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Cette figure d’Alexis Alexandrovitch, avec sa fraîcheur de citadin, cet air sévère et sûr de lui-même, ce chapeau rond, ce dos légèrement voûté, – il fallait bien y croire ! Mais ce fut avec la sensation désagréable d’un homme mourant de soif, qui découvre une source d’eau pure et la trouve profanée par la présence d’un chien, d’un mouton, ou d’un porc. La démarche raide et empesée d’Alexis Alexandrovitch fut ce qui offusqua le plus Wronsky. Il ne reconnaissait à personne qu’à lui-même le droit d’aimer Anna.
Afficher en entier- [...] Je reconnais que je ne puis continuer à vivre ainsi... Mais j'irai avec toi à Moscou...
- Tu dis cela d'un air de menace... Ne pas me séparer de toi, c'est tout ce que je souhaite, dit Vronskï en souriant.
Mais, tandis qu'il prononçait ces paroles affectueuses, le regard froid, méchant d'un homme exaspéré, brilla dans ses yeux.
Elle vit ce regard et le comprit :
"Quel malheur !" disait ce regard.
Jamais l'impression qu'elle ressentit en ce moment ne s'effaça de son esprit.
Afficher en entierRestée seule, elle analysa ce regard, où elle vit l'affirmation d'un droit à la liberté ; et, comme toujours, elle arriva à la même conclusion : à la conscience de sa déchéance. "Il a le droit de s'en aller où et quand il veut, et même de me quitter. Il a tous les droits. Moi, je n'en ai aucun. Mais sachant cela il ne devrait pas agir ainsi... Et qu'a-t-il fait ? Il m'a regardée d'un œil froid, sévère. Évidemment c'est peu, c'est vague... Cependant, il ne me regardait pas ainsi autrefois ; ce regard est significatif..."
Afficher en entier"Je n'ai jamais cherché à retenir Stiva, pensait-elle ; il m'a quittée pour d'autres. Mais la première pour laquelle il m'a trahie ne l'a pas retenu davantage, cependant elle était toujours belle et gaie. Stiva l'a abandonnée pour en prendre une autre. Anna retiendra-t-elle le comte Vronskï par sa beauté ? S'il ne cherche que la beauté, il trouvera peut-être ailleurs des toilettes et des manières encore plus séduisantes et plus gaies. Quelques beaux que soient son corps, ses épaules, son visage encadré de cheveux noirs, il en trouvera de plus beaux encore, comme en a cherché et trouvé mon affreux, misérable et charmant époux !"
Afficher en entierComme un homme, luttant à moitié endormi avec un mal douloureux qu'il voudrait arracher de lui, constate au réveil que ce mal est au fond de lui-même, il reconnaissait qu'il n'y avait qu'une seule chose à faire, souffrir ; et il tâchait de le faire.
Afficher en entierIl comprit alors clairement, pour la première fois, ce qu'il n'avait pas compris lorsqu'il l'avait menée à l'autel : que non seulement elle était liée à lui, mais qu'il ne savait plus où commençait et où finissait sa propre personnalité. Il le comprit par le pénible sentiment de scission intérieure qu'il éprouva. Tout d'abord il en fut offensé ; mais aussitôt il sentit qu'elle ne pouvait pas l'offenser, car elle et lui ne faisaient qu'un. Il éprouva tout d'abord un sentiment semblable à celui qu'éprouve un homme qui, recevant un coup formidable dans le dos, se retourne plein de colère pour voir qui l'a frappé et s'aperçoit alors qu'il s'est donné ce coup lui-même, par hasard, que, par conséquent, il n'a point à se fâcher, qu'il ne lui reste qu'à supporter son mal et à guérir.
Afficher en entierLévine savait que Kitty l'écoutait, qu'elle prenait du plaisir à l'écouter ; et rien en dehors de cela ne l'intéressait. Dans cette pièce, et même dans le monde entier, il n'y avait que lui et elle. Il avait la sensation de se trouver à une hauteur vertigineuse tandis qu'en bas, très loin, se trouvaient ce bon et charmant Karénine, Oblonski, et tout le reste de la société.
Afficher en entierSes paroles paraissaient bien simples, et cependant, tandis qu'elle les prononçait, chaque son de sa voix, chaque mouvement de ses lèvres, de ses yeux, de sa main, revêtait pour Lévine une importance considérable. Il y avait, dans les paroles de Kitty, une prière, un aveu de confiance, une caresse tendre et timide, une promesse, une espérance et une preuve d'amour, évidente aux yeux de Lévine, et qui l'étouffait de bonheur.
Afficher en entier- Comment ? Mais je n'ai cessé de penser à la mort ! C'est vrai qu'il est temps de mourir et que tout n'est que vanité. Je te le dirai franchement, je tiens beaucoup à mes idées et à mon travail, mais quand je pense que tout notre monde n'est qu'une petite protubérance sur une infime planète, quand je réfléchis à ce que peuvent être nos idées, nos œuvres... Autant de grains de poussière...
- Mais, mon cher, tout cela est vieux comme le monde !
- Soit ! Mais, vois-tu, une fois qu'on a compris qu'il faut mourir, soit aujourd'hui, soit demain, et que fatalement il ne restera rien, tout cela devient bien misérable ! Les choses que je considère comme importantes sont, en réalité, aussi insignifiantes que le fait de retourner cette peau d'ours. Pourtant on passe sa vie à se distraire en chassant ou en travaillant, dans le seul dessein de ne pas penser à la mort.
Afficher en entier"Elle venait d'entendre des mots que redoutait sa raison, mais que souhaitait son cœur."
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