Commentaire de Henri-1

D’où vient ce cauchemar qui la hante depuis sa greffe du cœur ? Camille, gendarme à Villeneuve-d'Ascq, voit chaque nuit une femme enfermée l'appeler au secours. Un rêve aussi réel qu'un souvenir. Elle n'a dès lors plus qu'une obsession : retrouver l'identité de son donneur.A une centaine de kilomètres de là, Sharko et Henebelle n'ont guère le temps de pouponner leurs jumeaux : une femme, victime d'une longue séquestration, les yeux presque blancs, dépourvus d'iris, a été découverte… sous un arbre.

Et leur enquête prend un tour plus curieux encore lorsque Franck comprend qu'à chaque nouvelle piste, il est devancé par une jeune femme, gendarme dans le Nord…

Thiliez montre à nouveau le pire côté de l'humanité à travers un cas horrible qui implique la traite d'être humains et la transplantation d'organes.. L'auteur m'a plongé, une fois de plus, dans un environnement claustrophobe dans lequel le besoin de savoir rend l'arrêt de la lecture presque impossible. Un besoin qui vous emmène, à un rythme vertigineux, dans un enfer qui n'a pas grand-chose à envier à celui de la divine comédie de Dante .Un excellent thriller de l'un de mes auteurs de ce genre préférés.

Franck Thilliez continue de s'efforcer non seulement de nous proposer une intrigue sombre qui capte forcément le lecteur, mais il s'occupe également de rester au plus près des personnages fétiches :Sharko et Hennebelle continuent d'évoluer roman après roman. Ce ne sont plus les mêmes que nous avons rencontrés dans "Le syndrome du E" . Et tout ce qu'ils ont vécu depuis les trois romans précédents en ont fait les personnes qu'ils sont aujourd'hui avec une évolution logique qui donne au lecteur l'impression qu'ils sont vrais et non pas seulement des créations d'encre et de papier.. Avec eux, le personnage de Camille qui apparait ici est aussi très humain et en accord avec ce qu'elle a vécu et souffert depuis l'enfance. Et Bellanger, prends de l'importance (ce qui se confirmera quelques romans plus tard dans "Luca"

Angor est probablement le roman le moins scientifique de la saga, ce qui rend le "cœur" de l'intrigue plus accessible et un peu plus prévisible, mais en retour, l'auteur confronte le lecteur à un dilemme moral bien difficile. L'auteur va également au plus sombre et au plus dépravé de l'être humain, le Mal en majuscules et il le fait ouvertement et sans prendre de gants. Il n'épargne pas au lecteur des descriptions sinistres, voir atroces, mais il n'en abuse pas inutilement, sachant trouver ce point d'équilibre acceptable ou beaucoup d'autres auteurs de ce genre se perdent.

Bref, un roman à plusieurs intrigues parfaitement imbriquées, avec un thème de fond très humain et qui pose cas de conscience à n'importe quel lecteur, avec des personnages moins traumatisés que dans les romans précédents et beaucoup plus proches, avec un rythme vibrant et une fin qui nous laisse bouche bée, car quand on croit que tout est fini et que l'affaire est résolue, une phrase ouvre la porte à un autre livre, "Pandemia"...