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Extrait

CHAPITRE PREMIER

J'avais du sang de poulet séché sous les ongles, sur le visage et sur le dos des mains. Inévitable quand on relève les morts pour gagner sa vie. J'avais essayé de nettoyer le plus gros avant de me pointer au rendez-vous mais, pour bien faire, il aurait fallu que je prenne une douche.

Sirotant mon café dans mon mug personnalisé sur lequel était écrit : « Prenez-moi la tête et subissez-en les conséquences », j'observais les deux hommes assis en face de moi.

M. Jeremy Ruebens était petit et maussade. Je ne l'avais jamais vu autrement que contrarié ou en train de gueuler. Ses yeux, son nez et sa bouche étaient massés au milieu de son visage comme si une main géante les avait collés ensemble avant que l'argile finisse de sécher.

Ses mains exécutaient toujours le même manège, lissant successivement les revers de son manteau, sa cravate bleu marine et le col de sa chemise blanche avant de se poser sur ses genoux quelques instants et de recommencer. Je me donnais encore cinq tours complets avant de hurler et de lui promettre tout ce qu'il voudrait.

Mon second interlocuteur s'appelait Karl Inger. C'était la première fois que je le rencontrais. Il mesurait un peu plus d'un mètre quatre-vingts. Ses cheveux roux bouclés encadraient un visage placide ; d'énormes favoris se prolongeaient par les moustaches les plus touffues que j'aie jamais vues. À l'exception de ses cheveux, tout chez lui était impeccablement net. Peut-être n'avait-il pas eu le temps de se faire un brushing ce matin-là.

Les mains de Ruebens exécutaient leur petite danse pour la quatrième fois. Je mourais d'envie de faire le tour du bureau et de lui saisir les poignets en hurlant : « Arrêtez ça ! » Mais même venant de moi, ç'aurait été impoli.

— Je vous trouve bien nerveux aujourd'hui, Ruebens, me contentai-je de marmonner.

Il me jeta un regard étonné.

— Nerveux ?

Je désignai ses mains. Il se rembrunit et les posa sur ses cuisses, où elles restèrent immobiles. Un bel exemple de self-control.

— Je ne suis pas nerveux, mademoiselle Blake, se défendit-il. Je n'ai pas l'habitude de demander de l'aide à des gens comme vous, c'est tout.

Je sirotai mon café.

— Des gens comme moi ? répétai-je.

Il se racla la gorge.

— Vous savez bien ce que je veux dire.

— En fait, non.

— Eh bien... Une reine des zombies...

Il s'interrompit au milieu de sa phrase. Je commençais à m'énerver, et ça devait se lire sur mon visage.

— Je ne voulais pas vous offenser, s'excusa-t-il.

— Si vous êtes venu pour m'insulter, foutez le camp de mon bureau. Si vous voulez m'engager pour une affaire, expliquez-moi, puis foutez le camp de mon bureau.

Ruebens se leva.

— Je t'avais bien dit qu'elle refuserait de nous aider.

— De vous aider à quoi ? Vous ne m'avez rien expliqué.

— Nous ferions peut-être mieux de tout lui raconter, intervint Inger d'une agréable voix de basse.

Ruebens prit une profonde inspiration.

— Très bien. (Il se rassit.) La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, j'étais membre d'Humains Contre Vampires.

Je hochai la tête pour l'encourager à continuer.

— Depuis, j'ai fondé un nouveau groupe, Les Humains d'Abord. Nous visons les mêmes objectifs que HCV, mais avec des méthodes un peu plus directes.

Je le fixai en silence. L'objectif principal de HCV était de rendre le vampirisme illégal, pour pouvoir traquer les morts-vivants comme des animaux. Moi, ça me convenait. Autrefois, j'étais chasseuse de vampires. Maintenant j'avais le titre d'exécutrice agréée.

Faute d'un mandat d'exécution contre un vampire, je pouvais être accusée de meurtre si je l'éliminai. Pour obtenir ce mandat, quelqu'un devait prouver que le vampire en question était un danger pour la société. Autrement dit, il fallait attendre qu'il ait tué des gens. Alors que dans le temps — le bon vieux temps —, je pouvais massacrer à vue tous les morts-vivants sans rendre de comptes à personne.

— Que signifie au juste « des méthodes un peu plus directes » ?

— Vous le savez bien, répondit Ruebens.

— Non, je ne le sais pas, mentis-je.

Je voulais l'entendre de sa bouche.

— HCV n'a pas réussi à discréditer les vampires dans les médias ou le monde politique. Les Humains d'Abord se contenteront de les détruire tous.

Je souris par-dessus le bord de mon mug.

— Vous savez que c'est considéré comme un meurtre ?

— Vous avez déjà tué des vampires. Pensez-vous réellement que c'en soit un ?

Ce fut mon tour de prendre une grande inspiration. Quelques mois plus tôt, j'aurais répondu « non » sans hésiter. Mais à présent...

— Je n'en suis plus si certaine, monsieur Ruebens, avouai-je.

— Si la nouvelle loi est adoptée, les vampires auront le droit de vote. Ça ne vous effraie pas, mademoiselle Blake ?

— Si, bien sûr.

— Dans ce cas, aidez-nous.

— Cessez de tourner autour du pot, Ruebens, et dites ce que vous attendez de moi.

— Très bien. Nous voulons que vous nous révéliez où se cache le maître vampire de Saint Louis pendant la journée.

Je le dévisageai quelques instants, muette de stupéfaction.

— Vous êtes sérieux ?

— Très sérieux, mademoiselle Blake.

Je ne pus m'empêcher de sourire.

— Qu'est-ce qui vous fait croire que je le connais ?

Ce fut Inger qui répondit :

— Allons, mademoiselle Blake ! Si nous pouvons admettre que nous sommes prêts à devenir des assassins selon la définition légale, vous pouvez reconnaître que vous fréquentez le maître.

— Dites-moi d'où vous tenez cette information, et je la confirmerai peut-être... ou pas.

Inger sourit.

— Qui tourne autour du pot, maintenant ?

Il marquait un point.

— Admettons que je le connaisse.

— Indiquez-nous où il se réfugie pendant la journée.

Ruebens se pencha vers moi, l'air avide et excité. Rien de flatteur pour moi : c'était la perspective d'embrocher le maître qui l'émoustillait.

— Comment savez-vous qu'il est de sexe masculin ?

— Il y a eu un article dans le Post Dispatch. Le journaliste ne mentionnait pas de nom mais, d'après ses propos, la créature était indubitablement un mâle.

Je me demandais comment réagirait Jean-Claude en étant traité de « créature ». Mieux valait ne pas le découvrir.

— Je vous donne son adresse, vous vous pointez chez lui et vous l'embrochez, c'est ça ?

Ruebens acquiesça.

Je secouai la tête.

— Vous refusez de nous aider ?

— Non. Mais j'ignore où le trouver pendant la journée.

La stricte vérité. À mon grand soulagement.

— Vous mentez pour le protéger, m'accusa Ruebens.

Son visage s'était assombri, et des rides barraient son front.

— Pas du tout. Si vous voulez que je relève un zombie pour vous, nous pouvons en discuter. Autrement...

Je laissai ma phrase en suspens et leur adressai mon sourire le plus professionnel. Ils n'eurent pas l'air impressionnés.

— Nous avons consenti à vous rencontrer à cette heure indue, et la consultation nous est facturée à un prix exorbitant. Le moins que vous pourriez faire, c'est de vous montrer polie.

J'avais envie de répliquer : « C'est vous qui avez commencé », mais ça aurait eu l'air un peu puéril.

— Je vous ai offert un café. Vous n'en avez pas voulu.

Ruebens se rembrunit davantage.

— Traitez-vous tous vos clients de la même façon ?

— Lors de notre dernière rencontre, vous m'avez qualifiée de chienne qui fricote avec les zombies. Je ne vous dois rien.

— Vous avez quand même pris notre argent.

— Rectification : mon patron a pris votre argent.

Moi, je ne voulais pas recevoir Ruebens. Mais après que Bert eut encaissé son chèque, je n'avais pas vraiment eu le choix.

J'avais fixé le rendez-vous à l'aube, après la fin de ma « journée » de travail, avant de rentrer me coucher. Comme ça, je pourrais dormir huit heures d'affilée. Et tant pis pour la nuit écourtée de Ruebens.

— Pourriez-vous découvrir l'adresse du maître ? demanda Inger.

— Probablement, mais je ne vous la donnerais pas.

— Pourquoi ?

— Parce qu'elle fricote avec lui, déclara Ruebens.

Décidément, il aimait bien ce mot.

— La ferme, Jeremy !

Ruebens ouvrit la bouche pour protester, mais Inger insista :

— Pour notre cause.

Ruebens ravala sa colère. Je vis qu'il manquait s'étrangler avec.

— Pourquoi, mademoiselle Blake ? répéta Inger, l'air très sérieux.

— J'ai déjà tué des maîtres vampires, mais aucun avec un pieu.

— Comment, alors ?

Je souris.

— Si vous voulez des leçons de chasse aux vampires, vous vous êtes adressés à la mauvaise personne. Répondre à vos questions pourrait me faire accuser de complicité de meurtre.

— Si nous avions un meilleur plan, nous aideriez-vous ?

J'y réfléchis quelques instants. Sans aucun doute, la disparition de Jean-Claude me faciliterait la vie. Et pourtant...

— Je ne sais pas.

— Pourquoi ?

— Parce que je crois qu'il vous tuerait. Je ne livre pas d'humains aux monstres, monsieur Inger. Pas même les humains qui me détestent.

— Nous ne vous détestons pas, mademoiselle Blake.

Je désignai Ruebens.

— Vous, peut-être pas. Mais lui, si.

Ruebens me foudroya du regard. Au moins, il n'essayait pas de nier.

— Si nous mettons au point un meilleur plan, pourrons-nous revenir vous parler ? demanda Inger.

Je haussai les épaules.

— Bien sûr. Pourquoi pas ?

Il se leva et me tendit la main.

— Merci, mademoiselle Blake.

Il ne serra pas trop fort. Il était costaud, mais il n'en profitait pas pour tenter de m'impressionner. J'appréciais.

— Lors de notre prochaine rencontre, vous vous montrerez plus coopérative, grogna Ruebens.

— Dois-je considérer ça comme une menace, Jerry ? lançai-je.

Il eut un sourire déplaisant.

— Les Humains d'Abord pensent que la fin justifie les moyens.

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