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Tout ça ne me regardait pas. Et j'avais promis à Jason. À moins que les Summerland se révèlent être des vampires maléfiques, je ne m'en mêlerais pas.
Je reportai mon attention sur le paysage qui défilait des deux côtés de la route. La vue était vraiment magnifique. Jason aussi regardait par la fenêtre, mais comme s'il ne voyait rien de spécial dehors. Le trajet jusqu'à Asheville, Caroline du Nord, était l'un des plus jolis que j'aie jamais faits en voiture, mais je n'avais pas grandi dans le coin. J'imagine qu'on finit par se lasser de ce qu'on voit tous les jours, par devenir blasé. Étais-je blasée au sujet des vampires et des zombies ? Peut-être. Mais je trouvais ces montagnes superbes
Afficher en entierJe restai assise sur mon siège pivotant quelques secondes, le temps de ravaler ma nausée et de réapprendre à respirer. Mentalement, je traitai mon estomac de chochotte et lui ordonnai de se ressaisir tout de suite. Nous avions touché terre, pour l'amour de Dieu. Je pourrais toujours louer une voiture pour rentrer à St. Louis - même si je savais déjà que je ne le ferais pas. Je ne pourrais plus jamais me regarder dans une glace si je laissais ma peur prendre le dessus à ce point. La peur, c'est comme un cancer en rémission. Si vous lui cédez, fût-ce d'une fraction de centimètre, elle se propage partout et vous dévore.
Afficher en entierJason m'avait dit qu'il venait d'une petite ville. Je n'avais pas pigé ce que ça impliquerait en matière de transport : à savoir, que nous voyagerions à bord d'un minuscule coucou. La seule chose qui peut me pousser à mettre les pieds dans un de ces appareils, c'est une question de vie ou de mort - une enquête policière où le temps presse et où un assassin risque de faire de nouvelles victimes pendant que je préfère finir le trajet en voiture, par exemple.
Ma panique dut se lire sur mon visage, car Jason passa un second coup de fil à Jean-Claude. J'oublie tout le temps que ce dernier possède un jet privé. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est comme ça. J'imagine que ça me met un peu mal à l'aise de sortir avec quelqu'un d'assez riche pour avoir son propre avion. Évidemment, Jean-Claude n'a pas volé son argent. Il est à peu près aussi oisif que moi - autrement dit, il passe son temps à bosser. Il gère un petit empire de commerces surnaturels, et il est doué pour les affaires. Quant à moi, je relève les morts et je bute les vilains vampires. C'est à peine si nous trouvons encore le temps de dormir.
Afficher en entier—Si vous vous appelez réellement Jason Schuyler, comment se fait-il que vous ressembliez autant aux jumeaux Summerland ?
— Les gens nous confondaient tout le temps à l'école. Vous comprenez pourquoi.
—Vous pourriez être des triplés, acquiesça la femme. Jason hocha la tête en grimaçant.
—Je suis ici pour rendre visite à ma famille. Mon voyage n'a aucun rapport avec le mariage de Keith Summerland. Il faut que vous me laissiez passer.
— Qu'est-ce qui vous ramène à Asheville ? Jason me regarda. Je haussai les épaules.
—Mon père est en train de mourir d'un cancer. Il ne lui reste plus beaucoup de temps, et je veux lui dire au revoir.
—Et qui est votre père ?
—Si je vous le dis, irez-vous l'importuner à l'hôpital ?
—Nous adorerions savoir comment il vit le fait d'avoir un fils qui est le portrait craché des célèbres jumeaux Summerland.
—Mon père agonise. Il ne lui reste plus que quelques semaines. Je vous en supplie, fichez-lui la paix. Par pitié.
Dans la foule, quelqu'un cria :
—Qui est la brune qui vous accompagne ?
Jason recula d'un pas, et le micro se braqua vers moi.
—Je m'appelle Anita Blake.
— Qui êtes-vous par rapport aux Summerland ?
—Personne. Jusqu'à aujourd'hui, j'avais entendu parler du gouverneur Summerland aux informations, rien de plus. Je suis... une amie proche de Jason Schuyler.
Ma première pause gênée. J'aurais parié que ça ne serait pas la dernière.
Jason, qui était passé derrière moi, posa ses mains sur mes épaules.
Les flashs crépitèrent de plus belle.
Une autre voix cria :
—Vous êtes l'Anita Blake de Jean-Claude, pas vrai ?
« L'Anita Blake de Jean-Claude ». Pas « le marshal fédéral Anita Blake», pas «l'exécutrice de vampires
Anita Blake», non. Pour eux, je n'étais que la petite amie de Jean-Claude. Super.
— Oui, répondis-je simplement.
Après tout, le moment me semblait mal choisi pour ergoter.
— Oh mon Dieu, vous êtes Ripley ! s'écria une femme dans la foule.
Ripley est le nom de scène de Jason. Et, oui, il l'a choisi à cause du film Alien. Quand je lui ai demandé
pourquoi, il a répondu : « Sigourney Weaver est trop bonne. » Ses fans les plus acharnées le surnomment Rip.
Apparemment, l'une d'elles était journaliste. Ce qui pouvait être très bon, ou très mauvais.
— Qui est Ripley ? demandèrent plusieurs personnes.
Jason se pencha par-dessus mon épaule et dit assez fort pour que tous les micros captent sa voix :
—Ripley est le nom sous lequel je me produis au Plaisirs Coupables, un club de striptease que Jean- Claude possède à St. Louis.
Un frisson parcourut la foule, comme si les journalistes formaient une seule bête dont une main géante venait de toucher la peau. Ils s'écartèrent pour laisser s'avancer celle d'entre eux qui avait reconnu
Jason : elle avait de meilleures questions à poser.
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