Extraits

J'avais toujours eu trop peu. J'avais toujours aimé trop fort. Et j'avais toujours trop perdu.

Les gens changent. Les enfants grandissent.

- Tu as envie d'en parler ?

- Non.

- Tant mieux parce que je n'ai pas envie de savoir.

Ça rapproche. Le sexe, la violence, la mort.

Ce n'était pas pour rien que je n'étais pas très sociable ; non seulement je voulais limiter le nombre de gens susceptibles de me nuire, mais aussi le nombre de gens à qui je risquais de nuire.

Elle en aurait eu, des choses à raconter, je me disais, et je savais parfaitement ce qu'elle ressentait.

L'existence suit son cours. Il faut seulement se cramponner.

Les bébés ne sont pas livrés avec le mode d'emploi.

"Le mariage ? répéta-t-il.

- A l'automne. Quand les feuilles changent de couleur. Ce serait joli, je pense.

- Je suis concerné ?

- Je me disais que je serais la fille en blanc ... Enfin, bon, en ivoire, et que toi tu serais le garçon en pingouin."

Il hocha lentement la tête.

"Est-ce qu'il faut que je te demande comment tu en es arrivée à cette décision ou juste que je te passe la bague au doigt avant que tu changes d'avis ?

- Bon, ça risque de nous prendre quelques semaines pour trouver la bague...

- Tais-toi. Ne bouge pas."

[...]

Alex revint, avec un écrin bleu qui ne pouvait pas être autre chose.

"Non ! s'exclama D.D. en écarquillant les yeux.

- Quatorze mois. Ça fait quatorze mois que j'attends. Je t'ai déjà dit à quel point tu pouvais être têtue, agaçante, totalement exaspérante ?"

Le cœur de D.D. battait de nouveau à tout rompre.

"Pas le genre de compliments auquel je m'attendais pour une demande en mariage."

Quand il la vit, son regard bleu s'illumina et un sourire épanoui lui plissa le coin des yeux.

D.D. chancela. Elle voulut faire un pas et manqua littéralement de tomber. Parce que là, au beau milieu de ce restaurant bruyant et noir de monde, elle réalisait que le plus bel homme de la salle était à elle. Qu'il lui souriait. Qu'il attendait patiemment, avec leur bébé et ses parents, pour elle.

Et ça la terrifia parce que chaque once d'amour qu'elle éprouvait pour lui s'accompagnait aussi, comme un amoncellement de nuages noirs qui cacherait le soleil, du sentiment qu'elle n'était pas digne de lui. Qu'un homme aussi séduisant, doué et intelligent, avait plus sa place avec des gens comme ses parents qu'avec une femme comme elle.