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« C’est sérieux, a repris J.T. Il faut que tu frappes pour toi-même. Que tu prennes cette colère, cette honte, ce silence, et que tu t’en fasses une arme. Il faut que tu saches, Charlie, il faut que tu sois intimement persuadée que ce n’est pas normal qu’on te maltraite. Tu ne mérites pas d’être punie. Si on t’agresse, tu ne l’acceptes plus, tu rends les coups.
– J’essaie.
– Mon œil ! Tu hésites. Dans un coin de ta tête, tu es conditionnée pour attendre que ça passe et que la punition s’arrête. Écoute, je peux t’apprendre à tirer. Dick peut t’apprendre à frapper. Mais aucun de nous ne peut te désapprendre à être la victime de ta propre vie. C’est à toi de le faire. À toi de le vouloir. »
Le rouge aux joues, je me sentais réprimandée comme une gamine qui n’aurait pas fait ses devoirs. Je ne voulais pas être passive. Je voulais être une terreur. Et pourtant, quand ses mains s’étaient nouées autour de ma gorge… quand il m’avait attaquée par-derrière…
J’avais eu le sentiment que je le méritais. J’avais été méchante et je méritais ma punition. Réaction conditionnée de tous les enfants maltraités du monde. Nous grandissons, mais aucun de nous n’y échappe jamais.
« Mourir pour quelqu’un d’autre est facile, murmurait J.T. comme s’il lisait dans mes pensées. Vivre pour soi-même, c’est ça, le défi. Mais il faut le faire, Charlie. Respecte-toi. Défends-toi. Bats-toi pour toi-même. »
Afficher en entierLes filles, dès l’âge de huit ans, se posent déjà trop de questions sur la finesse de leur taille et s’inquiètent à l’idée d’avoir cette culotte de cheval tant redoutée. Nous ne pensons pas à prendre du muscle, mais en permanence à ne pas prendre de poids.
Afficher en entierSe méfier des inconnus. Sa mère le lui avait dit. Dans la vraie vie comme sur les ordinateurs. Si quelqu’un lui écrivait par messagerie instantanée, il ne devait en aucun cas répondre, mais immédiatement aller chercher sa mère. Si on lui envoyait un fichier joint, il ne devait en aucun cas l’ouvrir. Ce fichier risquait de contenir un virus qui détruirait leur ordinateur déjà mal en point. Pire, ce pouvait être des images malsaines, pas convenables pour les enfants.
Afficher en entierJe ne comprends pas, intervint de nouveau sa mère.
– Je suis au milieu d’une grosse affaire, des meurtres en série. Il vient d’y en avoir un autre. Il faut que j’y aille.
– Mais… Mais… tu viens d’arriver.
– On a dû oublier de prévenir l’assassin.
Afficher en entierLa paternité se limite pour lui à un don de sperme. On rencontre une jolie jeune fille, on la met en cloque. Si elle est assez jeune, assez jolie, assez refaite, on peut même aller jusqu’à l’épouser. Jusqu’au jour, naturellement, où une nouvelle mignonne se présente ; auquel cas : hé, il n’est qu’un homme, c’est plus fort que lui.
Afficher en entierSes mains tremblaient. Si je paraissais plus dure que dans ses souvenirs, elle-même semblait plus vieille. Comme si le long hiver lui avait en partie ôté la volonté de se battre.
Afficher en entier– Je vais t’en donner une autre, de réalité : le secret dans ce métier, ce n’est pas la quantité de travail, c’est la qualité.
– Est-ce que c’est une façon polie de me dire que j’ai moins d’expérience que toi ?
– Parfaitement.
Afficher en entierParfois, même à vos meilleures amies, même à vos sœurs d’élection, qui rient et pleurent avec vous, qui connaissent le moindre détail de votre premier béguin comme de votre dernière peine de cœur, vous ne pouvez quand même pas tout raconter. Même les meilleures amies ont leurs secrets.
Afficher en entierVous savez quoi ? Même la neige est horrible à voir dans les quartiers de logements sociaux. Les montagnes où j'avais vécu, Harvard Square où je vivais à présent, se recouvraient sur des kilomètres d'un molleton de neige blanche à la Norman Rockwell. Pas ici. Dans cette partie de la ville, la neige n'est plus qu'une forme d'ordure comme une autre. Grise, sableuse, criblée de flaques de pisse de chien jaunâtre et hérissée de déchets - pailles, couvercles de gobelets de soda, mégots de cigarette. Devant cette neige, on ne pense pas illuminations de Noël, joyeux feux de cheminées ou tasses de chocolat chaud. Quand on passe devant ces amas, on se dit que même Dame Nature est une fieffée salope.
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