d’affaires et nous lui avons promis un accueil royal.

J’ai éclaté de rire en voyant les yeux du proviseur se perdre sous des vagues de sueur. Mais le sang m’est vite monté aux joues quand les lames argentées de Zack m’ont transpercée. J’ai blêmi, consciente de l’avoir peut-être blessé, voire offensé, en riant aussi fort. Pourtant je ne me moquais pas de lui, mais de moi-même.

- Excuse-moi, mais monsieur Klein a dû faire une erreur ! Je ne suis pas la personne idéale pour être ton guide et puis j’suis pas le genre de fille que les garçons aiment avoir auprès d’eux…

- Mais c’est moi qui t’ai choisi."

Je m'appelle Angela. Il paraît que ça veut dire " Messager ". Je n'ai pas de message à vous donner. Seulement mon histoire. Le hasard est parfois étonnant mais pour moi il n'y en a pas. Tout est écrit, et mon histoire, si incroyable soit elle, est réelle.

CHAPITRE 1

UNE VIE NOUVELLE

La pluie tombe à verse. De gros torrents d'eau boueuse arrachent des pans entiers de macadam. Secouée, la route ondule sous les trombes d'eau brunâtre telle une mer agitée par une implacable tempête. Glacée sous le rideau de pluie, je regarde la scène, figée dans ma terrible contemplation. Je sais ce qui va arriver. La vague va se former et rouler sur la voie principale, le tonnerre grondera toujours plus fort sur la route de campagne désertée, et bientôt, surgissant à travers la nuit poisseuse et froide, les phares jaunes brilleront faiblement au détour du chemin. La lumière fragile avancera vers les rouleaux hérissés de déchets et de morceaux de bois, puis ce sera le choc. Lourde, brutale, rapide, la vague défoncera le pare-brise de la R5, laissant ma mère s'enfoncer dans les abysses glacés de la mort.

Je reste là debout au bord de laroute. Impuissante, je regarde ma mère se débattre pour retirer sa ceinture. L'eau va monter et s'engouffrer dans sa gorge, puis ses poumons se noieront dans des tourbillons d'eau boueuse. Ma mère va à nouveau mourir devant moi, ses yeux noisette m'implorant à travers la pluie battante. Je sais que je peux l'aider, mais la peur m'empêche de faire un pas vers elle. Il y a des choses que l'on ne peut pas supporter quand on est une enfant, on ne peut pas sauver sa maman quand on n'a que huit ans.

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J'étais totalement étourdie par l'attraction sensuelle qui l'entourait, c'était comme si une aura de bien-être et de beauté enveloppait toute sa personne et le rendait irrésistible.

Zack qui s'élevait au rand de star du lycée avec ses sourires à faire fondre un iceberg. Ne vous demandez plus d'où provient le réchauffement climatique, jetez un spécimen de ce genre dans un lycée et vous verrez le taux hormonal et la température monter en flèche !

« J’étais devenue une sorte de paria à l’instar de Zack qui s’élevait au rang de star du lycée avec ses sourires à faire fondre un iceberg. Ne vous demandez plus d’où provient le réchauffement climatique, jetez un spécimen de ce genre dans un lycée et vous verrez le taux hormonal et la température monter en flèche ! »

« J’étais devenue une sorte de paria à l’instar de Zack qui s’élevait au rang de star du lycée avec ses sourires à faire fondre un iceberg. Ne vous demandez plus d’où provient le réchauffement climatique, jetez un spécimen de ce genre dans un lycée et vous verrez le taux hormonal et la température monter en flèche ! »

Source Lune & PLume

Aryane et Caron viennent de me sauver la vie. Pourtant je n'arrive pas à accepter leur décision, je voudrais aussi mourir, finir ensevelie sous la neige près de mon père, mais la marque sur mon front se creuse davantage me rappelant qu'Isaac est toujours en vie et qu'il est ma seule et unique raison de vivre. Je crois que je n'ai plus rien d'une humaine à présent, d'ailleurs pourrais-je être autre chose qu'un monstre après avoir laissé Isaac se sacrifier et mon père mourir ? Je ne sais plus qui je suis. À présent vous connaissez mon histoire. Je ne suis plus Angela, l'ado timide et narcoleptique que vous avez connue, je ne suis pas un ange, ni une voleuse d'âmes, pas même une affranchie ! Je suis indéfinie. Pourtant je sens mes ailes vibrer dans mon dos et mon cœur battre si fort que tout est trop lumineux autour de moi. Moitié humaine, moitié ange, un peu éternelle, un peu mortelle, je suis à la jonction de mon existence et alors qu'Aryane et Caron me transportent dans les airs, je ne peux retenir un déchirement atroce à la vue de mon père mort.

Je ne sais pas qui je suis, ni ce que l'on attend de moi, mais une chose est sûre, je sais où je vais et mes pas me guideront vers Isaac.

Il a relevé mon menton avant de poser ses lèvres sur ma tempe où une veine palpitait un peu trop fort. J'étais tellement bien, et pourtant, je ne pouvais lui avouer que j'avais vu sa mort prochaine, je ne pouvais me résoudre à détruire cet instant magique. Pour une fois qu'il se confiait à moi !

— Bientôt mon ange, je suis sûr que nous serons bientôt réunis et que je n'aurai plus à travailler avec les faucheurs. Nous formerons un couple comme tous les voleurs d'âm...

J'ai posé ma main sur ses lèvres pour le faire taire. Je ne voulais pas l'entendre prononcer ce mot que je détestais tant. Moi, une voleuse d'âmes ? Tout ce qui m'importait, c'était d'être dans ses bras, et de l'aimer, le reste ne me concernait pas.

Ses lèvres s'attardèrent sur mes doigts, les embrassant un à un, ce qui me fit frissonner de la tête aux pieds.

— Tout ce que je veux, c'est pouvoir t'aimer, ai-je dit le souffle coupé par mes larmes.

— Alors nous partirons tous les deux. Je veux que tu sois heureuse.

J'ai ravalé les larmes qui bloquaient ma respiration. Je ne voulais pas le perdre.

— Tu en es sûre ? Tu sais très bien que nous sommes entièrement liés, si tu me caches quelque chose, je le saurai un jour ou l'autre, dit-il ses mains encadrant mon visage comme dans un écrin de douceur.

— Ne t'en fais pas pour moi, cela doit être dû à ma mutation, dis-je mes yeux plongés dans ses lacs d'argent.

— Si c'est bien ta mutation qui s'accélère, nous serons bientôt réunis, et je suis sûr que la mémoire nous reviendra à tous les deux. J'aimerais tant pouvoir me rappeler de notre vie passée, savoir comment tu es devenue mon ange-soeur, murmura-t-il tout en me serrant contre son torse de glace.

— Moi aussi j'aimerais en savoir plus. Pourtant, même si je te connais à peine, il m'arrive souvent de penser que nous nous connaissons depuis toujours, bien avant ma naissance, ai-je avoué la gorge nouée par l'émotion.