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Enfin arriva la soirée que je redoutais. Comme d’habitude, Joshua était venu me chercher dans mon bureau et il m’accompagna jusqu’à l’ascenseur.
— Monsieur Spoke, téléportation, déclarai-je. Nous avons une planète à explorer.
Mon beau capitaine ne sourit même pas. À la tension de ses muscles, je devinai que quelque chose le contrariait. Voyons… Allais-je tenter de comprendre par moi-même ou plus simplement lui demander ? Il y avait longtemps que je n’avais pas joué aux devinettes ! Mon cerveau exécuta une petite pirouette dans ma tête.
1 – Joshua savait qu’avec la pleine lune, j’allais lui demander la permission de sortir pour chasser le Chalcroc et il craignait pour ma sécurité (hypothèse la plus probable).
1bis – Le maître Ours lui était encore passé sous le nez dans la journée (raison tout aussi plausible que la première).
2 – Les 1 et 1bis combinées (le pire des cas).
3 – Je lui manquais et il mourait d’envie de partager mon canapé avec moi (mais ça, c’était plutôt la projection de mes propres désirs).
4 – Il s’était coupé en se rasant et sa blessure le piquait (hypothèse d’autant plus acceptable qu’il avait un pansement sur la joue).
5 – Son père avait refusé qu’il prenne le nom de Moutarde (totalement invraisemblable, mais follement amusant).
Joshua appuya sur le bouton et les portes se fermèrent en coulissant.
J’attendis une seconde que la cabine s’ébranle pour attraper le levier que Benjamin avait actionné sous mes yeux deux semaines auparavant et le tirai vers le bas. L’ascenseur s’immobilisa et toutes les petites lumières s’éteignirent. Mon humain se tourna vers moi, un sourcil froncé.
— Que fais-tu, Lou ?
Ah ! Il me tutoyait ! Il savait donc que cette manoeuvre coupait les micros.
— Ton père ne veut pas que tu t’appelles Moutarde ? m’informai-je d’un ton inquiet.
Ses yeux écarquillés par l’ahurissement m’apprirent que non. Une petite fierté bien légitime me gonfla la poitrine. J’arrivai tout de même encore à le surprendre !
— Tu t’es coupé en te rasant alors ? poursuivis-je en désignant son pansement.
Il porta la main à sa joue comme s’il avait déjà oublié qu’il était blessé.
— Ah ça, se souvint-il. Non, c’était ce matin, à l’entraînement au combat de rue. Un couteau qui a dérapé…
Un couteau qui dérapait sur MON mâle ?
— Qui a fait ça ? m’insurgeai-je. Dis-moi son nom, je vais lui arracher la gorge !
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