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Non sans une visible fierté, elle tapota l'épaule de la jeune fille qui venait de prendre pied sur le plancher ciré. Adel dévisagea cette dernière avec curiosité : de dexu ou trois ans son aînée, elle était de petite taille, les poignets fins, le visage étroit en mobile. Ses cheveux auburn étaeint en partie cachés par un bonnet de lingerie, et ses grands yeux verts riaient.
Afficher en entierNon sans une visible fierté, elle tapota l'épaule de la jeune fille qui venait de prendre pied sur le plancher ciré. Adel dévisagea cette dernière avec curiosité : de dexu ou trois ans son aînée, elle était de petite taille, les poignets fins, le visage étroit en mobile. Ses cheveux auburn étaeint en partie cachés par un bonnet de lingerie, et ses grands yeux verts riaient.
Afficher en entierMaîtresse Inge n'entendait pas se laisser distraire de ses préoccupations. Qu'importait que la chair des harengs apprêtés par la vieille Neeltje fût grasse et blanche à souhait sous une peau croustillante ! La brave femme avait à peine touché à son assiette. Quant à son époux, il ne montrait finalement guère plus d'appétit et émiettait sur la nappe une boule de pain noir.
Afficher en entierLa porte se referma avec un claquement sec ; la clef tourna dans la serrure. Adel se précipita vers les fenêtres, mais elles étaient garnies de barreaux de fer épais comme le bras. Il n'y avait aucune issue.
"La cheminée ! Elle ne sert jamais, M. Rancune trouve que le charbon et le bois coûtent trop cher. Elle n'a pas été nettoyée depuis des siècles... Mais les anciens propriétaires étaient peut-être mioins rapiats, et on fixe toujours des pitons dans le conduit, pour les ramoneurs !"
Piétinant les flauqes de porridge figé, Adel se glissa dans l'âtre vide et, les bras levés, tâta le mur jusqu'à ce qu'elle sente sous ses doigts le premier piton. Elle s'y accrocha de tout son poids ; il semblait solide. Mais les autres ? Résisteraient-ils, ou le temps et l'humidité les avaient-ils descellés ? Elle imagina la chute dans le conduit noir de suie... Elle se romprait le coue, c'était sûr, si elle tombait d'une telle hauteur.
"Eh bien, si je me tue, M. Legroin en sea pour ses frais. Du courage, ma petite. Qui ne risque rien n'a rien".
Afficher en entierSale voleuse ! Je le savais !
Sven bondit sur la fillette, lui immobilisant les deux bras. Elle se débattit.
- Lâche moi, idiot! Je ne suis pas une voleuse!
- Ah oui? ricana-t-il. Alors pourquoi farfouillai-tu dans la tiroir où fröken Jonsdotter garde l'argent du ménage ?
- Je l'ignorais !
- A d'autres! Et n'essaie pas de me griffer, saleté ! Je vais te ligoter à ce chaise, puis j'irai prévenir les konstapel. La maison de correction , voilà ce qui t'attend !
Adel vit rouge. Être à nouveau enfermée, houspillée, contrainte -pas question ! Elle gigota de plus belle, mais le garçons était solide et rompu au travaux de force: il ne relâcha pas sa prise. Elle essaya de lui donner des coups de pied par-derrière, qu'il esquiva en riant de plus belle.
Afficher en entierSes trouvailles, en matière de châtiments, étaient même si raffinées, si méthodiquement cruelles, que les enfants qui avaient la malchance de vivre entre les murs sombres et suintants du 8 de la rue Pissevieille s'éparpillaient à son approche comme une bande de moineaux effarouchés. Hélas, il n'était jamais possible d'aller bien loin ; et si vous aviez commis un crime capital (par exemple, vous plaindre de la nourriture infâme, courir dans un couloir ou vous pencher à l'une des fenêtres dans l'espoir de respirer un peu d'air frais), vous risquiez de vous retrouver enfermé dans une lessiveuse avec un tas de chaussettes sales ou, pire, à genoux sur une règle en fer, dans une posture humiliante et douloureuse. Ce qui aurait paru une véritable bagatelle s'il n'avait fallu écouter, pendant les deux heures jugées suffisantes pour purger votre esprit de toute mauvaise intention, la lecture d'un opuscule au titre évocateur : De l'éducation des orphelins et de la meilleure manière de remédier aux tares causées par l'atavisme et les mauvais exemples, de J. M. Rancune, fondateur-bienfaiteur de l'institution Sainte-Frédégonde. Ce fondateur avait rejoint ses ancêtres bien des années auparavant, mais ses principes, hélas, lui avaient survécu. Son petit-fils, J. E. Rancune, assisté de l'infatigable Mlle Lelonbec, veillait à ce qu'ils fussent appliqués, de jour comme de nuit.
Afficher en entierAdel ! Viens tout de suite ! Je te l'ordonne, tu entends, je te l'ordonne ! Sors immédiatement de ta cachette ou je te...
Afficher en entierParis, novembre 1863
- Adel ! Viens tout de suite ! Je te l'ordonne, tu entends, je te l'ordonne ! Sors immédiatement de ta cachette ou je te...
La voix aigre et criarde de Mlle Lelonbec marqua une pause, comme si la vieille mégère peinait à imaginer une punition appropriée à l'indiscipline de sa pupille. Et pourtant, la directrice adjointe de l'orphelinat Sainte-Frédégonde ne manquait pas, dans ce domaine, d'un certain talent. Ses trouvailles, en matière de châtiments, étaient même si raffinées, si méthodiquement cruelles, que les enfants qui avaient la malchance de vivre entre les murs sombres et suintants du 8 de la rue Pissevieille s'éparpillaient à son approche comme une bande de moineaux effarouchés. Hélas, il n'était jamais possible d'aller bien loin ; et si vous aviez commis un crime capital (par exemple, vous plaindre de la nourriture infâme, courir dans un couloir ou vous pencher à l'une des fenêtres dans l'espoir de respirer un peu d'air frais), vous risquiez de vous retrouver enfermé dans une lessiveuse avec un tas de chaussettes sales ou, pire, à genoux sur une règle en fer, dans une posture humiliante et douloureuse. Ce qui aurait paru une véritable bagatelle s'il n'avait fallu écouter, pendant les deux heures jugées suffisantes pour purger votre esprit de toute mauvaise intention, la lecture d'un opuscule au titre évocateur : De l'éducation des orphelins et de la meilleure manière de remédier aux tares causées par l'atavisme et les mauvais exemples, de J. M. Rancune, fondateur-bienfaiteur de l'institution Sainte-Frédégonde. Ce fondateur avait rejoint ses ancêtres bien des années auparavant, mais ses principes, hélas, lui avaient survécu. Son petit-fils, J. E. Rancune, assisté de l'infatigable Mlle Lelonbec, veillait à ce qu'ils fussent appliqués, de jour comme de nuit.
- Adel !
Afficher en entier- Sale voleuse ! Je le savais !
Sven bondit sur la fillette, lui immobilisant les deux bras. Elle se débattit.
- Lâche moi, idiot! Je ne suis pas une voleuse!
- Ah oui? ricana-t-il. Alors pourquoi farfouillai-tu dans la tiroir où fröken Jonsdotter garde l'argent du ménage ?
- Je l'ignorais !
- A d'autres! Et n'essaie pas de me griffer, saleté ! Je vais te ligoter à ce chaise, puis j'irai prévenir les konstapel. La maison de correction , voilà ce qui t'attend !
Adel vit rouge. Être à nouveau enfermée, houspillée, contrainte -pas question ! Elle gigota de plus belle, mais le garçons était solide et rompu au travaux de force: il ne relâcha pas sa prise. Elle essaya de lui donner des coups de pied par-derrière, qu'il esquiva en riant de plus belle.
-Je vais hurler, décida Adel. Les demoiselles seront alertées par le vacarme, elles viendront voir ce qui se passe. Peut-être m'écouteront-elles.
Elle ouvrait la bouche quand elle entendit Sven pousser un glapissement de douleur; au même instant, les mains qui la tenaient glissèrent de ses épaules. En se retournant, elle vit Aeilin debout à côté du peau à sel, une fourchette à la main. Elle venait d'enfoncer l'instrument dans les fesses de Sven et semblait fort contente d'elle-même.
Le garçons gémissait et la regardait, les yeux écarquillés.
- Un tomte, bégaya-t-il, un tomte !
- Exactement ! Vociféra la petite princesse. Et, comme tout les tomtes, je ne supporte pas l'injustice, Sven Gurnnasson ! Assieds-toi !
- Je... Je ne peux pas, fit l'interpellée, piteux. Tu ma fait mal !
- Tu l'as mérité! Ne bouge pas, je t'ai à l'oeil ! Et ouvre toutes grandes tes oreilles de benêt ! Ces deux hommes, à la Grue couronnée...
- Ses complices? interrogea l'apprenti justicier qui jeta à Adel un regard plein de ressentiment.
- C'est ce que tu crois, sot que tu es ! Âne bâté ! Oisillon sans cervelle !
'' Elle y va fort'' songea la fillette.
Mais Sven, fasciné et effrayé, avait perdu toute sa superbe et tremblait comme un marmot qui a vu un fantôme.
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