Ajouter un extrait
Liste des extraits
Père, ce n'est pas vrai! Ce n'est pas toi, ce n'est pas aujourd'hui! Nous ne sommes pas tous les deux au pied de ce mur où il faut seulement dire oui. Tu es encore puissant, toi comme lorsque j'étais petit. Ah! Je t'en supplie, père, que je t'admire, que je t'admire encore! Je suis trop seul et le monde est trop nu si je ne peux plus t'admirer.
Afficher en entierC'est cela qui est commode dans la tragédie. On donne le petit coup de pouce pour que cela démarre, rien, un regard pendant une seconde à une fille qui passe et lève les bras dans la rue, une envie d'honneur un beau matin, au réveil, comme de quelque chose qui se mange, une question de trop que l'on se pose un soir… C'est tout. Après, on na plus qu'à laisser faire. On est tranquille. Cela roule tout seul. C'est minutieux, bien huilé depuis toujours. La mort, la trahison, le désespoir sont là, tout prêts, et les éclats, et les orages, et les silences, tous les silences: le silence quand le bras du bourreau se lève à la fin, le silence au commencement quand les deux amants sont nus l'un en face de l'autre pour la première fois, sans oser bouger tout de suite, dans la chambre sombre, le silence quand les cris de la foule éclatent autour du vainqueur et on dirait un film dont le son s'est enrayé, toutes ces bouches ouvertes dont il ne sort rien, toute cette clameur qui n'est qu'une image, et le vainqueur, déjà vaincu, seul au milieu de son silence…
C'est propre, la tragédie. C'est reposant, c'est sûr… Dans le drame, avec ces traîtres, avec ces méchants acharnés, cette innocence persécutée, ces vengeurs, ces terre-neuve, ces lueurs d'espoir, cela devient épouvantable de mourir, comme un accident. On aurait peut-être pu se sauver, le bon jeune homme aurait peut-être pu arriver à temps avec les gendarmes. Dans la tragédie, on est tranquille. (…)
Dans le drame, on se débat parce qu'on espère en sortir. C'est ignoble, c'est utilitaire.
Afficher en entierTu es fou petit. Il faudrait ne jamais devenir grand.
Afficher en entierVous me dégoûtez avec votre bonheur! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu'il trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on n'est pas trop exigeant. Moi, je veux tout, tout de suite, - et que ce soit entier, - ou alors je refuse! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d'un petit morceau si j'ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite - ou mourir.
Afficher en entierUne fille! Ai-je assez pleuré d'être une fille!
Afficher en entierCréon: L'orgueil d'Oedipe. Tu es l'orgueil d'Oedipe.
Afficher en entierCréon:C'est facile de dire non!
Afficher en entierCréon: Un matin je me suis réveillé roi de thèmes et dieu sais que j'aimais autre chose dans la vie que gouverner.
Antigone: Il fallait dire non alors!
Créon: J'aurais pu. Mais je me suis senti comme un ouvrier qui refuserait un ouvrage.
Afficher en entierCréon: Mais il faut pourtant bien qu'il y en ai qui disent oui! Il faut pourtant bien qu'il y en ai qui mène la barque!
Afficher en entier'' Je suis trop seul et le monde est trop nu si je peux plus t'admirer ''
P104
Afficher en entier