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ELEVÉE ENTRE 1160 ENVIRON ET 1220, à l'époque où Paris connaît un essor sans précédent et devient la capitale de la royauté capétienne, Notre-Dame figure aujourd'hui en tête des monuments qui assurent le succès touristique de la ville. Avant ou après le Louvre et la tour Eiffel, le visiteur pressé ne peut faire l'économie d'une étape au vénérable sanctuaire. Une fois ce pèlerinage effectué, il sera sans doute éclairé sur le premier art gothique, mais n'aura aucune idée précise de la place occupée par la cathédrale dans la cité médiévale, de cette massive silhouette émergeant avec démesure d'un agrégat de toits, comme on peut encore le voir à Laon ou à Strasbourg. Sur une vue panoramique de Paris peinte vers 1460 par Jean Fouquet, Notre-Dame apparaît ainsi, surplombant une masse de maisons serrées les unes contre les autres jusqu'à ses pieds. Qui contemple ce paysage ne peut manquer d'être frappé par l'étendue des changements apportés à l'île de la Cité sous le Second Empire. Les travaux d'urbanisme conduits à cette époque ont quasiment fait disparaître le lacis des rues et le semis d'églises médiévales du quartier, désenclavant la cathédrale, devenue un monument historique pour ainsi dire muséifié. Du coup, l'aspect de ce qui fut au Moyen Age le coeur de Paris a définitivement été gommé. Avec son vaste parvis bordé d'édifices du XIXe siècle (l'Hôtel-Dieu et l'actuelle préfecture de police) et ses abords dégagés, Notre-Dame et son environnement actuel évoquent surtout le Paris haussmannien.
Un développement sans précédent
Malgré les transformations drastiques de son environnement originel, Notre-Dame reste le vestige le plus éloquent du passé médiéval de Paris. Elle est contemporaine de la phase de croissance la plus spectaculaire que la ville ait connue pendant ce millénaire décisif pour son développement. De Clovis à François Ier, Paris a subi bien des transformations qui ont progressivement fait d'elle une très grande ville et lui ont apporté les principales articulations que nous lui connaissons aujourd'hui.
En l'espace de mille ans, la constitution et les accroissements successifs et inégaux des tissus urbains situés sur les deux rives de la Seine ont changé en profondeur sa physionomie. Tout au long de la période, le noyau de la ville, l'île de la Cité, est resté un lieu de peuplement permanent, abritant en ses deux extrémités les principaux centres des pouvoirs politique et religieux : le palais de la Cité et la cathédrale, siège de l'évêque.
L'île de la Cité est devenu un point privilégié de franchissement du fleuve favorisant le développement du site de Lutèce depuis la plus haute Antiquité. Cet espace limité n'offrant toutefois aucune possibilité d'expansion, la ville s'est étendue sur la rive gauche dès l'époque romaine.
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