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– Oui, ce n’est pas impossible, Heron. Mais je ne suis pas certaine que nous y puissions grand-chose.
Il reste silencieux un bon moment mais je comprends à son regard qu’il cherche soigneusement ses mots.
– Søren est peut-être au courant de quelque chose. Les berserkers, la folie des mines… Et ce qui est peut-être arrivé à Leonidas.
– Non, réponds-je en secouant la tête. Effectivement, il a utilisé les berserkers, mais sans être bien renseigné sur la question.
– Mais tout de même, ce n’est pas complètement absurde, insiste-t-il avec une nuance de désespoir dans la voix.
– Heron, je t’assure que ce n’est pas une bonne idée que j’aille lui parler. Mais si toi, tu le lui demandes…
– J’ai essayé. Il ne veut pas me parler.
Afficher en entierJ’enfile les bottes dont Dragonsbane m’a fait cadeau. Elles font une pointure de trop et me donnent une démarche peu discrète : mais puis-je me plaindre ? D’autant que, contrairement à Blaise, on ne m’a assigné aucune tâche sur le navire. Hier, pendant la visite guidée du Fumée, Dragonsbane m’a expliqué que chacun à bord avait sa part de corvées journalières, ce qui payait le toit et le couvert. Heron travaille plusieurs heures par jour aux cuisines et Artemisia est de corvée de voiles. Ici, même les enfants travaillent : ils servent l’eau à table ou font office de coursiers.
J’ai demandé à ma tante ce que je pouvais faire pour me rendre utile. Elle s’est contentée de me sourire en me tapotant la main non sans condescendance.
– Tu es notre princesse. C’est en cela que tu nous es vraiment utile.
Je suis votre reine, aurais-je voulu lui dire. Mais mes lèvres n’ont pas réussi à articuler ces quatre mots.
Lorsque je parviens sur le pont, le soleil, ô surprise, est déjà haut dans le ciel et sa lueur est presque aveuglante. Combien de temps ai-je dormi ? Il ne doit pas être loin de midi. Le pont fourmille d’activité. Je cherche un visage familier, en vain : tous me sont inconnus.
Afficher en entierSøren : mieux vaut ne pas s’attarder trop longtemps sur son cas. Il est vivant, il n’est plus en danger : pour l’heure, je ne peux rien faire de plus pour lui. C’est plus qu’il ne mérite après la manière dont il s’est comporté à Vecturia. Ses mains portent la trace de tant de sang qu’elles ne retrouveront jamais leur pureté.
Les tiennes sont si propres que cela, Theo ? murmure une voix dans mon esprit.
On dirait celle de Cress.
Afficher en entierAlors je prends sa main, et elle me conduit vers le fond de la mine.
Afficher en entierAujourd'hui, nous allons nous remettre debout, tous. Et nous allons prouver aux Kalovaxiens qu'ils ont eu tort de nous considérer comme de faibles agneaux.
Afficher en entierDeux mots, une prière, une promesse dont je veillerai à ce qu'elle soit exaucée.
Afficher en entierMa mère était là reine de la paix, mais la paix ne suffit pas. Je suis bien placé pour le savoir.
Afficher en entierLe soleil n'est encore qu'une mince lame de feu à l'horizon lorsque je me présente devant les troupes amassées sur le rivage. Je me sens si petite. Mais je dois ne rien en laisser paraître. Je me redresse de toute ma taille et passe mes troupes en revue du regard comme si j'étais réellement digne de les commander. Je m'éclaircis la voix, parlerai avec assurance, comme il sied à une reine. Digne de la loyauté de ses soldats.
- Je veux rentrer à la maison, je commence par déclarer. Je sais que vous n'avez pas d'autres souhait, quelle que soit votre patrie. Je sais aussi que nombre d'entre vous n'ont plus de maison, plus de foyer, que les Kalovaxiens ont tout détruit de vos villages, qu'ils ont rasés et rendus inhabitables. L'exemple de Goraki nous montre qu'on peut survivre à un siège. Que les pays peuvent renaître de leurs cendres. Et j'offrirai un nouveau foyer en Astrée à tous ceux qui on perdu le leur.
Je m'interromps un moment.
- Aujourd'hui commence le premier jour de notre reconquête. Aujourd'hui, nous pouvons dire aux Kalovaxiens qu'il est fini, le temps où nous nous laissions piétiner par eux. Ils nous ont trop pris. Ils ont détruit un trop grand nombre de nos compatriotes. Aujourd'hui, nous leur disons : Assez. L'heure de la vengeance à sonné.
Des hourras se font entendre partout dans la foule des soldats. Je redresse le menton, poings serrés. Et me remets à vociférer :
- Aujourd'hui, nous allons leur montrer de quel métal nous sommes faits. Pour Astrée. Et pour Goraki, pour Yori, pour Manadol, pour Tiava, pour Rajinka et pour Kota. Aujourd'hui, nous allons nous remettre debout, tous. Et nous allons prouver aux Kalovaxiens qu'ils ont eu tort de nous considérer comme de faibles agneaux.
Cette fois-ci, les troupes exultent et leurs acclamations sont assourdissantes.
Afficher en entier– Tu n’as donc rien appris de ces légendes des dieux que nous aimions tant, enfants ? Theo, tu n’as jamais remarqué leur point commun ?
– Des monstres ? je demande en secouant la tête. Des héros, des prouesses téméraires et un peu niaises ? Le fameux « Ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants » ?
– Non, le sacrifice, Theo. Les héros ne gagnent jamais la partie sans sacrifier ce qu’ils aiment.
Afficher en entier~ Prologue ~
Astrée ne peut survivre que par la paix. C’est ce que ma mère m’avait enseigné autrefois. Nous n’avions nul besoin d’armées nombreuses, disait-elle, nul besoin de contraindre nos enfants à devenir des guerriers. Nous ne courtisions pas la guerre, contrairement aux autres pays, si enclins à s’approprier plus de terres qu’ils n’en avaient la nécessité. Astrée se suffisait à elle-même, ajoutait-elle.
Jamais elle n’aurait imaginé que la guerre vienne à nous, que nous le voulions ou non. Elle a vécu juste assez longtemps pour constater à quel point la paix échouerait à nous défendre des épées de fer forgé des Kalovaxiens et de leur brutale avidité.
Ma mère était la reine de la paix, mais la paix ne suffit pas. Je suis bien placée pour le savoir.
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