Commentaires de livres faits par AnnaBleuen
Extraits de livres par AnnaBleuen
Commentaires de livres appréciés par AnnaBleuen
Extraits de livres appréciés par AnnaBleuen
Do you remember the birds when we were children ?
Do you remember skies
So bleached in colour
The only anwer could be a nameless dread,
Whale bones
On a stony beach,
Do you remember kites,
And splinters,
The way you got that wound on your finger
Only to keep pressing down
Lest it forget to ache ?
-Cela m'est arrivé, à moi aussi.
-Je ne me parle pas, non. Je parle à quelqu'un de totalement imaginaire et qui pourtant n'est pas n'importe qui, mais mon ennemi personnel. Ainsi, voyez, je n'ai pas encore d'amis et je m'invente des ennemis.
-À votre tour, que lui dites-vous, Mademoiselle ?
-Je l'insulte, et sans jamais lui donner la moindre explication. Pourquoi, dites-moi, Monsieur ?
-Qui sait ? Sans doute parce qu'un ennemi ne peut pas vous comprendre et que vous supportez mal la douceur d'être comprise, le soulagement que cela procure.
L'idée de monstre, le désir de monstres, ne nous ont jamais quittés. Car ces demi-frères cachés, nos doubles sinistres ou merveilleux, peuvent tout se permettre et tout souffrir - ce qui ne décourage pourtant pas, au contraire, le désir de les cataloguer.
L'inventaire que nous proposons ici obéit à un choix personnel et donc forcément arbitraire : Ovide côtoie William Burroughs, et la mythologie mapuche, le cinéma thaïlandais. On y trouve de parfaits inconnus, tels Nani ou Ngome John, tout comme de célèbres créatures, à l'image du yôkai japonais Noppera-bô. [...]
"Vous ne mettez que des vinyles ?
-Je n'aime pas les CD, répond-il.
-Pourquoi ?
-Ils brillent trop.
-Tu te prends pour un corbeau, ou quoi ? intervient Kaoru.
-Les vinyles, c'est embêtant, pour les changer chaque fois", reprend Mari.
Le barman rit. "Regarde... On est en pleine nuit. Il n'y a pas de train jusqu'au matin. Rien ne nous presse, non ?
-Ce type, fait Kaoru, il est un peu tordu sur à peu près tout.
-La nuit, répond le barman, la nuit possède une horloge différente." Il craque une allumette en papier. Allume une cigarette. "Inutile de lui résister. [...]
Je la regardais danser, les bras arrondis comme des ailes, ses jeunes jambes robustes amoureuses de leur propre mouvement. C'était ainsi que les mortels trouvaient la gloire, songeai-je. A force d'entraînement et de diligence, cultivant leurs talents à la manière d'un jardin, jusqu'à ce que ceux-ci resplendissent sous le soleil. Mais les dieux naissent ichor et nectar, et leur excellence déborde déjà du bout de leurs doigts. Ainsi, ils trouvent leur renommée en prouvent qu'ils sont capables de gâcher : en détruisant des villes, initiant des guerres, engendrant monstres et épidémies.
Toute cette fumée et toutes ces saveurs qui s'élèvent si délicatement de nos autels. Elles ne laissent derrière elles que de la cendre.
Les pieds légers d'Ariane traversaient et retraversaient le parterre. Chaque pas était parfait, comme si elle s'offrait à elle-même un cadeau et qu'elle souriait en le recevant. J'avais envie de l'empoigner par les épaules. Quoi que tu fasses, ne sois pas trop heureuse. Cela ne fera qu'attirer les foudres célestes sur toi. Toutefois, je ne dis rien et la laissai danser.
— Ils meurent à chaque fois juste au moment où ils auraient pu être heureux... Tu ne pourrais pas changer la fin, pour une fois ?
— C'est toi qui la changeras, cette histoire. C'est le conteur qui lui donne sa couleur et ses rythmes, sa voix et ses élans. La séquence que tu voudras créer, le motif que tu souhaiteras tisser, c'est toi qui en décideras lorsque tu la raconteras à ta petite fille. Moi j'ai attendu inutilement.
Chaque seconde de sa vaine attente était inscrite sur son visage.
Mais en y réfléchissant bien, je voyais que c'était la seule fin possible. Les deux amants se devaient d'être pétrifiés dans leur beauté et leur jeunesse à tout jamais, pour nous donner espoir et nous nourrir du chant qui s'échappait de leurs lèvres tuméfiées.
Silence. Ils regardent par les baies d'invisibles clients. Et, parmi eux, Élisabeth Alione et son mari.
Silence.
-Comment vivre, crie doucement Alissa.
Il fait un soleil éclatant.
-La petite fille n'est pas venue ? demande Max Thor.
-Elle lui a demandé de ne pas l'emmener aujourd'hui.
-Bien, bien, dit Stein. Voyez qu'elle...
-Les voici, dit Max Thor.
Ils contournent le tennis. Ils arrivent vers la porte d'entrée.
-Comment vivre ? demande Alissa dans un souffle.
-Qu'allons-nous devenir ? demande Stein.
Les Alione sont entrés dans la salle à manger.
-Comme elle tremble, dit Max Thor.
Ils avancent vers les autres.
Je préfère souffrir comme une plante,
Comme l'oiseau qui ne dit rien sur le tilleul.
Ils attendent. C'est bien. Puisqu'ils ne sont pas las
D'attendre, j'attendrai, de cette même attente.
Ils souffrent seuls. On doit apprendre à souffrir seul.
Je ne veux pas d'indifférents prêts à sourire.
Crier à m’arracher la gorge!
Crier comme une bête qu’on égorge,
Comme le fer martyrisé dans une forge,
Comme l’arbre mordu par les dents de la scie,
Comme un carreau sous le ciseau du vitrier…
Grincer, hurler, râler! Peu me soucie
Que les gens s’en effarent. J’ai besoin
De crier jusqu’au bout de ce qu’on peut crier.
Les gens? Vous ne savez donc pas comme ils sont loin,
Comme ils existent peu, lorsque vous supplicie
Cette douleur qui vous fait seul au monde?
Avec elle on est seul, seul dans sa geôle.
Répondre? Non. Je n’attends pas qu’on me réponde.
Je ne sais même pas si j’appelle au secours,
Si même j’ai crié, crié comme une folle,
Comme un damné, toute la nuit et tout le jour.
Cette chose inouïe, atroce, qui vous tue,
Croyez-vous qu’elle soit
Une chose possible à quoi l’on s’habitue?
Cette douleur, mon Dieu, cette douleur qui tue…
Avec quel art cruel de supplice chinois,
Elle montait, montait, à petits pas sournois,
Et nul ne la voyait monter, pas même toi,
Confiante santé, ma santé méconnue!
C’est vers toi que je crie, ah! c’est vers toi, vers toi!
Pourquoi, si tu m’entends, n’être pas revenue?
Pourquoi me laisser tant souffrir, dis-moi pourquoi
Ou si c’est ta revanche et parce qu’autrefois
Jamais, simple santé, je ne pensais à toi.
Mais garder un secret pour le "bien" de ses enfants, c'est souvent leur faire grand tort. Les secrets de famille peuvent être dévastateurs. Assassinat, viol, inceste, avortement, faillite, ivrognerie, maladie mentale, séjour en prison, origine ethnique, appartenance politique ou religieuse... Quelle que soit la honte attachée à un événement gardé secret, elle reste en deçà de ce que les enfants ou les petits-enfants qui cherchent la "vérité" vont pouvoir imaginer...
Où trouver l'accompagnement nécessaire dans la recherche du sens de ce qui nous arrive ? Comment utiliser toutes les ressources thérapeutiques complémentaires qui prennent en compte la personne dans sa globalité ?
Tentant de répondre à ces questions, Muyard porte aussi un regard nouveau sur les maladies qui sont le miroir de notre société - la tuberculose, les accidents cardio-vasculaires, le cancer, la dépression, l'autisme... -, montrant qu'elles ne sont pas seulement liées à des lésions organiques mais aussi à des facteurs cachés (terrain, hérédité, environnement), socio-économiques, subconscients (traces mémorisées des traumatismes infantiles ou transgénérationnels), inconscients (méandres du désir).
Guérir n'est donc pas une bataille contre la maladie ou contre la mort. Cela consiste à accompagner les transformations du corps à la recherche d'un autre équilibre, à créer les conditions d'une autre existence, à inventer une autre manière d'être au monde et aux autres.
Jean-Pierre Muyard est médecin-psychiatre. Après une psychanalyse, il a entrepris des recherches dans le laboratoire du Pr. Henri Laborit afin d'étudier les interrelations entre le cerveau, le corps et l'inconscient. il poursuit aujourd'hui cette démarche appliquée à l'autisme. il a participé en France et au canada à plusieurs groupes de travail sur la validation scientifique des médecines complémentaires et des médecines traditionnelles. il mène parallèlement une activité de clinicien, de chercheur et d'enseignant.
Actualité et enjeux de la question
Je commencerai par un aveu. Longtemps, la théorie du genre m’a laissée indifférente. J’ai voulu croire qu’en France ses élucubrations ne franchiraient pas le cercle d’universitaires se délectant des raisonnements les plus extravagants. Une théorie non pas qui nie les différences anatomique, biologique, physiologique des sexes mais ne voit dans l’altérité des hommes et des femmes que littérature, fiction élaborée par les sociétés, devait fatalement, pensais-je, trébucher sur l’expérience concrète. Qui en outre aspirerait jamais à cet avenir radieux promis par le Genre d’un monde où il n’y aurait plus ni hommes, ni femmes, mais des individus indifférenciés, substituables les uns aux autres, rendus à une prétendue indétermination sexuelle originelle, libres de vagabonder à travers les identités, les sexualités ? Je me trompais. Elle a fini par sinon triompher, du moins se diffuser, gagner les médias, les milieux éducatifs et culturels. La promotion du genre est irrécusable. L’offensive est d’abord sémantique : ministres, journalistes, sociologues, philosophes prennent soin de bannir de leur vocabulaire l’expression d’«identité sexuelle» au profit de celle d’ «identité de genre». Les textes officiels en adoptent également le langage. On ne compte plus les rapports gouvernementaux – nous en évoquerons quelques-uns dans le cours de cet essai – destinés à promouvoir les postulats de cette nouvelle anthropologie. La théorie du genre bénéficie ensuite d’une véritable reconnaissance institutionnelle. La liste des universités et des grandes écoles lui réservant un enseignement s’allonge chaque année. Sciences-Po se flatte ainsi d’avoir été pionnière en ce domaine instaurant en 2011 une chaire des Études sur le Genre. Les collectifs de recherche sur le genre essaiment1. Depuis mars 2010, à l’initiative d’étudiants liés de près ou de loin à l’association des Lesbiennes, Gays, Bi et Trans de France (LGBT), l’école de la rue Saint-Guillaume organise dans son enceinte la «Queer Week», une semaine d’ateliers, conférences, animations autour d’un thème (l’art en 2013) systématiquement abordé au travers du prisme du genre et des sexualités – le pluriel est de rigueur. En septembre 2011, à l’initiative du ministre (de droite) de l’Education nationale de l’époque, Luc Chatel, les postulats anthropologiques et philosophiques du Genre sont introduits dans l’enseignement des Sciences de la vie et de la Terre des classes de premières L et ES. Ainsi au chapitre «Féminin-Masculin», que les manuels déclinent chacun à leur manière («Devenir homme ou femme» [Bordas], «Etre homme ou femme» [Hatier]), les élèves apprendront-ils que si «le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle, ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin» (Hachette), que l’identité sexuelle «dépend d’une part du genre conféré à la naissance, d’autre part du conditionnement social» (Bordas), que «le contexte culturel a une influence majeure sur le comportement sexuel» (Hachette), en sorte que «si, dans un groupe social, il existe une forte valorisation du couple hétérosexuel et une forte homophobie, la probabilité est grande que la majorité des jeunes apprennent des scénarios hétérosexuels» (Bordas) ou encore que «l’orientation sexuelle, qui peut parfois différer de l’identité sexuelle, ne dépend pas de caractères chromosomiques ou anatomiques, mais relève de l’intimité et des choix de vie. L’hétérosexualité, l’homosexualité, la bisexualité sont des orientations sexuelles» (Hatier). Mais l’intérêt que l’Education nationale manifeste pour le Genre ne se limite pas à cette initiation réservée à quelques lycéens. Si, depuis les manifestations contre le Mariage pour tous, le déni prévaut, si les ministres sont tenus de crier à la calomnie lorsqu’on invoque une telle influence, il n’en reste pas moins que le premier gouvernement Hollande n’a pas manqué de vanter les valeurs heuristiques de la théorie du genre et a volontiers reconnu y puiser son inspiration, dans son combat contre les inégalités entre les hommes et les femmes et l’homophobie2 notamment. Rapporteurs, ministres, professeurs, syndicats, mobilisés autour de cette nouvelle mission de l’école, «lutter contre les stéréotypes de genre» (comme on disait encore en janvier 2014 mais comme on ne doit plus dire depuis février 2014 par hantise de voir les opposants descendre dans les rues, ledit rapport a d’ailleurs été rebaptisé : il s’agit désormais de «Lutter contre les stéréotypes filles-garçons»), tous, donc, s’accordent sur l’idée que seuls les axiomes du genre sont susceptibles de fonder les principes d’égalité entre les sexes et les sexualités dont l’école doit se faire le missionnaire zélé. Ainsi, et quelles que soient les dénégations, avec un ministère de l’Education nationale d’abord transformé en annexe du ministère des Droits de la femme, et désormais confié à celle-là même qui en avait les rênes Najat Vallaud-Belkacem, la politique éducative du président Hollande porte, sans conteste mais nous y reviendrons, l’empreinte du genre – comme l’eût porté, ne nous y trompons pas, celle d’un gouvernement UMP si le candidat Nicolas Sarkozy avait triomphé aux élections de 2012, il suffit pour s’en convaincre de consulter la proposition 26 de son projet présidentiel consacrée à «La place des femmes dans la société».
Celui qui a passé sa vie entière au même endroit, à l'étroit dans une cabane écrit : Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n'est jamais la même eau.