Arabesque sur le lac blanc

Prologue

« Chère maman,

Je sais que je vais te causer un choc, mais je suis mariée. Je suis devenue madame Mathieu Goddard, dans une drôle de vieille mairie, à Deadwood, vendredi dernier à quatorze heures. La cérémonie a été charmante. Je craignais qu’un mariage civil ne soit un peu froid, mais pas du tout, et j’en chérirai le souvenir toute ma vie. Les mots sont impuissants à décrire mon bonheur et mon amour pour Mathieu. Quand tu le connaîtras, tu l’aimeras, j’en suis sûre.

J’ai abandonné l’université. N’en sois pas trop déçue. Je n’ai plus envie d’être ingénieur. Mon seul but est Mathieu, mon amour pour lui, et notre vie commune.

Je t’écris d’un ravissant petit chalet, à Hisega, près de lacs splendides, gelés en ce moment. Il y a un ruisseau à quelques mètres de notre porte, et ce matin j’ai vu un castor. Ensuite, nous sommes allés nous promener. Une biche s’est arrêtée à un mètre pour nous regarder, comme si elle voulait nous transmettre un message. Mathieu affirme comprendre le langage muet des animaux. Elle disait : « Vous serez très heureux ensemble. Votre amour grandira tous les jours de votre vie ». N’est-ce pas magnifique ?

Mathieu est merveilleux. La vie dans les Black Hills aussi. Quel bonheur de m’être inscrite à l’université ici ! Sinon je n’aurais jamais connu mon Mathieu…

Le feu flambe dans la cheminée. Mathieu fait cuire du popcorn et chauffer du chocolat. Il neige. Nous nous sommes battus à coups de boules de neige, cet après-midi, comme des enfants.

Je t’écrirai plus longuement plus tard. Sois contente pour moi, je t’en prie. Je ne croyais pas possible d’être aussi heureuse.

Je t’embrasse tendrement.

Jilliane. »